SOPRANO AUX COMORES POUR LES OBSEQUES DE SON PERE L’arrivée inattendue ce dimanche aux Comores de Soprano pour les obsèques de son pè...
SOPRANO AUX COMORES POUR LES OBSEQUES DE SON PERE
L’arrivée inattendue ce dimanche aux Comores de Soprano pour les obsèques de son père (qu’Allah lui accorde sa Miséricorde), a fait la Une de la blogosphère comorienne qui a diffusé les images de l’arrivée de l’artiste mondial à l’aéroport et lors des funérailles dans son village. Les nombreux messages de condoléances de ses fans relayés par la toile, lui ont témoigné affection et soutien.
Que dans le contexte actuel de crise sanitaire mondiale du Covid-19 où la plupart des pays sont en confinement, un tel déplacement depuis la France surprenne, quoi de plus normal. Que les faits et gestes d’un artiste de la trempe de Soprano, débordent le cadre privé et deviennent un événement majeur que la presse et les réseaux sociaux s'en emparent, n'est pas exceptionnel.
Toutefois, dans les circonstances présentes, une telle personnalité ne pouvait rompre son confinement, voyager jusqu’aux Comores à 10.000 kilomètres de son domicile, sans obtenir toutes les garanties et disposer de la part des autorités sanitaires et de l’aviation civile françaises et internationales, toutes les autorisations nécessaires pour un tel trajet. Par ailleurs, les dispositions officielles prises pour son accueil à son arrivée aux Comores, prouvent que les autorités comoriennes étaient non seulement averties mais ont donné leur total accord.
Seul l’artiste saura apprécier le besoin ou pas de rassurer ses fans, nombreux dans son pays d’origine et l'indulgence envers ceux qui cherchent à comprendre la marche du monde dans ce contexte de pandémie. Mieux encore, une telle dérogation peut laisser penser que la situation sanitaire des Comores présenterait moins de risques. Ce qui serait un signe encourageant.
Cette exception permet cependant de soulever la dimension psycho-affective des familles qui perdent un être cher dans ce contexte de pandémie. Une dimension essentielle de toute vie en société et qui ne paraît pas être correctement prise en compte dans les mesures barrières de la lutte contre le coronavirus. Il s’agit de l’absence de différenciation entre les décès dus au Covid-19 et ceux causés par d’autres pathologies.
Les nombreux décès intervenus ces dernières semaines notamment à Ngazidja, ont traumatisé, voire culpabilisé plusieurs familles du fait du climat de suspicion généralisée qui ne permet pas la différenciation entre deux situations complètement différentes. Conséquences d’une part, du fatalisme social qui interdit d’interroger les causes des décès au nom du destin et d’autre part, de l’absence d’obligation juridique de disposer d’une attestation de décès dûment établi par un médecin, certaines dépouilles sont littéralement arrachées de leur lit et inhumées dans des conditions traumatisantes, laissant des familles bouleversées et dépossédées de la possibilité d’assurer un rituel minimum à leurs proches.
Cette association aveugle des victimes du Covid-19 et des autres cas de décès « naturels », amplifie non seulement le climat de confusion ambiant, mais prépare une situation traumatique post-crise. Les réactions plus ou moins délirantes qui ont suivi la mort brusque du président de la Ceni, sont révélatrices des dérives en lien avec cette absence de discernement. Or, face à toutes les épreuves, la seule vraie victoire est celle qui renforce les valeurs humaines.
Eddine Mlivoidro
Titre et photo ©La rédaction
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