Les vertus de la transparence en temps de pandémie : Rassurer la population en leur montrant qu’il y des choses qui se font même si c...
Les vertus de la transparence en temps de pandémie :
Rassurer la population en leur montrant qu’il y des choses qui se font même si c’est insuffisant.
Obtenir l’adhésion (alignement) de la population dans les mesures prises.
Obtenir des feedbacks des autres parties prenantes (journalistes, professionnels…) pour s’améliorer
Montrer aux partenaires là ou se situent les vrais besoins.
Fournir les statistiques pour orienter les stratégies de lutte contre la pandémie.
Mettre fin à la désinformation et à la spéculation
Sauver des vies. Le plus important car on prend davantage conscience de la présence du danger
Concrètement cela signifie :
1) Commencer par mettre fin à cette culture de dissimulation, de déni et de menace. Cette culture a créé un climat de peur tel que des médecins se sont menti à eux même et à la population. Ce faisant, ils ne se sont pas protégés en exigeant qu’on leur fournisse les équipements de protection personnelle (EPP) que l’État doit obligatoirement fournir. Ce faisant ils ont favorisé la propagation de la pandémie en ne créant pas des zones froides (patients sans COVID), des zones tièdes (patients potentiellement COVID) et des zones chaudes (patients COVID). Ces catégories de patients étaient mélangées et cela a favorisé la diffusion du virus.
C’est ce climat de peur qui a poussé le directeur de la santé à venir raconter des monstruosités devant les comoriens. Le ridicule se caractérise quand Azali vient dire le contraire(présence du COVID en Union des Comores) deux jours plus tard.
Le COVID est une pandémie qui touche, par définition, tout le monde. Un régime (même celui de Moroni) n’est pas responsable de son arrivée mais il peut être responsable (accountable) s’il ne créée pas un climat favorable à une meilleure gestion. De grâce, faites cesser ce climat de peur. Instaurer un climat de pédagogie et de collaboration. Durant cette période, tous les enfants du pays devraient se sentir à l’aise d’apporter leur contribution (temps, idées, argents, respects des consignes…). Ce pays est rempli de talents, vous ne pouvez pas savoir.
2) Leadership (légitimité, crédibilité et consensus). Voilà les critères de l’homme ou de la femme (de préférence) qui devrait être à la tête de la coordination de lutte contre la pandémie. A ce jour, il n’y pas encore cette personne qui incarne la gestion de la pandémie en Union des Comores. De grâce, mes propositions faites précédemment sur cet aspect visent à professionnaliser la gestion de la crise et àcréer une alliance, une coalition et une union entre la population et les autorités pour qu’ensemble nous fassions face à la pandémie.
Azali, je sais que vous me lisez. De grâce, Msaidié ne devrait pas s’occuper des aspects de santé liés à la pandémie et ce avec tout le respect que je luis dois. D’abord Msaidié n’est pas de culture médicale. Il n’a donc ni la crédibilité ni la légitimité pour une telle responsabilité. Par-dessus tout, il n’est pas un homme de consensus. C’est un homme politique qui incarne aux yeux de certains, la polarisation et l’éclatement de la société comorienne. Tout ce qu’il dira va susciter de la méfiance. Vous pouvez lui laisser les aspects économiques, car malgré ce que je viens de dire, il est un des rares à oser vous dire la vérité. Cette vérité que certains, par peur, vous ont sciemment cachée.
Le directeur de la commission scientifique, le directeur de la santé et la ministre de la santé n’ont pas montré à ce jour le leadership qu’on attendait légitimement d’eux. Au contraire ils ont été d’une inertie dans la prise de décision. Ils se sont opposés par exemple à l’acquisition d’une capacité de dépistage au tout début. A ce propos, je recommande le limogeage et l’inculpation du directeur de la commission scientifique pour négligence criminelle (je rêve mais je suis un rêveur c’est pour ça je n’abandonne jamais. I don’t take no for an aswer!). Les Comores avaient la possibilité d’acquérir une capacité de dépistage sur l’ensemble des trois iles indépendantes au tout début du mois d’avril mais cette possibilité n’a pas été exercée par l’actuel directeur de la commission scientifique. Pour cela, il doit partir et s’expliquer.
Le leadership doit aussi se manifester au niveau des entités (Samba, Elmarouf, INRAP…)
3) Chiffrer objectivement les indicateurs de la pandémie(nombre de décès, de cas, de tests, d’hospitalisation, de réanimation, couverture géographique, revenu en amendes, nombre de militaire déployés, nombre de quarantaine…). Les comoriens doivent être mis au courant de ces indicateurs de façons transparente et réaliste. La responsabilité du dénombrement doit revenir à la personne légitime et crédible qui sera désignée.
Entourée par une équipe compétente, elle saura utiliser les outils statistiques disponibles pour reconstituer ces chiffres. Le principal avantage de chiffrer objectivement les indicateurs est de pouvoir adopter la bonne stratégie (Assouplir ou accentuer les restrictions, Isoler telle ou telle région géographique…) suite à une évaluation du risque spécifique (tranches d’âges, patients chroniques…)
Dire qu’il n’y a qu’un décès alors que tous les jours on enterre des morts dans nos villes et village ne contribue pas à rassurer la population car contraire à la réalité. Les comoriens sont musulmans, ils sont préparés à faire le deuil pourvu qu’on ne leur ment pas en plein ramadan. Une mort expliquée aide à faire le deuil contrairement à une mortdont la cause est dissimulée.
Les arrestations et harcèlements de la PIGN sont ressentispar la population comme un outil de raquette et de collectes de fonds au profit du régime sans valeur ajoutée dans la lutte contre la pandémie. Soyez audacieux en mettant fin à ce système et en remettant les sommes collectées directement et sous forme de primes aux professionnels directement impliqués dans la lutte du COVID (médecins, infirmiers, ambulancier, laborantins…).
4) Communiquer et Communiquer de façon formelle par une conférence de presses quotidienne et par des visites guidées des journalistes dans les lieux d’intérêts (Samba, INRAPE…)
a) Conférence de presse formelle : Il ne s’agit pas ici de copier tel ou tel pays, mais d’organiser une rencontre dans des conditions sécuritaires et localement spécifiques entre la personne légitime et crédible et la presse. Cette personne devrait prendre l’initiative de communiquer les chiffres du jour et prendre le devant au lieu d’attendre les tirs pour ensuite se fâcher et prendre la fuite. Le régime a tout intérêt à ce que les faits et les chiffres soient communiqués.
On apprendrait par exemple que les sommes annoncées par les différents donateurs sont des promesses et non de l’argent liquide versé au trésor public. On indiquerait par exemple l’allocation des EPP fourni par les chinois. Il n’y pas de honte à dire à un journaliste que je n’ai pas la réponse à votre question mais je m’engage à aller chercher la réponse et vous la fournir plus tard. Cette humilité est le propre de la science, de la foi et de la responsabilité. A partir de cette rencontre formelle ouverte à toutes et tous, l’information serait diffusée pour donner le portrait de la pandémie aux comoriens.
b) Ouvrir l’INRAP : le thermocycler (équipement de PCR) installé dans ce laboratoire est devenu un objet mystérieux. Fonctionne ou fonctionne pas. Combien de tests. J’invite le directeur de l’INRAP à ouvrir le laboratoire à la presse pour une visite guidée. Il a reçu un équipement dont il ignore complètement l’origine. Il doit se montrer reconnaissant. Il a tout à gagner car il pourra montrer à la presse que les hommes et les femmes qui opèrent ce laboratoire sont bien qualifiés (formées par exemple chez Raoult à Marseille). C’est l’occasion de mettre en valeur ces hommes et ces femmes qui travaillent dans un climat politique explosif.
C’est l’occasion pour lui de répondre aux questions liées à la traçabilité des échantillons. C’est l’occasion de montrer combien d’échantillon (16) on peut tester par cycle de PCR avec cette machine (modèle : Korean KH MedicalRADI COVID-19 Kit). C’est l’occasion de montrer que cette machine (sans être la machine idéale qu’on aurait voulu pour cette pandémie) a obtenu une homologation, c’est l’occasion de donner le prix de la machine qui n’est pas, (selon ce que je sais, très limité je dois l’avouer) si exorbitant considérant la demande actuelle et le fait que ce coût inclut des consommables extrêmement cher et rare en cette période. Autant de questions légitimes qui méritent des réponses sérieuses.
c) Ouvrir les centres de prises en charge: l’association des journalistes devrait désigner deux ou trois collègues pour les représenter dans une visite guidée des centres d’opération (centre du 1717, Samba, Elmarouf…). Ces journalistes avec une éthique et dans le respect des règles de déontologies médicales et journalistiques seraient les yeux de la population. Beaucoup de chose se disent et s’écrivent au sujet de ces centres. Cela crée un sentiment de peur qui dissuade certaines personnes à s’y faire prendre en charge. Certaines personnes préfèrent mourir à domicile au lieu d’être prise en charge dans ce centre. Cela constitue une menace pour les familles de ces patients qui décèdent à domicile.
Ces visites seraient une occasion de reconnaitre le travail difficile et risqué des hommes et des femmes qui y travaillent. Une occasion de leur rendre hommage. C’est aussi une occasion d’en savoir davantage sur leurs conditions de travail, sur les capacités de prise en charge (lits, respirateurs, ratio personnel-patient, EPP, approvisionnement en eau, électricité, oxygène…). Une occasion de connaitre les protocoles thérapeutiques utilisés et leur fondement scientifique.
Par exemple le Dr Djabir a mentionné, dans une entrevue à Al-watwan, l’utilisation de d’Artequick comme traitement. Le comité scientifique n’a jamais publié les fondements de ce choix (bibliographie et note). Pourquoi ce choix, le comité a-t-il un mécanisme de veille pour intégrer les nouvelles connaissances dans ce domaine (comme les problèmesde coagulation qui sont rapportés). Il ne s’agit pas de remettre en cause le choix fait par l’équipe de prise en charge mais de les pousser à être encore meilleurs et efficace.
C’est d’autant plus vrai que le Dr Djabir semble indiquer que leur protocole fonctionne. Il ne s’agit pas de leur demander d’utiliser des antiviraux extrêmementcouteux et non disponibles mais d’obtenir quelques explications rationnelles pour mettre une dose de transparence dans la lutte contre cette pandémie.
En somme autant de gestes à poser pour favoriser la transparence, indispensable à une adhésion de la population pour que, ensemble, nous limitions les ravages de cettepandémie.
Pour finir, je tien à adresser un message de soutien et de solidarité aux hommes et femmes qui sont au front dans la lutte contre cette pandémie. J’invite le gouvernement à formaliser l’intégration dans la fonction publique de ces médecins et infirmiers qui exercent depuis des années dans la précarité à Elmarouf. Les menacer de radiation pour avoir réclamé ce droit est un mauvais signal à leur envoyer. Nous sommes dans la phase exponentielle de la courbe de la pandémie. Durant cette phase, prévenir (masques, distanciation, …) est la stratégie, dépister pour isoler est la clé et traiter tôt est la tactique. Pour cela nous avons besoin de tous ces médecins et infirmiers.
Dieu vous bénisses
Par Madi Aboubacar, MSc, MBA
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