Il me parait nécessaire, à la lumière des dernières évolutions de la situation locale, à Koimbani, de s’interroger sur la nécessité ou pa...
Il me parait nécessaire, à la lumière des dernières évolutions de la situation locale, à Koimbani, de s’interroger sur la nécessité ou pas, sur la pertinence ou la peine à se donner pour le combat mené, jusqu’ici contre la Société Sonolec. Tout a commencé, en effet un mercredi 13 mai 2020, lorsque des agents de la société nationale de l’électricité sont arrivés à Koimbani, au Carrefour de GTE pour la mise en place d’un interrupteur aérien, servant à couper mécaniquement l’électricité, en cas de nécessité (selon la version officielle de la société). Aussitôt arrivés, ces agents ont dû faire face à une résistance locale conduite par des jeunes de Koimbani pour lesquels cette nouvelle mise en place, la 5èmedu genre ne va pas de l’avantage de Koimbani. Aussitôt, l’information s’est rependue, et l’affaire prend d’autres allures.
Un conflit complexe, difficile à cerner et à gérer
De cette altercation est née une crise qui, du moins perdure, car, à cette date du 29 mai, elle est à son 16 ème journée sans qu’aucune issue ne soit ni trouvée ni en perspective. Ma préoccupation est double : au-delà du statu-quo qui s’y est installé depuis, le conflit ne risque-t-il pas d’engendrer d’autres crises prévisibles à notre porte ? – Ce qui est certain, les débats et commentaires, les prises de positions peu réfléchies et improvisation de discours sur la voie publique des uns et des autres nous tendent vers d’autres conflits complexes internes et régionaux que je crains incontrôlables dans un temps avenir. L’autre crainte, je la vois dans la capacité locale de gérer la crise, la pertinence du leadership à l’égard de ceux qui détiennent, aujourd’hui les manettes de la ville de Koimabani et l’héritage qui va avec.
Il faut savoir que tout conflit demande des négociations qui s’imposent. Et là où il y a négociations, il y a toujours concessions. Le temps compte car plus le conflit dure, moins on en tire avantage. Mais ce conflit est beaucoup plus complexe car il inclue trop de paramètres inconnus et imprévisibles. Il pose deux problèmes majeurs : d’une part, l’incapacité réelle de la société à nous servir. Ce problème-là est logiquement vu du cadre relationnel entre la société et ses clients. Il s’opère, d’autre part une tentation naturelle consistant à une appropriation communautaire du réseau par les populations, chacune dans son espace respectif.
La complexité du premier problème, c’est qu’il n’y a jamais eu lieu un vrai sursaut incarné par les clients consommateurs ni une vraie cause syndicale à cet effet. Est-ce le moment opportun ? - Si oui, ce n’est pas avec cette solution que nous allons en attendre une pour sortir de l’impasse actuelle. Si telles sont les aspirations des meneurs du combat actuel, tout chemin a un commencement. Peut-être que l’Histoire retiendra Koimbani comme élément déclic, cela relève du long terme. Nous avons dons un bon chemin à faire.
Il faut donc d’autres solutions qui incluent, d’abord un tempérament posé des uns et des autres parmi nous toutes et tous, le respect mutuel de chacun de nous et un rapport bilan global des atouts et inconvénients tirés de cette situation depuis. Car après tout, encore une fois, il va de notre mieux, de préserver l’image de notre ville, s’assurer d’une maitrise de soi pour être à la hauteur des enjeux actuels pour le leadership de Koimbani dans la région et en Union des Comores.
Mes chers frères de la cité,
Je sais que cette question relative à la distribution de l’électricité dans le pays nous hante les esprits en tant que consommateurs. Nous n’ignorons pas que la société nationale peine à assumer ses responsabilités depuis de très longues années. C’est dire que notre cause est légitime, mais qu’elle ne doit, surtout pas, en aucun moment être interférée, ni de près ni de loin.
Or, c’est ce risque qui me fait le plus peur. J’ai été parmi les premiers à décrier la société Sonolec, par rapport aux méthodes employées quant à l’implantation du fameux poteau en question. Mon inquiétude n’était pas liée à la mise en place du poteau (je l’ai toujours dit, cela relève d’une technique de la société), mais du fait que les rumeurs véhiculées ici et là ne soient pas source pour une communautarisation du conflit.
Préserver le statut de leadership de Koimbani, notre défi de l’heure
Il me semble hélas que les craintes que j’ai émises de bonheur ont été légitimes et restent d’actualité. Sinon, que comprendre du message adressé, il y a quelques jours au Directeur de Sonolec par une délégation de « Oichili-Yamboini et Dimani » se disant se désolidariser de la cause de GTE ? Quelle interprétation y donner si ce n’est pas une contre-offensif après avoir vu une « lettre ouverte à M. le Directeur général de la Sonolec » publiée le 26 mai dernier et signée « Les clients de la Sonelec ? » A ces sorties s’y est rajoutée une lettre virtuelle (la dernière en date du 26 mai aussi) que le site propagandiste Comoresinfos a relayée « Lettre ouverte à Monsieur Maoulana Charif ». Elle est signée par un « groupuscule » dit « Groupe de l’ombre pour la défense de Koimbani ».
Ces pratiques engageant Koimbani dans un front incontrôlable et un avenir incertain, il faut qu’elles cessent. Les improvisations des uns et des autres, chacun son discours alarmiste, il faut y mettre un terme, à moins que ce que l’on veut de Koimbani ne soit pas son bonheur, son harmonie sociale, sa paix interne et frontalière, et donc son statut de Chef-lieu.
Chers compatriotes,
Au vu de ces éléments, le caractère complexe de cette crise doit interpeller tout le monde pour faire face à ces enjeux qui se cachent derrière cette crise devant être vus de cette question de leadership de Koimbani, en tant que Chef-lieu, un leadership vu dans son rôle : un Koimbani capable d’endosser et remplir sa mission de ville capitale, aujourd’hui et plus longtemps encore, dans l’avenir.
J’ai beaucoup aimé une vidéo publiée par mon petit frère Faisoil BOINA BOINA où il a souligné pertinemment le danger qu’on court en continuant de prôner inconsciemment ou pas les discours et pratiques du mépris à l’égard des uns par les autres. Il a fait référence à des figures emblématiques locales et régionales dans l’histoire récente (les 3 grands : Colonel Abdourazakou, Ahmed Abdou et Saïd M. Cheick ; ou les Said Miradji, Abdoulfatahou Bacar, Saîd Cheick…).
Nous n’avons aucun intérêt à semer de l’herbe épineuse là où nous passerons un jour. Nous devons du respect à nos pères, mères, à nos aînés. Quiconque ne doit être la cible en fonction de sa localité ou de ses opinions politiques… Je salue ici, pour terminer, une démarche courageuse de BOINA BOINA. C’est ensemble, dans un respect mutuel que nous apporterons les solutions qu’il faut à nos problèmes.
L’avenir de Koimbani en dépend.
Abdoulatuf Bacar
COMMENTAIRES