Madagascar connaît actuellement une flambée de cas de Covid-19, particulièrement à Tamatave, la 2e ville du pays, où le personnel soignan...
Madagascar connaît actuellement une flambée de cas de Covid-19, particulièrement à Tamatave, la 2e ville du pays, où le personnel soignant manque de moyens. Mardi matin, le président de la République s’est rendu sur place pour annoncer la dotation du matériel tant attendu. Parallèlement, une nouvelle stratégie pour lutter contre la propagation du coronavirus a été proposée à la présidence par un médecin : tester « l’immunité collective ».
Préservée jusque-là, la Grande Île connaît actuellement une flambée de cas de Covid-19, particulièrement à Tamatave, la 2e ville du pays. Sur les 450 personnes contaminées et actuellement en traitement, plus du tiers habitent la cité portuaire. Les deux uniques décès officiels ont aussi été enregistrés à Tamatave. Depuis plusieurs semaines, le personnel hospitalier de la ville alertait sur l'absence d’équipements de protection individuelle dont il était victime alors que les cas ne cessaient d'augmenter.
Masques, sur-blouses, véhicules d’intervention ambulances, médicaments : à Tamatave mardi, Andry Rajoelina n’est pas arrivé les mains vides. Il est également venu donner des consignes au personnel de santé et aux autorités locales pour faire identifier plus rapidement les porteurs du virus. Sans donner plus de détails, le président a également annoncé le lancement immédiat d’essais cliniques sur place de son remède sous forme d'injection.
La piste de l'immunité collective ?
De son côté, le Docteur Arilaza Razafimahaleo, directeur d’Espace médical, un réseau privé d’une quinzaine de cliniques et de centres médicaux sur l’île, a interpellé l’Etat pour proposer un nouveau mode opératoire : « L’épidémie à Madagascar connaît une croissance exponentielle en particulier dans la ville de Tamatave. Et je pense que devant cette évolution, il y a des mesures et une riposte adaptées qui devraient être prises.
Compte-tenu du peu de moyens qu’on a, de la difficulté de confinement, - parce que le confinement dans l’état actuel des choses, ne peut pas apporter de réel gain, puisqu’il n’est pas réellement effectif, et au contraire, il est préjudiciable sur le plan socio-économique-, pourquoi ne pas essayer sur cette piste de l’immunité collective puisque la létalité est faible ? Certes, l’immunité collective est un peu controversée. Mais dans la mesure où en Afrique d’une manière générale, la létalité du Covid-19 est moindre qu’en Europe, toutes proportions gardées, je pense que nous devrions essayer ce compromis. »
L'immunité collective est atteinte lorsque près de 65% des individus ont développé des anticorps après avoir été touchés par la maladie, même sans avoir développé de symptômes. C’est le choix qu’ont fait certains pays, comme la Suède ou les Pays-Bas. « Au mieux, on aura une immunisation collective avec une faible létalité, et au pire on sera au même niveau que si l’on n’avait rien fait comme ce qu’il y a actuellement, où on a du mal à avoir un confinement effectif. »
Pour le Docteur Razafimahaleo, cette stratégie, s’il elle est mise en place, doit impérativement s’accompagner d’une recherche active de cas contacts, d’une distribution gratuite et pour tous de masques et de gel hydroalcoolique, de la prolongation de l’interdiction des réunions de plus de 50 personnes, d’une distanciation sociale imposée autant que possible, ainsi que des barrages sanitaires stricts sur les routes nationales. De son côté, le gouvernement n'a pas encore réagi à cette proposition inédite sur l'île.
Le député de Tamatave interpelle le gouvernement
Par ailleurs, au moment même où le chef de l’Etat était à Tamatave, le député de la ville Rolland Ratsiraka prenait la parole à l’Assemblée nationale. S’adressant tour à tour à différents ministres présents face à lui, puis au président de la République, le député a fustigé la manière dont l’épidémie est combattue en dehors de la capitale, soulignant la difficulté de faire parvenir les prélèvements des patients aux laboratoires d’analyse tous implantés dans la capitale.
Le député de la ville portuaire a aussi réclamé des autorités plus de transparence : « Dites la vérité ! Combien y a-t-il eu de morts à Tamatave ? Ce n'est pas 2 morts comme vous le dites ! Je vous demande donc monsieur le premier ministre de faire une conférence de presse comme le fait Édouard Philippe pour dire la vérité. 2 morts du Coronavirus à Tamatave, c'est un mensonge ! » Sa prise de parole a été saluée par les internautes et largement partagée.
Par RFI
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