FAID SOUHAILI / AFP Coronavirus. Mayotte a besoin des mesures mises en place pour l’Alsace il y a deux mois Directrice de l’ARS e...
FAID SOUHAILI / AFP |
Directrice de l’ARS et ancienne ministre, Dominique Voynet a plaidé pour une vigilance accrue en Mayotte où le virus circule activement et où le nombre de cas double régulièrement.
Mayotte, à contre-temps de la France qui va entamer son déconfinement, a besoin des mesures déployées en Alsace il y a deux mois pour lutter contre le coronavirus, a souligné jeudi la directrice de l’ARS, l’ancienne ministre Dominique Voynet.
Le Premier ministre français Édouard Philippe, qui avait déjà annoncé le report du déconfinement pour ce département d’Outre-mer dans l’Archipel des Comores où le virus circule activement, a indiqué jeudi qu’il devrait faire l’objet d’une vigilance particulière.
Un point doit être fait le 14 mai pour envisager un éventuel assouplissement du confinement, mais le déconfinement est pratiquement de fait dans l’île, a reconnu Dominique Voynet lors d’un point-presse avec des médias nationaux.
Confinement peu respecté
Selon elle, depuis le discours d’Emmanuel Macron amorçant le déconfinement et depuis le début du ramadan, le confinement n’est presque plus respecté dans l’île, où 82 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Il y a du monde dans les mosquées, des attroupements lors des obsèques, des rassemblements de jeunes le soir autour de combats de boxe traditionnelle, a-t-elle rappelé, tout en se disant consciente d’une réalité sociale complexe et des troubles sociaux qui sont en train de s’amplifier.
Jeudi, Mayotte comptait 854 cas (+112 en 48 heures), 47 hospitalisations (dont 7 en réanimation) et 10 décès.
Tous les deux ou trois jours, il y a un doublement du nombre de cas, dû en partie à l’augmentation des tests menés par l’ARS, a expliqué Dominique Voynet. On constate une augmentation des tests positifs, qui avoisinent les 30 % à 45 % par jour, c’est-à-dire quasiment un test sur deux positif.
Nombre de tests insuffisant
Conséquence, le taux de reproduction du virus, qui mesure le nombre de nouvelles personnes contaminées par chaque personne infectée, est actuellement autour de 1,6 à Mayotte, le triple de ce qu’il est en France.
Mais les tests sont limités par la disponibilité en termes de réactifs, d’écouvillons et de tubes, a-t-elle reconnu, soulignant la difficulté à faire venir le matériel, à cause de la limitation des vols de fret (trois par semaine), qu’il faut partager avec La Réunion.
Selon un modèle statistique développé pour Mayotte, un pic épidémique est estimé entre le 20 et le 30 mai. Mais cette analyse se basait sur le respect au moins partiel du confinement.
Le risque d’une deuxième vague plus brutale
Si le déconfinement est plus rapide et général, on pense qu’on aura plus de cas, avec une vague plus haute et plus brutale, et un plateau épidémique jusqu’au mois de juillet, explique Dominique Voynet.
La montée en puissance du virus s’accompagne d’une augmentation régulière du nombre d’hospitalisations, mais plus en médecine qu’en réanimation, note-t-elle, car il y a peu de cas graves pour l’instant.
Pour garder de la place en médecine, et en service de réanimation, qui n’est pas plein mais doit aussi accueillir les malades de la dengue, des évacuations sanitaires ont lieu tous les jours vers la Réunion, a-t-elle dit.
Le député LR de Mayotte Mansour Kamardine a plaidé jeudi de son côté pour un déconfinement en même temps que la métropole.
Ouest France avec AFP
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