Dans les quartiers nord de Marseille se concentre une forte population d'origine comorienne. / © CLEMENT MAHOUDEAU/MaxPPP Pour répo...
Dans les quartiers nord de Marseille se concentre une forte population d'origine comorienne. / © CLEMENT MAHOUDEAU/MaxPPP |
Pour répondre aux difficultés particulières de la communauté comorienne face au coronavirus, notamment liées à la barrière de la langue, une cellule de soutien a été mise en place. L'objectif est de faire passer les messages de prévention et d'orienter les personnes vers les dispositifs adaptés.
Le docteur Slim exerce dans le 13e arrondissement de Marseille et la majorité de ses patients est d'origine comorienne.
Le docteur Slim exerce dans le 13e arrondissement de Marseille et la majorité de ses patients est d'origine comorienne.
Face à l'explosion des cas de Covid 19, ce généraliste urgentiste a lancé un cri d'alarme qui est rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux.
"Plus de 70 % des patients en réanimation à l'hôpital Nord, à l'hôpital Européen et à Lavéran sont comoriens", affirmait-il dans une vidéo appelant à respecter strictement les consignes du confinement.
Un numéro d'appel 24h/24
Loin de vouloir stigmatiser cette communauté, le médecin s'est surtout senti impuissant face aux familles quand il a eu à déplorer un deuxième décès en quelques jours.
L'appel du docteur Slim a servi d'électrochoc. Rapidement des membres de la diaspora ont décidé de mettre en place une cellule de soutien. Un centre d'appel a été créé, joignable 24h/24 au 06.22.93.30.36.
La première difficulté criante, c'est la barrière de la langue, selon Chahidati Soilihi, un des membres fondateurs de la cellule qui assure la permanence téléphonique.
"Par exemple, on a une personne qui sort de l'IHU avec un traitement, mais elle ne comprend pas ce qu'on lui a dit, comment va-t-elle respecter la posologie et se soigner correctement?", s'inquiète-t-elle.
Message de prévention en vidéos
"Il y a une très forte demande de la part des gens qui vont à l'hôpital et qui ne comprennent pas, souligne Chahidati Soilihi, hier j'ai eu un appel d'une dame dont le papa est en réa et elle n'avait pas de nouvelles de lui depuis jeudi. Par le biais de nos infirmières, on a pu appeler le service de réa et avoir des réponses."
Depuis le confinement les salles de prière ont été fermées et les grands mariages interdits. Pour faire passer les messages de prévention sur les gestes barrières, des interprètes sont sollicités.
"On fait des petits vidéos de préconisation, par exemple pour aller se faire dépister ou pour respecter la distance d'un mètre, ne pas aller chez son voisin. On reformule les consignes en comorien pour qu'elles soient accessibles à tous."
Les vidéos sont relayées par divers médias communautaires présents sur les réseaux en attendant que la cellule de soutien dispose de sa page sur Facebook.
Confinement et mal-logement
Il n'est pas possible d'avoir des chiffres concernant la prévalence de l'épidémie dans cette population, le dépistage n'intégrant pas de données ethniques. Pour Chadihati Soilihi, si la propagation du virus est rapide au sein de la communauté, cela tient avant tout au problème du mal-logement dans les quartiers Nord.
"Quand on vit à plusieurs dans ces logements, qu'il y a une personne malade et qu'on doit faire un confinement, comment faire?"
"Aujourd'hui, le confinement dans les quartiers nord de Marseille n'est pas aussi simple à vivre que dans d'autres secteurs de la ville."
A Marseille, la communauté comorienne compte environ 100.000 personnes, principalement réparties dans les 13,14,15e et 3e arrondissements, dans des quartiers particulièrement marqués par les inégalités.
Par Annie Vergnenegre ©France3
Par Annie Vergnenegre ©France3
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