Trois semaines de mobilisation contre le coronavirus : comment faire mieux ! Le destin des nations est fonction de leurs capacités à ...
Trois semaines de mobilisation contre le coronavirus : comment faire mieux !
Le destin des nations est fonction de leurs capacités à tourner à leur avantage les occasions que leur tend l’histoire.
Les Comores font partie des 5 pays qui n’ont pas à ce jour déclaré de cas avéré du coronavirus. Cette bonne nouvelle, fait de la mobilisation contre la contamination la priorité des priorités pour préserver la population. Au quatrième mois de la pandémie du Covid-19, le choix est clair et radical : nous vaincrons collectivement ou le virus gagnera ! Le formidable élan en construction dans nos villes et nos campagnes, au sein des catégories sociales et professionnelles après trois semaines de sensibilisation, donne la mesure de la conscience collective des comoriens à retrouver les ressorts sociaux et politiques nécessaires à affronter la pandémie. Si l’enjeu est d’abord médical, il est aussi sociétal.
En plus de poursuivre l’application des mesures préconisées par les structures en charge de la lutte contre le Covid-19, le pays doit agir simultanément sur plusieurs fronts. Lutter contre l’insalubrité, préserver le tissu économique, soutenir les filières productives locales, inventer des filets de protection sociale, renforcer la solidarité envers les plus fragiles et accentuer l’information et la sensibilisation du public.
Face à ces enjeux, les discours seuls ne suffiront pas. Les déclarations d’intention non plus. Le niveau de maturité atteint se mesurera par l’ampleur et l’efficacité de l’action déployée sur le terrain. De notre capacité à s’écouter, à confronter sans passion les analyses et les méthodes, à reconnaître les compétences de chacun et à accepter que c’est dans la diversité des opinions que nous libérerons toutes les possibilités, mobiliserons les moyens dont nous aurons besoin, dépendra le niveau d’adhésion de la population aux solutions préconisées.
Les premières semaines de lutte contre le coronavirus dans le pays, doivent servir de leçons pour les jours qui viennent et qui seront certainement les plus déterminants. L’appel à « l’union contre l’adversité » lancé par le président Azali, devrait être le premier signe d’une décrispation politique indispensable pour récréer le collectif qui nous sauvera.
Encore faut-il que les décideurs admettent que les Comores reviennent d’une longue et éprouvante crise institutionnelle et politique qui a affaibli les forces vives du pays, neutralisé les organisations de la société civile et défait les forces politiques. Donner sens à cet appel, c’est commencer par libérer ces énergies. Si les médecins et le Comité scientifique doivent continuer à préparer la riposte, le pays a eu trois semaines d’expérience de terrain qui lui permettent de tirer les leçons d’un démarrage laborieux, dans un contexte général, et mondial alarmant, il faut le reconnaître.
Les malheureux incidents d’Ongoni (Anjouan) où des fidèles ont bravé l’interdiction de la grande prière du vendredi dernier, seraient peut-être évités si l’on avait dépêché une armée d’oulémas à la place des forces de l’ordre. La lutte contre l’insalubrité ne peut plus être une option. Les communes avec l’appui des Chambres de commerce et des associations des artisans et des consommateurs, sont les piliers d’une gestion alternée des marchés, comprise et acceptée par tous.
Les associations villageoises et des quartiers sont les meilleurs relais contre l’insalubrité. Ils sont des canaux efficaces pour la sensibilisation de proximité. Mobiliser l’expérience des syndicats, des organisations patronales et de la société civile dans la réflexion sur des dispositifs de protection sociale et de solidarité en temps de crise, serait une meilleure approche.
Qui collaborateur légitime que le syndicat des transporteurs dans la régulation du transport en commun et assurer la circulation des biens et des personnes sans faire des bus et des taxi-ville, des éventuels foyers de contamination ? Certes, l’ORTC et les médias régionaux doivent assurés leur mission de médias publics et être en première ligne dans l’information sur le coronavirus à travers des grilles de programmes intéressant le public. Mais le territoire national n’étant pas complètement couvert par ces stations, une disposition particulière de soutien aux médias de proximité, assurerait un accès de tous les comoriens à une source d’information.
(Publié dans Al-Fadjr du 6 avril 2020)
Titre et photo ©La rédaction
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