À Madagascar, une tendance à la baisse du prix de la vanille. Depuis quatre ans, l’or noir de la Grande Ile n’a cessé d’augmenter et a at...
À Madagascar, une tendance à la baisse du prix de la vanille. Depuis quatre ans, l’or noir de la Grande Ile n’a cessé d’augmenter et a atteint un prix exorbitant. De 70 dollars le kilo à l’exportation en 2014, il est passé à 550 dollars le kilo l’année dernière. Une flambée qui a fragilisé la filière : vols de gousses, qualité diminuée, frilosité des acheteurs.
À Sambava, ville du nord-est du pays et plaque tournante de la production et du commerce de la vanille, les exportateurs le confirment : ils vendent moins cher, mais tentent d’éviter une chute vertigineuse des prix.
À quelques mètres de l’entrepôt de Tsiry Cristin Rakotomalala, flotte le parfum doux et sucré de vanille. À l’intérieur une dizaine d’employés empaquettent une commande pour un client des États-Unis. Son entreprise RTHMC Export vend à l’international 20 tonnes de gousses par an en moyenne, mais pour cette campagne, les acheteurs se font plus rares.
« Nous avons les mêmes problèmes avec tous les clients : nous n’avons pas assez de demandes. Les acheteurs, ce sont les Européens, les Américains, les Allemands, les Asiatiques. Ce sont mes clients qui expliquent que les gens font des nouvelles recettes moitié vanille naturelle, moitié vanille de synthèse comme les glaciers par exemple, car la vanille est trop chère pour eux. »
Face à cette situation, les exportateurs tentent de s’adapter. Madagascar représente 80% de la production mondiale de vanille.
« Nous les exportateurs avons fait une petite révision des prix et on essaie de persuader les utilisateurs de retourner vers la vanille naturelle. Au début de la campagne, on a vendu aux environs de 450 à 490 dollars le kilo. Mais maintenant, les acheteurs nous demandent de vendre à 300 dollars le kilo. On fait aussi des pertes, car nous avons acheté la vanille verte chère. »
L’information de la baisse du prix à l’exportation est arrivée jusque dans les champs des planteurs. À Andapa, à 100 kilomètres de Sambava, les gousses de vanille verte de Léonie Razafinjato, sont prometteuses. Mais elle s’attend déjà à les vendre moins chères que l’année dernière.
« Je sais que le prix de la vanille baisse et j’ai peur de ne plus gagner assez pour subvenir aux besoins de ma famille. C’est pour ça qu’en ce moment j’essaie de faire d’autres cultures comme le cacao, les clous de girofles, le manioc et le maïs. »
Dans ce district, la hausse fulgurante du prix de la vanille a permis d’améliorer la vie de nombreux ménages. Maisons en dur ou à étage, tracteurs, motos et 4x4 de luxe se remarquent à chaque coin de rue. Pour Gilbert Raveloarison, lui aussi cultivateur de vanille dans le district d’Andapa, une baisse raisonnable du prix de l’épice pourrait être positive.
« Lors de la dernière campagne de vanille verte, on l’a vendu à 60 dollars le kilo. C’était une très bonne affaire. Mais c’est bien aussi si le prix baisse un peu, car comme ça il y aura moins de voleurs. Si on ne nous vole plus notre vanille, on peut en vendre plus et il y a donc toujours un bénéfice. Le problème aussi, c’est que le coût de la vie ici dépend du prix de la vanille. Si elle se vend cher, tout augmente. »
Pour éviter une chute brutale des prix, le ministère malgache du Commerce tente de réguler ce marché très instable. Le mois dernier, il a publié un avis sur le prix de référence minimum de l’épice à l’exportation : 350 dollars le kilo. La vanille est le deuxième pourvoyeur de devises de la Grande Ile. Par : Laetitia Bezain ©RFI
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