25 ans après sa mort, le nom d’Ibrahim Ali n’a toujours pas été donné à la rue où le jeune homme de 17 ans a été abattu par des colleurs d...
25 ans après sa mort, famille et amis d’Ibrahim Ali ont exhorté vendredi la gauche marseillaise à s’unir pour barrer la route à l’extrême droite.
L’envie n’était pas là mais Soly s’y est quand même résigné. « Pour vous les cousines » a-t-il expliqué en prenant le micro, debout sur une cagette, dos à la plaque posée à l’endroit où en 1995, Ibrahim Ali a été assassiné d’une balle dans le dos par des colleurs d’affiches du Front national. Face à lui, près de 150 personnes venues honorer sa mémoire.
« Barrez-leur la route »
Des citoyens, des militants et, élections oblige, beaucoup d’hommes et de femmes politiques. L’ex-socialiste, maire des 15-16 Samia Ghali, la tête de liste du Printemps marseillais, Michèle Rubirola, l’écologiste Sébastien Barles, ou le député (LREM) Saïd Ahamada sont là. Plusieurs candidats des 7e et 8e secteurs, les quartiers nord de la ville, sont aussi présents.
Ensemble ou presque. La plupart se connaissent, se disent bonjour. Certains se font la bise. Le moment de « rebattre les cartes » estime Soly. « Nous sommes à un tournant pour Marseille. à nous de voir si nous voulons le faire dans l’union et dégager cette tâche qui est dans les 13-14 ou bien repartir pour 25 ans de cycle infernal » poursuit-il, montrant la mairie des 13-14 aux mains de l’extrême droite depuis six ans.
Le texte prononcé, « une fiction » intitulée, Passeurs de rêve et d’espoir, évoque 25 ans de vie politique marseillaise et se projette sur la campagne actuelle : « J’aime à penser que chaque prétendant n’a point pour dessein, le confort d’un strapontin ou encore moins, l’appât du gain. Mais une volonté farouche d’œuvrer pour le bien commun. »
Les mots, savamment articulés, sont ceux d’un citoyen, « sollicité par toutes les listes comme à chaque élection depuis 25 ans », qui a préféré rester à sa place, loin des divisions. Ses mots résonnent dans les têtes de cette foule rassemblée dans son combat contre le racisme et la haine. Ils dissonent surtout avec le visage morcelé de la gauche dans les 13e et 14e arrondissements. Les trois listes engagées offrent un boulevard au clan Ravier.
Personne n’est dupe, et l’injection à se rassembler faite quelques instants plus tôt par Aly Ibrahima, prend tout son sens. « Rassemblez-vous ! » tance le membre fondateur des Amis d’Ibrahim Ali. « Rassemblez-vous comme vous voulez, mais barrez leur la route ! Barrez la route aux extrêmes ! À 800 mètres d’ici, il y a une mairie tenue par les tueurs d’Ibrahim. Rassemblez-vous comme vous voulez mais barrez leur la route ! »
« Nuls. Collectivement »
Une exigence citoyenne qui a mis les différents candidats présents face à leurs responsabilités. « Ce n’est pas simple mais il faut l’entendre », note le communiste Jean-Marc Coppola, tête de liste du Printemps marseillais dans les 15e et 16e arrondissements. « Nous l’avons entendu après le drame de la rue d’Aubagne qui est le résultat du même mépris de la ville de Marseille et de son maire, et c’est ce qui nous a conduits à créer le Printemps marseillais. »
« Cette injonction à tout faire pour qu’ils ne soient plus là, c’est émouvant », répond Sébastien Barles dont la liste Debout Marseille soutient la liste Unir, dans les 13e et 14e arrondissements. « Mais nous n’y sommes pour rien. On a tout fait pour. Mais à l’arrivée on a été nuls. Collectivement. » « Je prends toute ma part de responsabilité dans le fait que l’unité au sens large ne s’est pas faite. Mais la liste Unir a posé des conditions optimales au rassemblement. Nous ne sommes pas responsables de cette division », tranche l’insoumis Mohamed Bensaada à la tête de la liste Unir.
« La réalité, c’est qu’on a des programmes différents. J’ai des amis partout, je comprends que des électeurs le demandent mais on ne peut pas forcer les gens à faire une union », estime Julien Rossi qui représente Samia Ghali (DVG) dans le 7e secteur. « Je n’ai jamais été invité à aucune réunion, je n’ai rien refusé mais faire une union à géométrie variable dans les 13-14, c’était mettre du petit bois sur la flamme du Front national. »
« Il y a des options qui ont été prises, je suis le premier à le regretter, qui tendent à favoriser le jeu du Rassemblement national », conclut Jérémy Bacchi (PCF) « Aujourd’hui, nous, Printemps marseillais, avons la capacité à nous qualifier pour le second tour. Et cette injonction même s’il reste encore quelques jours, devra, quoiqu’il arrive se faire à l’issue du 1er tour pour mettre le Rassemblement dehors. Ce sera le plus bel hommage que nous pourrons rendre à Ibrahim Ali. »
Ch.C. ©lamarseillaise.fr
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