E YA HOWA Y’A RIDJA POURQUOI JE M’ENGAGE POUR LA MOBILISATION DU PAYS CONTRE LA HAUSSE DES PRIX ET CONTRE LA FAIM La lutte cont...
E YA HOWA Y’A RIDJA
POURQUOI JE M’ENGAGE POUR LA MOBILISATION DU PAYS CONTRE LA HAUSSE DES PRIX ET CONTRE LA FAIM
La lutte contre les injustices et l’exclusion sociale est inscrite dans mon Adn politique. Mes actions et mes prises de positions aussi bien dans mes activités professionnelles en tant qu’avocat que dans mes responsabilités au sein du Ridja témoignent de ma disponibilité à toujours accompagner le combat contre la pauvreté.
À titre d’exemple, le 19 septembre 2003, je fus initiateur d’une grande mobilisation sociale contre la hausse du prix du riz de base et des marches pacifiques monstres à Foumbouni, Mbeni et Moroni ont été réprimées par le régime du colonel Azali Assoumani, encore lui. Des mesures d’enfermement étaient prises à mon encontre. 17 ans après, la situation économique et sociale du pays m’emmène de nouveau à reprendre le flambeau et à soutenir les organisations sociales, professionnelles et de la société civile engagées dans la légitime lutte contre la hausse des prix des denrées alimentaires et contre la pauvreté aux Comores.
Le cri d’alarme des opérateurs économiques, les alertes de la population et les mises en garde de l’opposition sur le risque d’aggravation du climat social et ses conséquences pour la paix et la démocratie au pays n’ont eu aucun écho de la part du pouvoir qui continue à faire preuve de mépris et d’arrogance face aux légitimes inquiétudes de la population. Concrètement, les mascarades électorales qui se succèdent depuis le retour au pouvoir du colonel Azali Assoumani, les conférences, les réunions et les séminaires organisés à coups de milliards engendrent plus d’inquiétudes, d’interrogations et de problèmes qu’ils n’apportent de réponses et des voies de solution.
Avec Azali Assoumani, les Comores ont perdu sur tous les plans. Il est le seul et unique responsable du désastre culturel, économique, politique et de la déconfiture sociale. Sa politique ramène les Comores plusieurs années en arrière et nous rappelle des périodes sombres de notre histoire. Elle divise et fracture gravement le pays déjà affaibli par l’insularité.
La contestation politique bat déjà son plein et rien n’indique qu’elle s’affaiblira tant qu’Azali et sa bande continueront à mépriser les règles élémentaires de la bonne gouvernance et de la démocratie, à humilier et à mépriser les Comoriens. Cependant la situation la plus alarmante est l’état de détresse social et moral de tous les Comoriens. L’inquiétude se lit sur le regard de nos compatriotes et ressort de leurs discussions et réactions devenues de plus en plus déréglées et irrationnelles tellement la crise impacte sérieusement notre vivre ensemble.
Il est injuste, intolérable et insupportable pour une population dont le salaire minimum pour un ouvrier de base tourne autour de 30000 fc soit 60€, celui d’un cadre titulaire d’un Master 2 autour de 89000 fc soit moins de 200€, de ne pouvoir subvenir aux besoins de base. Un kilo de viande fixé à 3000 est totalement inaccessible pour le Comorien lambda tout comme le poisson fixé à 3000 le kg, les Mabawa (ailes de poulet) à 1250 fc, le riz ordinaire à 400 fc, le tas de manioc à 2000 fc, le tas de banane à 2000 fc...
Aujourd’hui les tarifs dans les structures de santé ont également explosé. Les soins médicaux oscillent entre 5000 et 7500 fc uniquement les visites, l’accouchement est à 100 000fc, la césarienne entre 250000 et 300000 fc. Que dire du secteur de l’enseignement ? Les frais d’inscription à la fac tournent autour de 85 et 105 euros et des frais exorbitants d’inscription aux examens sont exigés à des parents aujourd’hui incapables de joindre les deux bouts tout ça parce qu’Azali et sa bande en ont décidé ainsi.
Une analyse objective de la situation économique et sociale des Comores révèle un enlisement de la pauvreté et vraisemblablement la situation des ménages comoriens ne va pas s’améliorer. Cette situation devrait être le tourment des politiques dans les prochaines décennies. Et pourtant, ce problème trouverait un début de solution si les pouvoirs politiques y consacraient un peu d’imagination et d’énergie mais pour ça, il aurait fallu qu’ils prennent conscience des responsabilités qui sont les leurs. Dans le contexte comorien actuel, pays accablé par la pauvreté, l’État ne peut adopter la politique de l’autruche, celle de la solution de l’État minimal.
L’État doit s’étaler immédiatement et en urgence à prendre des mesures visant à améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population. Il doit réduire le train de vie du personnel politique, les salaires et diverses indemnités indécents du colonel. Il doit également réduire les déplacements inutiles à l’étranger du colonel et de sa suite. Il revient à l’État de geler la hausse des taxes douanières sur les produits de première nécessité. En effet, toutes les mesures devant assurer l’accès de tous les Comoriens aux biens essentiels est un devoir de l’État.
Dans le contexte social actuel et pour une période définie, la politique de l’État doit être interventionniste car des mesures sélectives de contrôle et de stimulation directe s’imposent.
L’existence des prix stables pour l’exportateur comme pour le consommateur devrait être l’objectif de la politique de lutte contre la pauvreté. Il n’y a pas l’économie d’un côté et le social de l’autre. Les pouvoirs publics doivent réguler et intervenir de façon transparente et claire pour atteindre une justice sociale. Il faut déclarer la guerre contre la faim et avec l’agriculture, le pays pourrait disposer d’un socle de sécurité alimentaire d’où l’urgence des mesures exceptionnelles à prendre.
Dans un premier temps et en entendant la mise en pratique d’une politique agricole aux Comores et compte tenu de l’urgence, l’État comorien doit absolument établir des accords avec les pays riverains des Comores tels que la Tanzanie, Madagascar, Kenya pour obtenir des facilités d’importation vers notre pays des produits alimentaires tels que banane, viande, manioc, riz, boissons ....../..et pour l’admission de nos malades dans des établissements hospitaliers dignes sans oublier l’admission de nos jeunes dans des instituts et universités de référence. En ce qui me concerne, les manifestations pacifiques doivent être soutenues pour contraindre les pouvoirs à prendre conscience de la gravité de l’état de pauvreté de tous les ménages et de leurs responsabilités.
Said Larifou
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