Il est impératif qu’un jour cette monnaie disparaisse, pourquoi pas aujourd’hui ? La question des monnaies africaines Arrimées au franc f...
Il est impératif qu’un jour cette monnaie disparaisse, pourquoi pas aujourd’hui ? La question des monnaies africaines Arrimées au franc français puis à l’euro est éminemment économique pour les uns, purement politiques pour les autres et reste ambivalente à la fois aux économistes, aux responsables politiques, aux intellectuels mais également aux usagers. Elle porte plusieurs dimensions qui attirent l’attention de tous.
La dimension économique de cette monnaie miroite quelques avantages et use ainsi une rigueur inspirant une grande crainte à son abandon mais derrière ces soi-disant avantages, s’exhibe un larcin à nos économies. C’est exactement la même crainte qu’avaient les hommes politiques africains avant la décolonisation de l’Afrique, ils avaient peur de prendre leur destin en main. C’était le cas pour certains politiciens comoriens comme Saïd Mohamed Cheikh qui disait, je cite : « Mon pays calme et prospère peut sombrer rapidement dans le chaos et l’anarchie à cause de l’ambition de l’impatience de quelques dirigeants inconscients et irresponsables… »
Mais réellement, La banque centrale des Comores n’est-elle pas juste un comptoir français à Moroni ?
Dans un contexte économique, arrimer notre monnaie à une monnaie étrangère (l’Euro) assure la convertibilité illimitée de nos francs, rassure les investisseurs, les entrepreneurs et les consommateurs, ainsi, facilite les échanges des biens et services entre notre pays et le reste de la planète. Les transferts des fonds entre les deux pays sont illimités et l’inflation est maîtrisée. Ceux-ci se réfèrent d’un accord de coopération monétaire entre la république fédérale islamique des Comores et la république française signé le 23 novembre 1979 respectivement dans leurs articles 2, 6 et 7.
En contrepartie de cette garantie donnée par la France à la monnaie émise par la banque centrale des Comores, un dépôt controversé de 65% des réserves de change est obligatoire dans un compte dit d’Operations ouvert dans les écritures du trésor français. Ces réserves, comme toute autre monnaie, ne dorment pas dans les coffres-forts mais sont placées et rémunérées au taux du marché, qui en profite ces intérêts ? La France bien-sûr !
Le taux de change est le prix de la monnaie par rapport une autre, il sert de mesure pour échanger des biens et des services avec le reste du monde. Dans une économie insulaire comme la nôtre, lorsque ce taux est flexible, sa variation dépend des opérations de biens et des services, c’est une variable d’équilibre de la balance des paiements. Dans ce sens, la stabilité macroéconomique face à la mondialisation hétérogène que nous assistons aujourd’hui est assurée par une politique monétaire. Selon Mundell, économiste canadien aux Etats-Unis, avec son fameux triangle d’impossibilité, si le taux de change nominal est fixe la politique monétaire ne peut pas être pleinement opérante. Ainsi, la flexibilité des changes dispose d’un véritable avantage sur la fixité en termes d’autonomie.
Un autre handicap de ce régime fixe est l’inexistence d’un marché de change. Les intervenants de ce marché pourront interpréter les tendances des taux des changes, prendre des positions, ou gérer des risques. Ce marché est d’autant plus bénéfique car joue un rôle prépondérant pour les opérations interbancaires. A l’absence de ce dernier, la banque centrale est obligée de participer activement sur les régulations interbancaires.
Avec le régime de change fixe adopté actuellement par la banque centrale des Comores qui arrime le franc comorien à l’euro, toute politique monétaire reste plus ou moins stérile. Rappelons qu’une politique monétaire est un levier par lequel la banque centrale, en tant qu’autorité monétaire, agit sur les conditions du financement de l’économie, définit la quantité de la monnaie nécessaire pour favoriser cette dernière sans pour autant mettre en péril le pouvoir d’achat (inflation). Les conditions auxquelles ces agents économiques pourront trouver leur financement sont fixées via la politique monétaire. Elle exerce des effets sur l'activité économique et le comportement des agents économiques à travers quatre (4) canaux de transmission dont le taux de change, des manœuvres qui restent impossibles avec ce régime fixe.
Rappelons ainsi que cet arrimage de notre monnaie à l’euro peut être à l’origine des nombreux inconvénients sur nos économies en général. La parité avec l'euro oblige la banque centrale des Comores à calquer sa politique monétaire sur celle de la BCE, à qui, nous n’avons aucune réalité économique ni sociale en commun. La politique monétaire de la banque centrale des Comores qui devrait poursuivre les objectifs des politiques économiques, la croissance économique, la production, l’emploi … se limite sur le seul objectif de lutter contre l’inflation. Notons ainsi que l’inflation et la croissance économique varient de sens opposés. Les banques restent sur-liquides avec un appui très faibles aux investissements.
Certaines études scientifiques ressentes font lier le problème de sur liquidité de nos banques à l’arrimage de nos monnaies à l’euro et à la dépendance de celles-ci aux puissances étrangères. Des fonds dorment dans ces banques dont les conseils d’administrations sont représentés par des étrangers, donc les décisions d’octroi des crédits viennent de loin, au lieu de stimuler les investissements pour propulser nôtre économie : c’est aussi un frein pour le développent. Cette logique s’avère une réalité aux Comores. Prenons l’exemple du premier trimestre de 2019 dont les crédits accordés dans cette période se présentent ainsi : SANDUK MOHELI(0,8%) ; BFC (8,50%) ; BDC (9,80%) SANDUK ANJOUAN11,80% ; BIC12,50% SNPSF12,70% ; EXIM-BANK13,70% ; MECKs30,40% ; l’Union des Mecks occupe le premier rang en termes d’octroi de crédit alors qu’en réalité elle n’est pas la plus puissante en termes de capital, mais simplement, elle dépend moins de la puissance extérieure et est sous la responsabilité des nationaux.
D’autres failles peuvent être détectées intellectuellement par nos ainés s’ils s’intéressent bien-sûr.
Toutefois, l’intervention dans ce débat macroéconomique appelle également un maximum de connaissances historiques et politiques car presque tous les agrégats macroéconomiques sont influencés par des décisions politiques et reflètent en notre histoire.
Dans un autre contexte politique, il serait temps de se demander pourquoi la France s’acharnait/ s’acharne à tous les dirigeants africains qui s’avouaient contre le franc des colonies françaises d’Afrique FCFA ? pourquoi seules les autorités favorites de la France comme Alassane Dramane Ouattara se proclament défenseurs de cette monnaie ? pourquoi ceux qui l’ont critiqué faisaient l’objet des assassinats, des complots ou bien sont écartés de la politique ? Mais surtout pourquoi aujourd’hui la France se dit prête pour un arrimage sans contrepartie ?
A titre du rappel, deux (2) ans après l’indépendance tendue de la Guinée en 1958, la première en Afrique, son excellence Ahmed Sékou Touré décida audacieusement le 1er mars 1960 de battre sa propre monnaie. Cette décision a choqué les autorités françaises. Elles sont allées jusqu’à injecter des faux billets dans cette toute nouvelle économie pour la fragiliser et la punir pour servir de leçons aux autres révolutionnaires.
La monnaie fait partie de la souveraineté de la nation, la confier à un autre pays c’est confier une partie de sa souveraineté à une puissance étrangère. Quelque soit le prix à payer mais il est temps de l’abonner. Les autorités comoriennes, inaptes qu’ils sont, n’oseront pas affronter ce litige car la fluctuation de la monnaie peut aussi servir à un indicateur de bonne gouvernance : plus la monnaie se déprécie plus l’ingérence politique galope.
Nous adhérons à l’idée selon laquelle il serait bon d’intégrer une zone monétaire ou bien émettre une monnaie commune avec nos pays voisins et si cela n’est plus possible actuellement, un projet de celui-ci devrait être mis en place. Mais dans le cas contraire nous devront émettre notre propre monnaie. Oui nous devrions le faire et nous pouvons le faire, il suffit d’être audacieux et ambitieux car sans cela notre destin se voit dans les mains d’autrui malintentionné. Certes, notre économie est faible, notre monnaie serait aussi faible mais cela n’est pas du tout un frein au développent.
Il y a ceux qui confondent une monnaie faible et une dépréciation rapide de la monnaie. C’est plutôt cette dernière qui présente un danger à l’économie car l’inflation peut mettre certains investisseurs au bord du gouffre et dégrader le pouvoir d’achat des consommateurs en dernier ressort. Prenons l’exemple de la chine : nous connaissons tous la place de la chine dans l’économie et le commerce international et pourtant le franc suisse, le dollar canadien … sont plus forts, aujourd’hui, que le yuan chinois.
Il y a ceux qui confondent une monnaie faible et une dépréciation rapide de la monnaie. C’est plutôt cette dernière qui présente un danger à l’économie car l’inflation peut mettre certains investisseurs au bord du gouffre et dégrader le pouvoir d’achat des consommateurs en dernier ressort. Prenons l’exemple de la chine : nous connaissons tous la place de la chine dans l’économie et le commerce international et pourtant le franc suisse, le dollar canadien … sont plus forts, aujourd’hui, que le yuan chinois.
Soyons responsables et prenons en mains notre destin car nul ne le fera bon plus que nous.
YE URIYO HU DJIKOMEYA NGUWOLO !
Ceci n’engage que ma personne.
ABOUBACAR Hadji Saandi Kassime, économiste en formation, UCAD Sénégal
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