Les Comores, notre cher pays, viennent de loin, de très très loin. Ces îles paradisiaques de l'océan indien ont toujours été déstabil...
Les Comores, notre cher pays, viennent de loin, de très très loin. Ces îles paradisiaques de l'océan indien ont toujours été déstabilisées au moins depuis l'indépendance d'abord par des étrangers et ensuite par ses propres enfants les plus têtus.
Nos présidents ont été assassinés. L'armée nationale a failli - au vu et au su de tous - dans sa mission première qui consiste à défendre le pays et ses habitants contre les agressions extérieures. L'économie des îles en a pâti, le pays ne s'étant pas développé en raison de tous ces troubles récurrents.
Une très grave crise séparatiste, née de la mauvaise gouvernance et de l'instabilité qui a entravé le développement, a secoué nos îles des années durant, provoquée brusquement par le sentiment d'injustice éprouvé par les habitants des autres îles éloignées de la capitale où tout est concentré.
Cette crise, si regrettable mais très compréhensible sans pourtant chercher à justifier quoi que ce soit, aurait pu fragmenter à jamais ce beau pays qui n'a que trop souffert. Des négociations houleuses et douloureuses ont été engagées alors que l'île d'Anjouan était devenue l'Etat indépendant d'Anjouan.
Très attachés à l'unité du pays, les enfants des différentes îles de l'archipel sont parvenus à un accord historique, un accord qui reflète bien la volonté sans équivoque des autres îles d'être associées au plus haut niveau à la gestion des affaires de leur seul et unique Etat.
Outre l'autonomie large des îles, la tournante, un concept inédit et donc jamais expérimenté auparavant, s'est avérée comme étant un élément majeur de ces accords de Fomboni et elle a fait ses preuves - mine de rien - en aidant à offrir à ces belles îles une stabilité politique qui, par le passé, ne cessait de lui fuir.
Certes, tout n'était pas rose. Cette stabilité politique enfin retrouvée devait en effet être couplée d'un développement économique urgent. Des efforts devaient tout simplement être déployés dans ce sens pour parfaire le système nouvellement conçu.
Hélas, nous nous trouvons aujourd'hui à la case départ étant donné que la tournante est elle-même tourmentée par des enfants de ce pays qui ne pensent qu'à leurs intérêts personnels, quitte à ramener le pays à ses années noires de sécessionnisme et de tiraillements.
Les organisations internationales à commencer par l'Union Africaine s'étaient portées volontaires pour garantir le respect de ces accords. Aujourd'hui, grande est notre déception de constater le silence le plus plat et le désistement de l'UA malgré la détérioration de la situation sur le terrain.
L'espoir est cependant permis avec l'émergence et l'ascension de cette puissante femme de la diaspora africaine, Dr Arikana Chihombori Quao, ancienne Ambassadrice de l'UA aux USA. Elle a en elle la force nécessaire pour sortir l'Union Africaine de son inertie en sensibilisant le peuple africain qui se chargera de réveiller les dormeurs.
Des mouvements anjouanais (Fuda, Nem...) fusent de partout pour défendre les intérêts compromis de l'île, ce qui - il faut bien le souligner - est très légitime. La menace et l'usage disproportionné de la force ne sont pas la panacée dans cette situation de crise actuelle.
Rappelons que tout comorien pourrait bien se servir des moyens de l'Etat pour terroriser et s'imposer. Mais nous ne sommes pas dans une jungle. Il se trouve que nous vivons dans un Etat où tous les citoyens sont égaux aux yeux de la loi même si certains s'inventent une supériorité imaginaire et ridicule.
Nous avons et aurons toujours intérêt, de par la nature insulaire de notre pays, à promouvoir des valeurs comme la justice et la démocratie. Les êtres humains ne sont pas éternels. Ils viennent et s'en vont qu'ils le veuillent ou non.
Ne leur laissons donc pas la latitude de nous diviser. Embrassons la démocratie qui doit régir la vie politique du pays et dotons ce dernier de toutes les lois qui protégeront cette valeur universelle et qui puniront tous ceux qui seront tentés d'aller à son encontre.
L'unité de notre pays et l'amour entre nos îles valent plus que tout. Ne permettons pas aux menteurs et aux traîtres assoiffés de pouvoir de tout emporter par jalousie, par mauvaise foi et surtout par rancune.
Une belle histoire de nos îles sera un grand et beau cadeau pour les générations à venir. N'acceptons pas que les haineux et les diviseurs y fassent des commentaires qui fragiliseront les relations et le vivre-ensemble de notre postérité.
Par Babayou Houmadi
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