Scènes de guerre civile à Mayotte avec des habitants poussés à quitter leur foyer. (Image d’archives Mayotte Première) Avant de venir à...
Scènes de guerre civile à Mayotte avec des habitants poussés à quitter leur foyer. (Image d’archives Mayotte Première) |
Avant de venir à La Réunion, le président de la République française se rendra mardi et mercredi dans deux territoires où la souveraineté de la France n’est pas reconnue par la communauté internationale : Mayotte, île de l’archipel des Comores administrée par la France malgré l’indépendance des Comores, et l’île Glorieuse, arrachée à Madagascar quelques semaines avant son retour à l’indépendance alors qu’elle était une île malgache au moment de la colonisation française.
En 1974, le référendum organisé par la France dans ce qui était alors le Territoire d’Outre-mer des Comores aboutit à un résultat très clair : la majorité des Comoriens ont voté pour l’indépendance. Mais la France choisit de ne pas respecter ce résultat et débute alors une aventure comorienne au mépris du droit international et de son appartenance aux Nations Unies. Elle décida en effet de maintenir son administration aux Comores. Cette occupation aboutit de fait à une division de ce nouvel Etat, et ne cessa pas malgré les résolutions de la communauté internationale. Elle s’amplifia avec la décision en 2011 de faire de Mayotte un département français.
Force est de constater que si ce statut de département ne s’est pas traduit par l’égalité sociale avec la France. Les droits sociaux sont inférieurs, ce qui amène des milliers de Mahorais à s’exiler vers La Réunion pour avoir droit à l’égalité sociale.
En octobre 2017, Emmanuel Macron avait montré sur ce dossier une orientation différente de celle de ses prédécesseurs. Lors de l’ouverture des Assises des Outre-mer en octobre 2017 en Guyane, il avait ainsi rappelé en substance que la volonté des Mahorais d’être citoyens français reposait d’abord sur la recherche de garantie de s’ancrer dans la France et de se séparer des autres îles de l’archipel des Comores.
Mayotte « réservoir de voix » à la présidentielle
D’ailleurs, comme le rappelle Gérald-François Dumont, professeur à la Sorbonne, dans l’Express du 22 mars 2018, « l’erreur majeure a été de ne pas soutenir certains élus qui avaient compris que Mayotte n’était absolument pas prête pour ce statut face à ceux qui y étaient favorables et aux hommes politiques, en métropole, qui y voyaient un réservoir de voix, notamment à la présidentielle.
L’enlisement de la crise aujourd’hui montre que nos actes nous suivent : les erreurs faites depuis une vingtaine d’années continuent d’exercer des effets. Pour que le dialogue arrive à se nouer, il faudra du temps, mais si on considère en métropole que la seule façon de calmer la situation, c’est simplement, comme on l’a toujours fait, de signer des chèques, on ne fait que reculer pour mieux sauter.
Il aurait fallu concevoir une stratégie de développement économique adaptée à la fois à son histoire et son positionnement géographique. Or le drame de la France est toujours le même : sa mentalité jacobine et le fait qu’elle a considéré ses départements ou territoires d’Outre-mer hors sol. »
« Mieux vaut tard que jamais »
C’est cette notion d’erreur qui a de nouveau été mise en évidence en juillet dernier à Paris, lors d’une conférence de presse commune des présidents comorien et français. En réponse à Emmanuel Macron qui rappelait que les Mahorais étaient attachés à la France et que la France respectait le principe des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce qui signifie implicitement que la France considère qu’il existe un peuple mahorais, Azali Assoumani déclara :« Je dois compléter le président Macron par rapport à la question de Mayotte. Il a dit que Mayotte est française. Mais pour nous, Mayotte est comorienne. (…) Des erreurs ont été commises de part et d’autre. Ce que l’on fait maintenant, le dialogue, il aurait fallu le faire un peu avant. On ne l’a pas fait. Mais mieux vaut tard que jamais. »
Lors de ce séjour à Mayotte, le président de la République française saura-t-il résister à la pression des lobbies locaux pour proposer un plan de sortie de crise ? Chaque année qui passe dans le statu quo ne fait qu’accentuer la crise.
M.M. ©temoignages.re
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