En première ligne pour fêter les 20 ans de l'album "Hier, aujourd'hui, demain", les "enfants terribles des Comores...
Retrouvailles réussies à l'Espace Julien pour le groupe des années 90
"C'est l'hymne de la maison", annonce Mombi à mi-concert. "Déjà ?", s'étonne Boss One, avant de présenter les MC's qui rejoignent le 3e il sur la scène de l'Espace Julien : Menzo de la Fonky Family et deux jeunes pousses, Soldat et Sultan. Démarre alors Comoria, un des titres majeurs de l'album "Hier, aujourd'hui, demain", dont on fêtait hier soir les 20 ans. Apparaît alors une des caractéristiques du temps où Marseille abritait la scène la plus vivante du hip hop français, à savoir de se nourrir de toutes les cultures, de tous les héritages, de toutes les migrations, pour créer un Ovni verbal et sonore inégalé à ce jour.
Enfants des Comores devenus grands dans la cité phocéenne, Boss One et Mombi jouaient alors en première ligne, à l'égal d'IAM et de la FF. Puis, la roue a tourné, le temps a passé. Qu'importe, c'est avec un bonheur sincère qu'on les a retrouvés, pour ce retour qui a réveillé un rap old school et pourtant toujours aussi efficace. Le flow est là, le timbre reste intact. Mombi en bulldozer bonnard, Boss One acrobate en apesanteur, on retrouve toute la force du tandem, cette ambivalence entre enthousiasme festif et mélancolie désabusée.
Après une introduction signée DJ Djel (FF) et Napo, le premier titre du 3e il claque, imparable : Hymne à la racaille, cette litanie sombre qui ouvrait le premier album du groupe. Les morceaux s'enchaînent, quelques-uns récents comme Dis-leur ou Faut savoir apprécier, la plupart devenus des classiques, tel Amitié gâchée dont la foule entonne le refrain avec l'envie farouche de prolonger les retrouvailles : "Où est mon zami ?".
Et puis, bien sûr, il y a les compagnons de toujours, arrivés en renfort : Don Choa surpuissant (FF) sur L'Argent, Sat magistral (FF) pour Têtes brûlée, Bouga impérial sur une version chaotique de Belsunce breakdown. Sans oublier K-Rhyme Le Roi et Keny Arkana, qui plongent dans la mêlée pour Le Retour du Shit Squad.
Les sons lâchés notamment par DJ Soon remontent le temps, une faille s'ouvre dans les mémoires. Pour le meilleur et pour le pire, comme le souligne Boss One sur Eldorado, titre profond sur les blessures de l'exil, sur les fausses promesses d'une terre pas toujours accueillante. Les migrants d'hier sont devenus des réfugiés, rien n'a vraiment changé en 20 ans... Le 3e il a toujours sa place.
Par Fred Guilledoux ©La Province
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