Un volcan sous-marin et du gaz en profondeur La folle inconscience des conseillers départementaux. Un volcan sous-marin menaçant à...
La folle inconscience des conseillers départementaux.
Un volcan sous-marin menaçant à l’est de Petite-Terre, un essaim de séismes affolant, une submersion du littoral effrayante, des dégagements de gaz alarmant près de l’aéroport : Mayotte connaît des phénomènes inquiétants qui mettent les nerfs de ses habitants à vif.
Les scientifiques eux-mêmes sont déboussolés. Pourtant, des données existent qui auraient pu permettre aux élus et aux experts de donner l’alerte. Faute de transparence, ces phénomènes alimentent le catastrophisme. Pourtant, les recherches scientifiques peuvent non seulement dissiper le fatalisme et nous apaiser mais elles constituent un atout majeur pour le développement de l’île.
Avec des connaissances scientifiques suffisantes, il y a autant de raisons d’être optimistes pour l’avenir de Mayotte que pessimistes, à condition que les élus locaux et le gouvernement prennent la mesure des enjeux que ces phénomènes engendrent, qu’ils soient naturels ou dus au changement climatique, à la responsabilité humaine. Dans tous les cas, investir sur la recherche scientifique devient un impératif pour Mayotte. Un rapport du BRGM, resté méconnu du public, et sans doute sous-estimé par les élus, le montre bien.
Que dit ce document dévoilé par un internaute ?
Cinq choses importantes :
- Les gaz présents à l’est de l’aéroport de Pamandzi sont constitués à 97% de dioxyde de carbone, 0,2% de méthane, d’un peu d’hélium et de radion.
- La réalisation de forages à 400 m de profondeur permettrait de localiser l’existence d’un système hydrothermal et des zones d’intérêt géothermique.
- La production d’électricité à partir de la géothermie, à des profondeurs supérieures à 2.000 m, est difficilement envisageable.
- Une application industrielle est possible à partir de la récupération du CO2 : élaboration de boissons gazeuses, gazéification des eaux minérales en bouteille, conservation des aliments en atmosphère neutre, réfrigération et surgélation à l’aide du gaz, etc.
Malgré ces informations fiables, décision a été prise, en novembre 2007, de ne pas poursuivre les investigations scientifiques « en raison de leur coût et de leur performance dans le contexte de Mayotte ». Soit les conseillers généraux n’avaient pas compris le jargon scientifique, soit ils ont été induits en erreur par des représentants de l’Etat peu soucieux de l’avenir de l’île et de sa population.
La formation du volcan et de l’essaim de séisme était prévisible
Que peut-on dire à la lecture rétrospective du document ?
Premièrement, que l’argument du dugong opposé par l’association des naturalistes était un enfumage, destiné à stopper à la fois le projet d’allongement de la piste de l’aéroport et les recherches scientifiques.
Deuxièmement, que des éléments probants étaient disponibles pour prévoir la formation du volcan sous-marin et des secousses sismiques apparus dix ans plus tard, le BRGM est donc en faute.
Troisièmement, que dépenser 10 millions d’euros pour l’achat d’un bâtiment à Paris montre l’inconscience de nos grands élus, les mêmes qui sont aujourd’hui encore au pouvoir et qui avaient connaissance du rapport du BRGM.
Que faire aujourd’hui ?
- Financer la dernière étude permettant d’achever la caractérisation géothermique de l’ensemble de l’île.
- Financer l’étude de faisabilité des applications industrielles possibles à partir de la récupération du CO2.
- Demander à l’Etat de prévoir les crédits nécessaires à ces objets dans le cadre des études environnementales annoncées par le gouvernement pour relancer le projet d’allongement de la piste de l’aéroport de Pamandzi.
- Relancer immédiatement le projet d’implantation de l’IFREMER à Mayotte.
L’énergie et la recherche scientifique sont un enjeu crucial pour l’avenir de Mayotte, un atout essentiel pour son développement économique et pour sécuriser la population.
Par Zaidou Bamana
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