Lettre ouverte aux chefs d’États membres de la commission de l’Océan indien Excellence Messieurs les Présidents, Depuis plusieurs...
Lettre ouverte aux chefs d’États membres de la commission de l’Océan indien
Excellence Messieurs les Présidents,
Depuis plusieurs années, le Ridja -organisation politique comorienne- attire régulièrement l’attention des dirigeants des pays membres de la Commission de l'Océan indien sur les conditions difficiles voire humiliantes d'entrée et de séjour de nos ressortissants dans nos pays respectifs.
Des conditions qui se traduisent désormais depuis quelques semaines par des expulsions illégales et intolérables des Malgaches sur le territoire des Comores et des conditions de séjour très contraignantes imposées aux étudiants comoriens en terre malgache.
À ce constat, il faut ajouter la fierté qu’affichent les autorités qui administrent aujourd’hui Mayotte en ce sens qu’elles affichent des chiffres impressionnants du nombre de Comoriens expulsés sur cette île et la quasi-impossibilité pour les ressortissants des pays de la zone de se rendre à l’île de la réunion.
La politique menée par les dirigeants de l'Océan indien en matière d'immigration des ressortissants de leurs pays respectifs ne reflète pas les discours officiels qui semblent mettre en évidence une identité indoceanique, favoriser l'intégration régionale et la complémentarité des îles de l'océan indien. À l’évidence, il s’agit de concepts qui ne verront jamais le jour si les autorités de nos pays maintiennent et imposent des obstacles à la circulation libre de nos ressortissants et de nos biens.
Comme cela se faisait à Madagascar il y a quelques temps, depuis quelques semaines les autorités comoriennes emboîtent le pas de leurs voisins et pourchassent des Malgaches dont certains jouissent d’une installation régulière aux Comores depuis de nombreuses années, ne connaissant Madagascar que de nom. Nous déplorons et continuerons de condamner la dégradation des conditions d'accueil et de séjour réservées aux ressortissants de l'Océan indien dans les pays membres de la Commission de l'Océan indien. Nos pays donnent une très mauvaise image de notre région qui peine à dégager une lisibilité, une visibilité et une force à l'identité indoceanique.
Le choix des autorités de recourir à la répression pour gérer la question liée à l'immigration de nos ressortissants dans la zone est inefficace, contre l'histoire du peuplement de nos îles et du souhait de nos peuples qui ont toujours aspiré à un métissage, à des échanges entre les îles qui ne sauraient se limiter à l'économie ni aux finances mais aussi à la culture et au savoir. Contrairement aux dirigeants de l’Afrique de l’ouest qui militent pour le rapprochement avec un système de libre circulation des personnes et des biens quitte à instaurer un passeport unique, nous de notre côté, nous œuvrons pour l’éloignement.
Le choix fait par le gouvernement comorien d'utiliser à son tour la répression pour appliquer sa politique sécuritaire est inefficace, cette politique contribue à tisser la haine et la méfiance entre les ressortissants de nos pays et s'assimile à un déni de l'histoire faite de déplacements, de mouvements volontaires des personnes. C'est une défaillance de nos dirigeants qui sont incapables d'amorcer et de définir un socle de valeurs partagées par tous les pays de la zone. Pourtant, les problèmes rencontrés lors des deux dernières éditions des jeux des îles de l’Océan indien révèlent les défis à relever pour que notre région devienne un espace de fraternité et de tolérance.
Les préoccupations sécuritaires ne sauraient justifier et remettre en cause le souhait partagé par les peuples qui souhaitent un partage des valeurs qui nous caractérisent. Nos dirigeants doivent engager des discussions nécessaires sur les conditions de circulations des ressortissants de la zone dans les pays membres de la Commission de l'Océan indien. Le Ridja est disposé à contribuer à la recherche du consensus au profit de notre région.
Said Larifou,
Président du Ridja
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