L'ARTEQUICK, fabriqué par un laboratoire pharmaceutique chinois (ARTEPHARM ), est connu comme un antipaludéen efficace mais est juste...
L'ARTEQUICK, fabriqué par un laboratoire pharmaceutique chinois (ARTEPHARM ), est connu comme un antipaludéen efficace mais est juste utilisé pour traiter les cas de paludisme diagnostiqués et non pas pour prévenir le paludisme. Le taux de guérison démontré est de 97% avec un taux de récidive de 3% [source : artepharm.com]. Oui, il peut avoir une récidive du paludisme après un traitement par l'Artequick car ce médicament permet d'éliminer les germes du paludisme mais ne permet pas d'immuniser l'organisme contre le germe.
La PRIMAQUINE est aussi un antipaludéen qui a un effet gametocytocide ( élimine les gametocytes du germe) et est déconseillé chez , entre autres, les personnes présentant une déficit en G6PD car elle est susceptible de déclencher une anémie hemolytique pouvant entraîner le décès. Ce qui impose un test de dépistage avant la prise de ce médicament pour se rassurer de l'absence de cette pathologie.
TRAITEMENT DE MASSE POUR ÉRADIQUER LE PALUDISME ?
Dans les années 1950, cette stratégie d'éradication a été utilisé dans certains pays mais l'OMS s'est rendu compte, des années plutard, que si la surveillance est défaillante après le traitement de masse la maladie peut bien revenir et cette fois ci peut devenir beaucoup plus dangereuse car devient résistante aux médicaments jusqu'à là efficaces. Donc l'OMS ne recommande plus cette stratégie quelque soit le pays et les médicaments utilisés.
Maintenant il reste à savoir : pourquoi et comment l'Etat comorien a accepté ce TEST mené par ce laboratoire pharmaceutique chinois ? J'ai dis TEST parce que, à ma connaissance il s'agit d'un test, une expérience chinoise, sans licence de l'OMS, que LES COMORES restent le 1ier pays à avoir accepté de le tester. Quelles recherches scientifiques l'Etat comorien a réalisé et croit efficace, non redoutable par rapport aux recherches faites par les scientifiques de L'OMS ?
SUCCÈS OU ECHEC ?
- SUCCES à court terme : bien évidemment si on élimine tous les germes il n'y aura plus de cas de paludisme pendant quelques années. Ce n'est pas une victoire definitive et non pas du tout magique car cette stratégie permet aussi de réduire la prévalence et le taux de mortalité liés à cette maladie sur des périodes courtes. Est-ce suffisant ? NON, car ceci peut être le bien qui cache le mal.
- ECHEC à la longue si il n'y a pas un suivi et une surveillance très rigoureuse et efficace parce que : (1) ce traitement de masse peut faire perdre l'immunité partielle de la population et devient très vulnérable au paludisme importé d'autre pays voisin. (2) Ce traitement de masse pourrait bien être responsable de RÉSISTANCE aux antipaludéens jusqu' ici efficaces. L'ETAT a t il prévu une solution si ces cas surviennent ? Ce laboratoire chinois que l'Etat fait confiance a t il déjà fabriqué des médicaments qui seront efficaces pour venir nous les tester encore ?
(3) Ce traitement de masse augmente le risque de toxicité pour la population si on les distribue largement et abusivement sans dépistage au préalable. Et c'est exactement ce qui s'est passé avant et maintenant. La PRIMAQUINE est dangereuse pour une personne présentant une déficit en G6PD : ont ils depisté ce genre d'anomalie avant de distribuer ce médicament à la population ? La réponse est non. Apparemment 3 décès ont été constaté par la population suite à la prise des médicaments. Y'a t il un rapport avec ça ? Probable ou pas. On ne le saura jamais en tout cas.
Encore une chose, ces médicaments servent à éliminer les germes donc efficaces pour ceux qui présentent les germes, symptomatique ou pas, et sont INUTILES pour ceux qui ne présentent pas de germes. Donc, à part fragiliser la santé des autres et favoriser encore la propagation des résistances par la prise abusive de ces médicaments, à quoi sert réellement de donner ce traitement aux personnes ne présentant pas les germes ?
Ça aurait été raisonnable et scientifique si l'Etat avait proposé des dépistages gratuits ( Goutte Epaisse ) pour connaître ceux qui doivent et/ou peuvent prendre ce traitement et laisser ceux que le traitement n'est pas nécessaire afin de limiter certains conséquences. Ça aurait coûté cher ce genre de dépistage ?! L'économie d'un pays ne doit pas être au dessus de la santé de la population.
LES QUESTIONS A SE POSER :
Une fois le paludisme éradiqué, ce que je souhaite, quelle stratégie de pharmacovigilance l'Etat a mit en place pour surveiller les effets secondaires à court terme et surtout à long terme pour réagir à temps ? Quelle strategie de surveillence a t il mit en place pour éviter la ré-introduction des germes dans le pays ? L'Etat a t il les ressources financières et les personnes qualifiées pour bien protéger en permanence sa population en garantissant la surveillance des frontières pour éviter les cas importés de paludisme qui peuvent survenir à tout moment ?
Avant de se lancer dans ce test chinois, je pense que l'Etat aurait dû commencer par nettoyer VOLOVOLO, trouver une solution pour les déchets qui s'accumulent dans la capitale et dans les villes/villages et assurer une propreté permanente dans tout le territoire ce qui pourrait réduire significativement les taux de prévalence et décès liées au paludisme et d'autres maladies connues dans notre pays, ce qui serait aussi une solution pour la protection de l'environnement, et rendrait propre notre pays. En tout cas tout ceci est aussi obligatoire après ce traitement de masse.
Cette décision prise par l'Etat, d'accepter cet expérience chinoise, est elle politique ? Économique ? Amicale ? Ou scientifique ?
A mon avis, une décision sanitaire ne doit jamais être politique ni économique ni culturelle ni amicale, elle doit toujours être SCIENTIFIQUE.
PS : Ce que j'ai écris n'engage que moi avec le peu de connaissance que j'ai.
MBAE HAMIDOU BEN DJABIR, Docteur en médecine
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