E YAHOWA Y’A RIDJA : Enseignement primaire et secondaire : entre priorité absolue et grèves incurables Alors que la question de l...
E YAHOWA Y’A RIDJA : Enseignement primaire et secondaire : entre priorité absolue et grèves incurables
Alors que la question de l'éducation et le coût très élevé des frais de scolarité (frais d'inscription, coût de transport, frais d'hébergement et des fournitures, etc.) préoccupent les parents, les élèves ainsi que les étudiants, les enseignants du primaire et du secondaire de Ngazidja et les administrateurs affichent le spectre d’un boycott de la rentrée 2019-2020.
Une nouvelle fois, ils exigent à juste titre, la mise en place d'un cadre de concertation pour régler des anciennes revendications jusqu'alors insatisfaites notamment le problème lié à leur avancement et au paiement de 3 mois d'arriérés de salaire.
Les principales victimes de la démission et de l’insouciance de nos dirigeants sont les élèves. Comment ces derniers et leurs parents pourraient avoir confiance à notre pays et à la supposée volonté de l’État de doter aux Comores des moyens de développement si les autorités ne parviennent toujours pas à trouver des solutions durables et effectives aux légitimes revendications des enseignants qui constatent une dégradation soutenue de leurs conditions de travail et la stagnation pour ne pas dire la baisse de leur pouvoir d’achat ?
La précarité sociale qui s’abat sur les enseignants impacte sur la qualité de l'enseignement qui s'est sérieusement étiolée. Il est plus qu’URGENT que l'État décide enfin de faire de l'éducation la Priorité et les assises nationales sur l'éducation doivent être organisées urgemment pour définir une nouvelle orientation de ce secteur déterminant pour l'avenir des Comores. Il faut dégager les moyens nécessaires pour accompagner la Nouvelle Vision de l'Éducation Nationale aux Comores (NVENC).
Cette grande rencontre est une nécessité pour trouver des solutions à l'enseignement comorien en pleine ébullition. Les autorités ne peuvent encore longtemps continuer à faire la politique de l'autruche sur un secteur vital et déterminant pour notre avenir et celui des générations futures.
D’autant plus que l’augmentation prévisible du nombre d'élèves et d’étudiants qui se justifie par la poussée démographique, va nécessiter des moyens conséquents. Selon les prévisions, le nombre d'étudiants inscrits à l'université des Comores dépassera le chiffre de 24 000 dans 5 ans et le nombre des inscrits dans les universités et instituts à l'étranger dépassera les 30 000.
Raison pour laquelle, l’organisation des Assises sur l’éducation se veut urgente. Cette grande rencontre de l'éducation nationale devrait se pencher sur des sujets indispensables notamment :
- le renouvellement des programmes tenant compte du monde de l'emploi, de l'évolution de la science et de la technologie
- une réévaluation avec considération de la carrière des enseignants du primaire et de l’université
- une reconsidération des critères d'ouverture des établissements privés
- une éducation civique accompagnant l'instruction tout au long du parcours académique du primaire à l'université.
Dans le cadre de leurs discussions avec le pouvoir public, les syndicats des enseignants doivent afficher et défendre une ambition pour l'enseignement et leurs prétentions doivent aussi porter sur les moyens que l'État doit déployer pour faciliter et améliorer l'accès à l'enseignement primaire, secondaire et universitaire de la jeunesse des Comores.
Il est urgent que les pouvoirs publics consacrent davantage des ressources à la formation des enseignants depuis l'école maternelle jusqu'à l'université sans oublier de mettre en adéquation la formation et le marché de l’emploi.
Les difficultés rencontrées par des opérateurs économiques et des investisseurs étrangers pour trouver de la main-d'œuvre qualifiée aux Comores est un défi immédiat que doit relever l'éducation nationale qui doit de ce fait réformer ses structures et afficher des nouvelles ambitions pour instaurer ou réformer le système d'apprentissage et de la formation professionnelle. L'éducation nationale doit privilégier l'apprentissage et la formation pour doter aux jeunes comoriens de moins de 30 ans, soit plus de 60% de la population, les outils et les qualifications adaptés au marché de l'emploi.
La formation des jeunes est un investissement utile pour l'avenir car elle contribue à la réduction de la pauvreté, à la création de richesses, au bien-être et à la cohésion sociale. Une étude de la BAD - OCDE effectuée en 2002 encourage la mise en place des programmes d'éducation et de formation pouvant permettre aux jeunes africains d'acquérir des compétences nécessaires notamment dans les secteurs des nouvelles technologies et de l'agriculture.
L'absence de politique aux Comores sur la formation professionnelle et l'apprentissage explique les difficultés de trouver des employés qualifiés même pour des tâches ménagères, dans les boulangeries, le BTP, le tourisme…
Dans tous les cas, on ne peut pas s’entêter à reproduire les mêmes erreurs pour obtenir les mêmes résultats que sont les grèves à répétition, les résultats scandaleux dans les examens nationaux et la fabrication de chômeurs à l’université. Il faut trouver sans délai les solutions. Il en va de notre futur à tous.
Par Said Larifou
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