Aux Comores : faut-il punir les élèves qui font des fautes dans le processus d’apprentissage du français langue étrangère ou seconde ? ...
Aux Comores : faut-il punir les élèves qui font des fautes dans le processus d’apprentissage du français langue étrangère ou seconde ?
Pour la tradition pédagogique la « faute », terme dépréciatif et culpabilisant est un « pêché », une « infraction » à la norme, un « écart », une « déviance », un « raté de fonctionnement», la non-maîtrise de bon usage des langues, voire des incorrections, barbarismes, impropriétés…). Seule la faute imputable à une « méconnaissance » de la langue était reconnue et sévèrement sanctionnée par l’évaluation sommative.
Si les pédagogues traditionnels fondaient l’essentiel de leur démarche sur le développement de la seule compétence linguistique (qu’ils assimilaient souvent à la compétence de communication : acquérir le code d’abord et la communication suivra...), les tenants du communicatif (privilégiant avant tout l’instrumentalité de la langue, ses usages pragmatiques) vont, à la suite de R. Galisson, identifier trois types d’erreurs : l’erreur de compétence qui résulte de compétence ou erreur par méconnaissance d’une règle linguistique, « erreur que l’apprenant ne peut pas corriger sans l’aide de l’enseignant, ou (...) d’une grammaire, d’un manuel, etc.»
L’erreur de performance ou lapsus résulté de la non application d’une règle linguistique connue; (elle peut être corrigée par l’apprenant lui-même). L’erreur de stratégie de communication repose sur le fait que ce type d’erreur « est une erreur imputable à la méconnaissance ou à la non application d’une règle sociolinguistique.
Enfin, les fautes d’interférence sont les erreurs imputables à la langue maternelle sont appelées « fautes d’interférence »; l’élève « traduit dans sa tête » ses acquis en langue maternelle ; ce type d’erreur est fréquent : cas des déterminants, des partitifs, du pronom relatif, du lexique, de concordance de temps, de genre, de nombre, des accords, de la conjugaison etc.
Force est de constater également que les fautes les plus récurrentes dans le milieu scolaire aux Comores sont diverses et variées, et il peut s’agir des fautes à dominante calligraphique, graphique, phonémique, morphogrammique lexical ou grammatical, idéogrammique, logogrammique et fonctionnelle.
Les attitudes communicatives face à l’erreur
Dans la perspective communicative, l’erreur doit être considérée comme une hypothèse d’acquisition par l’apprenant du système linguistique, comme un mode de structuration intériorisée et progressive des nouvelles données langagières. L’erreur manifeste donc un état du savoir qui peut évoluer en cours d’apprentissage (certaines hypothèses sont validées ou invalidées en cours de formation).
Aussi ne doit-on pas interpréter comme « régression », l’apparition d’un nouveau type de fautes mais plutôt comme surgissement de nouvelles structures en cours d’intégration et de structuration. C’est cette dernière attitude qui s’est révélée la plus féconde en didactique des langues. Parrainée par la psychologie constructiviste qui postule que l’acquisition de la langue a à voir avec le développement des processus cognitifs (analogie, inférence…), la position des nouveaux méthodologues consistera à refuser l’attitude « castrative » ou « répressive » vis-à-vis de la « faute » et à affirmer le « droit à l’erreur » dans tout processus d’apprentissage.
Dès lors, l’erreur ne sera plus honnie, traquée mais au contraire sollicitée, interrogée et exploitée dans une perspective de remédiation. Si l’erreur est importante, c’est qu’elle permet à la fois de vérifier la « résistance des hypothèses » formulées par un apprenant sur le système linguistique objet d’apprentissage, d’en avancer d’autres, de « comprendre la stratégie de l’apprenant », de « déterminer son niveau de connaissance » et enfin de mettre en oeuvre une pédagogie appropriée aux problèmes qui se posent vraiment.
Cette nouvelle approche qui oriente la pédagogie de l’anti-pédagogie de la faute à la « pédagogie de l’erreur » permettra de concevoir des « grammaires pédagogiques » intégrant des « grammaires d’erreurs» construites à cet effet.
BACAR Azihar Abdou, didacticien de FLES, Marseille
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