Vice-président du mouvement Badili Comores, Ahmadou MZE SOILIHI nous livre son point de vue sur la situation politique et sociale du pays...
Vice-président du mouvement Badili Comores, Ahmadou MZE SOILIHI nous livre son point de vue sur la situation politique et sociale du pays depuis les dernières élections contestées du 24 mars et 21 avril 2019.
Habarizacomores.com : Vous êtes restés silencieux depuis les dernières élections présidentielles. Pourquoi ?
Ahmadou MZE : Je suis tout autant consterné que le peuple par ce qui se passe dans mon pays. Après le holdup-électoral du 24 mars nous vivons un moment inédit de notre histoire marqué par une crise sociale et politique profonde à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Cela nécessite une profonde réflexion pour en sortir. Notre mouvement a fait le choix de faire ses contributions à l’intérieur du CNT et dans les mouvements sociaux. Nous invitons les autres mouvements et partis à faire autant pour éviter la cacophonie sur le message adressé aux Comoriens. Une stratégie commune doit être adoptée en urgence pour tous les opposants.
Habarizacomores.com : Pouvez-vous être plus précis ? Cela veut dire que vous êtes solidaires au CNT ?
VP Badili : En effet, nous sommes non seulement solidaires au CNT par rapport aux objectifs définis sur son charte, mais aussi au mouvement social dans son combat engagé pour demander le respect d’un Etat de droit, les libertés individuelles et collectives et des droits de l’homme. Le pacte républicain est rompu. La nation est fragilisée par un pouvoir dictatorial. La porte de toutes les dérives politiques est conséquemment ouverte. Face à ceux-là le mouvement Badili Comores ne peut naturellement en rester indifférent. Il joue son rôle.
Habarizacomores.com : Vous avez soutenu un mouvement HURY qui est accusé de « terroriste » et de « tentative de déstabilisation du pays ». Qu’en dites-vous ?
VP Badili : Ces accusations engagent seulement son auteur, en occurrence le Ministre de l’Intérieur qui est curieusement à la fois premier flic du pays, procureur et juge d’instruction. Dans une République non bananière, le procureur de la République aurait déjà rapporté les faits au public et saisi la justice pour l’ouverture d’une enquête, car il est l’avocat de la société, il doit protéger l’intérêt public en assurant le respect de la loi pénale. Dans une République bananière, il devient l’avocat du pouvoir, il accuse, condamne et emprisonne. C’est la triste réalité !
Habarizacomores.com : Depuis 5 mois, les manifestants sont dans les rues de Paris, Marseille, Lyon et d’autres villes. Pour quel résultat ?
VP Badili : D’abord, sachons que ces manifestations sont l’œuvre d’un fort mouvement social divers dans son idéologie et ses motivations. On retrouve des militants politiques, des humanistes, des syndicalistes, des citoyens indifférents, des jeunes, des moins jeunes, des notables, des intellectuels, des ouvriers, des ingénieurs... Soient des manifestants assez représentatifs de la structure sociale et socio-professionnelle de notre diaspora.
Ils sont tous choqués et réveillés par le putsch du 24 mars et 21 avril. C’est la dernière goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les résultats obtenus sont l’éveil de la population, l’affaiblissement du pouvoir dictatorial, l’internationalisation de cette cause universelle…Plusieurs pays et organisations internationales soutiennent le peuple comorien mais ils préfèrent garder le silence pour des raisons diplomatiques.
Ils sont tous choqués et réveillés par le putsch du 24 mars et 21 avril. C’est la dernière goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les résultats obtenus sont l’éveil de la population, l’affaiblissement du pouvoir dictatorial, l’internationalisation de cette cause universelle…Plusieurs pays et organisations internationales soutiennent le peuple comorien mais ils préfèrent garder le silence pour des raisons diplomatiques.
Habarizacomores.com : Que pensez-vous les accords franco-comoriens signés à Paris le 22 juillet 2019 ?
VP Badili : Ces accords sont la traduction conjointe de la vision séparatiste et sectaire de Mansour Kamardine et du dictateur Azali ASSOUMANI, dont la finalité est de satisfaire la France. Ils sont siamois en ce sens qu’ils représentent le stigmate d’une aliénation intellectuelle honteuse. Le premier s’arc-boute à son idéal de demeurer éternellement colonisé et le deuxième est en quête d’une légitimité de son hold-up électoral du 23 mars et 24 avril.
Concernant les accords, je rejoins l’assemblée nationale et le peuple comorien pour les rejeter car ils hypothèquent pour 150 millions d’euros l’intégrité territoriale des Comores. C’est une haute trahison qui aurait dû nécessiter sa traduction devant la justice si nous avions des institutions fortes et stables.
Concernant les accords, je rejoins l’assemblée nationale et le peuple comorien pour les rejeter car ils hypothèquent pour 150 millions d’euros l’intégrité territoriale des Comores. C’est une haute trahison qui aurait dû nécessiter sa traduction devant la justice si nous avions des institutions fortes et stables.
Habarizacomores.com : Le Président de la République a demandé l’habilitation de légiférer certaines lois par ordonnance. Quel est votre point de vue ?
VP Badili : Habilité ou pas, ce régime piétine nos lois et règles depuis son installation en 2016. Il a dissout par décret la Cour Constitutionnelle, abrogé la commission anti-corruption, abrogé la commission des droits de l’homme, destitué le gouverneur de l’île d’Anjouan, organisé une mascarade de référendum, organisé un hold-up électoral sans révision du code électoral et j’en passe... Le Chef de ce régime est habitué à gouverner sans loi ni règle et rien ne peut l’arrêter SAUF si le peuple se soulève et demande son départ par la force.
Cette loi d’habilitation est venue mettre fin définitivement au pouvoir de l’assemblée, le seul pouvoir qui était jusqu’ici légitime malgré ses déboires. Désormais Azali ASSOUMANI va gérer ce pays sans la garantie indispensable dans une démocratie de l’indépendance des 3 pouvoirs, puisque ces derniers sont sous ses bottes. Il est à la foi le Président de l’Assemblée, le Procureur de la République, le Président de la cours suprême et le chef de l’exécutif.
Habarizacomores.com : La lutte est longue, ne pensez-vous pas que c’est en faveur de Azali ASSOUMANI ?
VP Badili : Cela fait un peu plus de 5 mois depuis que le combat est engagé. Cela paraît long puisque le peuple est impatient de voir la chute du régime et tout le système qui l’entretient. Beaucoup a été fait pendant ce temps et je tiens à féliciter le mouvement de la société civile qui s’est distingué dans cette lutte. Ce temps a été nécessaire pour préparer psychologiquement le peuple à toute éventualité qui ferait tomber ce régime. Maintenant, il faut harmoniser, mutualiser et structurer les parties prenantes pour préparer la chute du régime dans les meilleurs délais.
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