« L’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, ce n'est pas se résigner »

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QUELLE ISSUE ?  « L’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se résigner. », Alber...

QUELLE ISSUE ? 

« L’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se résigner. », Albert Camus 

A) CONSCIENCE ! CONSCIENCE ! 

L’interrogation, « quelle issue ? », comporte une part de forte incertitude. Il y est implicitement exprimé l’insupportable cas de conscience qui préside à l’option d’un choix, dont on ignore les conséquences heureuses ou malheureuses. Il s’y exprime aussi l’angoisse d’un avenir dont on ne se représente que des réalités davantage réductrices de ce que l’on vit. Et s’attarder, au risque de se complaire dans le confort – inconfortable – de la résignation, prédétermine cette extrémité pénible et lancinante qu’est le remords.

A l’échelle d’une société, contrairement à celle de l’individu où peut s’exercer un bénéfique soutien familial ou de l’entourage, la résignation est synonyme de vulnérabilité et d’affaiblissement collectifs. Des états qui exposent la collectivité aux pires extrémités : la dépendance dans un contexte d’allégeance; la soumission, qui en est une perfide forme de perversion. Rares sont les contextes de soumission qui ne connaissent pas cette perversion absolue qu’est la dictature, qui s’ordonne dans les traits de l’inhumain. 

Dans son paroxysme de fracture sociopolitique actuelle, le cas comorien comporte une spécificité d’ambivalence agissante dans l’attachement à l’héritage du passé, mais timide dans l’adoption d’une vision de modernité. Une ambivalence archi-prépondérante dans les premières décennies de l’indépendance en sa dimension à rester réfractaire à tout apport susceptible d’amoindrir le poids de l’héritage socioculturel. Mais, au fil du temps, avec l’amélioration de l’ouverture au monde, de très timides réactions indignées d’une telle culture politique, hostile à l’implantation d’une authentique vie démocratique propice à l’évolution des mentalités et au développement socioéconomique, se manifestent. Lente mutation préfigurant la structuration d’une dualité qui tend à supplanter l’ambivalence par l’expansion de la contestation.

Progressivement, les nouvelles technologies des communications abolissent chez certains de nos concitoyens les refoulements consécutifs aux craintes et aux contrariétés longtemps contenues. Une timide étape émancipatrice est franchie grâce aux exemples qu’offrent les sociétés où la réalité démocratique s’allie à l’exigence de l’intérêt collectif dans la gouvernance. Ainsi naissent les dualités positives, sources de défiances légitimes. Ce sont souvent des éveils de consciences, qui triomphent parfois des postures d’autoritarisme, d’immobilisme et d’archaïsme. 

B) LES CAUSES ORIGINELLES DE CE QUE NOUS VIVONS

Certes des partis politiques – VERT, BLANC – s’opposaient dans le contexte de l’autonomie interne, toutefois leur lutte s’inscrivait exclusivement dans une rivalité de prééminence électorale, sans aucun souci pour l’après-colonisation. Et la forte prégnance de ce qui est hérité, s’imposait. Car le changement, encore plus dans ces époques là, s’apparente à un bouleversement, au sein de nos communautés villageoises. D’autant que l’homme blanc, lui qui avait en responsabilité notre devenir, ne nourrissait en rien le désir de nous voir porter notre perception au-delà de nos univers clos, et donc de sortir de l’uniformité de notre propre monde.

A L’exemple du MOLINACO (mouvement de libération nationale des Comores), les partis politiques – RDPC (rassemblement du peuple comorien ; PASOCO, parti socialiste comorien) n’ont eu comme préoccupation que l’accession accélérée à l’indépendance, oubliant qu’un peuple antérieurement colonisé ne devient objectivement souverain que s’il maîtrise son destin dans le quotidien de sa vie et dans la détermination progressive de son devenir : primat indépassable dans la construction d’un destin collectif. 

La souveraineté ainsi acquise, sans boussole indiquant un sens, avec un peuple ignorant tout de ses devoirs, n’attendant que des avantages, auparavant « protégé » par la colonisation dans une inculture d’abstraction des principes premiers qui fondent une démocratie, ne pouvait que devenir une colonisation interne entre des mains de nationaux sans scrupules.

L’élan révolutionnaire quelque peu présomptueux d’Ali Soilihi en a fait les frais. Et tout bascula, avec ou sans l’influence du pouvoir des mercenaires, dans la concupiscence des gouvernants et de leurs relations pour le bien être matériel au détriment de la collectivité, dans l’addiction à la corruption, dans l’insouciance de ce que nous sommes, de ce dont nous pourrions être capables, de tout ce qui est apte à la viabilité d’une société, d’un état, au bien être de son peuple.

L’espoir longtemps nourri d’un éveil des consciences avec une évolution numérique de ceux et celles ayant bénéficié d’ouverture et de formation s’avère, au contraire, être un amplificateur de la gabegie de nos gouvernances. Le poids uniformisant de notre contexte y est pour beaucoup. Mais aujourd’hui, peut-être, malgré la profonde érosion que le temps imprime aux catégories brimées, une âpre dualité, que nous souhaiterions démocratique, s’implante, annonciatrice de mutations peut-être heureuses. 

C) LES ECUEILS DU CONTEXTE COMORIEN ACTUEL 

A l’heure où nous produisons cette réflexion, tout semble figé, bloqué par des postures inconciliables : une situation compliquée, un constat d’aporie dans ses termes actuels. Les données analysables à notre portée suffisent-elles à crédibiliser une prise de position dans un sens ou dans l’autre? Nous ne le pensons pas. Nous ne pouvons pas y céder, de peur de perdre notre objectivité, même si nous sommes perturbés par le refus opposé à l’Opposition dans sa démarche d’accéder au contrôle des résultats de la Présidentielle.

En dehors des affirmations récurrentes de l’Opposition, condamnant « un référendum truqué et une présidentielle entachée de toutes les combines propres à la fraude électorale », nous n’avons rien pour étayer notre appréciation. Sauf que toute notre histoire postindépendance a toujours connu des échéances électorales entachées de fortes irrégularités, souvent avec des résultats inversés, au su et au vu de tous. L’Opposition a toujours subi, sans que ses réactions perturbent le cours habituel de la vie.

Notre acculturation à ces pratiques est si enracinée que, oh paradoxe, l’anormalité, pour une énorme fraction de nos compatriotes, serait que tout cela sorte de notre vie. Certains, qui nous disent avec conviction n’appartenir à aucun camp, avancent même qu’un Pouvoir ne doit perdre des élections qu’il organise ! Des mentalités et des comportements socioculturels qui ont toujours justifié, pensons-nous, la désinvolture des responsables politiques vis-à-vis des systèmes de valeurs, persuadés de l’improbabilité d’une réaction globale hostile, assoiffée d’éthique en politique. 

D) QUE FAIRE ? 

Nous précisons que nous ne nous estimons pas détenir des vérités ; nous nous exprimons en référence au passé, en vertu de notre propre appréciation de ce passé, sachant que toute vérité porte en elle une certaine relativité, et qu’elle est contrebalancée par des faits qui, parfois, la décrédibilisent. Les vraies démocraties prospèrent dans le jeu de la confrontation des idées d’où émergent les solutions qui s’adaptent au mieux à la résolution des problématiques posées. La pensée unique, celle qu’impose, par exemple, un pouvoir monolithique, échappe au « jeu » que nous qualifions de décantation en vue de l’efficacité. Dans ce cas de figure, le risque d’inadaptation est potentiellement présent. 

L’Opposition sortie des deux scrutins précédents sait parfaitement que le temps qui passe joue en sa défaveur. Historiquement, rares sont les pouvoirs sortis des urnes, qui tombent quelques mois après leur installation, victimes, de critiques d’illégitimité, virulentes fussent-elles. Démocratiquement, tout relève des institutions de contrôle et de validation des scrutins.

Elles invalident, nous le savons tous, soit avant la proclamation des résultats soit peu de temps après, et non après des mois. En revanche, le recours aux organisations internationales ne peut être qu’une médiation pour un rapprochement des protagonistes en vue d’une issue consensuelle. Refaire aujourd’hui les élections est une illusion. Reste l’alternative insurrectionnelle, aux conséquences extrêmes. Qui déstabilise tout, qui compromet tout…, qui ouvre à tous les scénarios-catastrophe. 

Tout repose sur le Pouvoir de BEIT- SALAM. L’accès de l’Opposition aux médias de l’Etat est une condition essentielle à une approche d’apaisement. Rien ne se construira avec l’expression monocolore des gouvernants. Seule la diversité des idées et leur confrontation dans des débats rendent possibles les perspectives de développement, contribuent à la maturation sociopolitique et font avancer la démocratie. Les arrestations pour des propos désobligeants à l’endroit du Pouvoir ou de l’un de ses membres, celles parfois opérées pour de simples réunions ou pour une appartenance à un des CNT connus, desservent le Pouvoir, le détournent de son devoir, pourtant compliqué, de construction du pays. 

Chers concitoyens gouvernants, l’exercice du pouvoir a toujours une fin. Ce qui est fortement à craindre, c’est que vos successeurs gouvernent, guidés par la « vengeance ». Dans nos types de sociétés, où les intérêts de groupes priment, une telle probabilité n’est pas à écarter. Nous vivrions ainsi constamment dans l’inacceptable. Déchirés, davantage vulnérables, archi-dépendants. 

Ali Mlamali, enseignant à la retraite 

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