Désigné il y a deux semaines, Coordinateur du mouvement de mobilisation de la diaspora de France contre le régime d’Azali, Dr Zilé Soilih...
Désigné il y a deux semaines, Coordinateur du mouvement de mobilisation de la diaspora de France contre le régime d’Azali, Dr Zilé Soilihi a accepté de répondre aux questions de Habarizacomores.com, notamment sur l’objectif des manifestations, la polémique des faux cercueils et des attaques dont la diaspora fait l’objet de la part des soutiens du gouvernement comorien.
Vous êtes désigné coordinateur du mouvement qui organise des manifestations en France depuis maintenant 2 mois et demi contre le gouvernement Azali. Pourquoi avoir choisi de designer un coordinateur ?
Le mouvement citoyen des Comoriens de l’extérieur s’est organisé en collectifs dans plusieurs villes pour le même combat. Faire dégager Azali, mettre fin à la dictature et œuvrer pour un retour à l’Etat de droit -*/*
Cet objectif partagé nécessite une bonne synergie et une mutualisation des compétences et des moyens. Il en est de même des.actions de représentation et de négociation avec les partenaires et alliés potentiels de notre lutte.
Plus généralement, nous avons besoin d’élaborer un plan d’actions partagé, et comme dans toute organisation comportant plusieurs entités, il faut une coordination pour plus d’efficacité. Ici comme ailleurs l’union fait la force, la coordination n’est pas un frein à l’autonomie et à l’initiative locale. La coordination veille à la cohérence et au bon pilotage de nos actions, elle veille au partage des bonnes pratiques et a un rôle fondamental dans les actions de représentation et de négociations avec les partenaires.
Les détracteurs de ce mouvement n’ont pas attendu longtemps pour lancer les attaques, notamment contre vous personnellement. On dit même que vous étiez azaliste. Comment jugez-vous cette hostilité ?
C’est dans l’ordre des choses que les détracteurs, au premier rang duquel on trouve Azali et sa garde rapprochée, lancent des attaques même les plus basses et les moins justifiées On nous a insulté en nous traitant de mangeurs de riz blanc et de viande de mouton, on a payé des gens pour venir organiser la division par des contremanifestations pitoyables, on vomit sur nous sur les réseaux sociaux ! Quant à ma petite personne, prétendre que je suis azaliste c’est manquer de raison.
D’abord, il faudrait qu’Azali ait un programme ou une idéologie politique à laquelle on peut se raccrocher. Or j’ai beau chercher, cet homme manque d’idées. La seule chose qu’il annone depuis plusieurs mois c’est « émergence, émergence » à l’image de ce que disait Taki avec son fameux « Rehemani »
J’ai souvenir que son directeur de cabinet m’a demandé d’aller faire une conférence sur ce concept pour lequel je mets Azali au défi de discourir pendant 15 mn sachant pertinemment qu’il est totalement ignorant des profondeurs de ce concept. On dit aussi que j’ai participé aux honteuses assises nationales. C’est faux ! Personne ne pourra trouver mon nom ni une photo ni une quelconque preuve montrant que j’ai eu un contrat avec l’état comorien pour ces assises. Et je n’ai jamais été invité. Je le regrette d’ailleurs parce que j’aurais peut-être eu l’occasion de dénoncer ces assises aux *conclusions préfabriquées
J’ai par contre conçu et animé les assises de l’énergie financées par le Pnud que je salue. Cela nous a permis de revisiter et mettre à jour la stratégie énergétique du pays. Je pense d’ailleurs que si cette stratégie avait été appliquée, nous ne serions pas en train de vivre ces délestages qui sont une autre honte pour le pays.
Vous réclamez le départ d'Azali car il n'est plus légitime, mais lui dit qu'il est réélu et qu'il s'en fout du reste. Comment cela va donc finir?
Qu’il s’en foute comme il se fout de notre pays et de la démocratie. C’est de bonne guerre pour un putschiste incapable de défendre son pays devant quelques mercenaires et qui, au lieu d’organiser la résistance, à préfère se cacher à l’ambassade de France. Il sait pertinemment qu’il est illégitime, il sait aussi qu’il est haï par son peuple, il sait surtout qu’il doit payer les applaudissements du peuple avec l’argent du peuple.
Alors pour nous, il n’y a qu’une issue : qu’il quitte ce siège de président qu’il a simplement volé.
Ces derniers jours on a vu des faux cercueils de diverses personnalités portés à Marseille et Paris. Cela a créé une polémique énorme jusqu'au sein même de la diaspora. Assumez-vous encore aujourd'hui cette manière de manifester?
Le cercueil est un symbole utilisé à plusieurs reprises dans les luttes de libération. Il a été utilisé chez nous sous Sambi. Il est utilisé pour enterrer la dictature, mais pour choquer aussi. Alors je voudrais que les âmes sensibles se souviennent d’autres cercueils de jeunes morts à la fleur de l’âge parfois sous les ordres d’Azali.
Je voudrais que ces mêmes âmes sensibles se souviennent du jeune Apache tué par Azali, ligoté et déposé sur une jeep militaire et exhibé comme une bête dans les rues de Moroni.
Notre cercueil ne contenait pas de corps à enterrer, il était là pour enterrer ce système qui tue nos enfants et qui nous prive de nos libertés. Alors oui nous allons continuer à utiliser des symboles choquants. Pour réveiller les comoriens et leur dire maintenant : réveillez-vous, descendez dans la rue et réclamez votre avenir.
Justement, on note facilement que la grande limite de votre mobilisation, c'est le silence total du peuple à l'intérieur du pays. Comment comptez-vous gagner cette bataille qui se joue, en tout cas officiellement, en France ?
Le silence n’est pas total, les Comoriens de l’intérieur réalisent des actes non violents qui vont s’accentuer. Nous les encourageons. D’autres actions sont en réflexion avec l’ensemble des collectifs pour faire bouger les comoriens de l’intérieur. J’espère qu’Azali et ses proches seront bannis dans les mosquées, les cérémonies traditionnelles des manifestations. Le peuple prendra ses responsabilités je suis convaincu. Tout cela nous encourage à continuer à manifester en France et ailleurs.
Le destin de ces dictateurs est de connaître une fin triste. Cette fin a commencé pour Azali. Le peuple comorien, et la jeunesse en particulier l’obligeront à quitter ce pouvoir qu’il a usurpé.
Beaucoup s'interrogent sur un éventuel projet de la diaspora. Si par hasard Azali devait dégager comme vous le demandez, il se passerait quoi après aux yeux du Conseil des Comoriens que vous représentez ?
Le projet est simple nous nous battrons pour le retour des institutions et de l’Etat de droit
Nous nous battrons pour le droit de vote et d’éligibilité des comoriens de l’extérieur, l’organisation d’élections démocratiques, nous nous battrons aussi pour la baisse des taxes aéroportuaires qui pèsent de plus en plus sur le pouvoir d’achat de comoriens de l’extérieur.
Bref nous sommes l’un de plus gros financeurs de l’état comorien nous nous battrons pour nos droits.
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