Iles Éparses: Madagascar «n’a pas les moyens de sécuriser cette zone»

Le ministre malgache des Affaires étrangères, Naina Andriantsitohaina, à RFI le 1er juin 2019. © Photo: Alexandra Cagnard / RFI Le prés...

Le ministre malgache des Affaires étrangères, Naina Andriantsitohaina, à RFI le 1er juin 2019. © Photo: Alexandra Cagnard / RFI
Le président malgache Andry Rajoelina poursuit sa visite officielle en France. Il a été reçu à l’Elysée, mercredi 29 mai, par son homologue français Emmanuel Macron. Les deux présidents ont notamment abordé la question des îles Éparses, dossier épineux entre les deux pays, depuis plus de quarante ans. Il s’agit de quatre petites îles françaises dans le canal du Mozambique revendiquées par Madagascar et qui recouvrent de grands enjeux. 

Autre sujet d'actualité, celui des législatives organisées sur la Grande île, lundi 27 mai. Le président Rajoelina a revendiqué la victoire, cette semaine, en France, malgré les contestations de l'opposition et malgré un rappel à l'ordre de la Commission électorale (Céni). Pour en parler, RFI reçoit le ministre des Affaires étrangères malgache, Naina Andriantsitohaina.

Les présidents malgache et français ont annoncé cette semaine vouloir régler la question des îles Éparses d’ici l’année prochaine. Ce sont des négociations bilatérales qui sont prévues avec la mise en place d’une commission mixte. Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus ?

Naina Andriantsitohaina: Ce qui est important de retenir, c’est la volonté d’avancer. Depuis 1979 maintenant où il y eu une résolution des Nations unies qui a ordonné la reprise de discussions pour réintégrer les îles Éparses, il n’y a eu qu’une réunion qui s’est tenue en 2016 et encore, elle s’est tenue parce que le secrétaire général des Nations unies, à l’époque, avait insisté et alerté sur le fait qu’on n’avait pas respecté la résolution des Nations unies.

Aujourd’hui, l’ambiance est complètement différente et les deux présidents souhaitent avancer. On est davantage dans un esprit d’ouverture. On n’est pas campé sur nos positions. Il faut se mettre autour d’une table et commencer à aborder les problèmes de fond en dépassionnant les débats et ce qui est bon, c’est qu’ils se sont donné une limite de temps qui est l’anniversaire de l’indépendance de Madagascar, en juin prochain, pour essayer de trouver une solution.

Sur les îles Éparses, il faut retenir la volonté d'avancer. Naina Andriantsitohaina 01-06-2019 - Par Jeanne Richard
Que peut être cette solution ? Est-ce que ce sera de la cogestion ? Est-ce que ce sera une restitution pure et simple ?

Les options sont ouvertes. Il y a bien au départ un problème de souveraineté nationale et d’intégrité de territoire. Cela, c’est la première chose. La deuxième, ce sont des enjeux d’abord géostratégiques parce que la zone accueille un flux maritime important et tout le monde a intérêt à ce que cette zone soit sécurisée.

Ensuite, il y a le mythe économique mais c’est à moyen et à long terme. L’exploitation des nodules métalliques ou l’exploitation du pétrole ou du gaz, ce n’est, aujourd’hui, pas rentable. C’est une exploitation en eaux profonde et donc ce n’est pas encore à l’ordre du jour.

Le plus important aujourd’hui, c’est l’enjeu environnemental. Par conséquent, une grande partie des discussions va, je pense, porter sur la gestion ou la cogestion de la préservation de cet environnement maritime unique et, très probablement, aboutira à la création d’aires maritimes protégées ou éventuellement à l’encadrement de contrats pétroliers ou gaziers.

Puisqu’il faut être franc, Madagascar, aujourd’hui, n’a pas les moyens de sécuriser cette zone. On a beaucoup d’autres priorités comme l’éducation, la santé… et même si la sécurité maritime est un élément important du programme du président, elle concerne d’abord la sécurisation des 5 000 kilomètres de côtes parce qu’on veut d’abord empêcher que nos côtes et nos ressources naturelles soient pillées.

Donc, effectivement, il y a besoin de travailler en commun - la France et Madagascar - pour que cette zone soit sécurisée avec le peu de moyens que nous avons, nous.

Au sujet des législatives à Madagascar, le président Andy Rajoelina a annoncé, devant les chefs d’entreprises français, le Medef, que sa coalition IRD était victorieuse avec plus de 80 sièges. Est-ce que cette annonce n’était pas prématurée et ne risque-t-elle pas de relancer des tensions politiques avec vos adversaires, à Madagascar ?

Je pense que tout parti politique, organisé correctement, a aussi ses propres résultats au moment du dépouillement. On a 25 000 bureaux de vote. Dans ces bureaux de vote, tout le monde a le droit d’avoir des représentants, ce qu’on a eu. Il n’est donc pas anormal que les heures ou les jours qui suivent le scrutin, nous ayons une tendance des scores des uns et des autres.

Nous sommes respectueux de la loi. Le président l’est. Donc, nous allons attendre les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante et ensuite les résultats définitifs de la Haute Cour constitutionnelle. Je trouve un peu cocasse que les opposants rebondissent dessus. Ils ne peuvent pas se prévaloir de leur faiblesse logistique pour dire que c’est une mauvaise chose d’avoir ses propres estimations. Bon, c’est la politique, on peut le comprendre.

Ces élections ont été marquées par une très forte abstention (près de 70%). Y a-t-il une crise de citoyenneté à Madagascar ? Est-ce que cela peut être aussi alimenté par tous ces faits de corruption ? Il y a, actuellement, 79 députés qui sont soupçonnés par le bureau anticorruption d’avoir touché des pots-de-vin.

Une crise de citoyenneté, je ne crois pas. La population est lasse de la politique politicienne. Cela fait des décennies qu’on nous bassine avec uniquement de la politique, probablement pour faire oublier qu’on est pauvre. Sincèrement, je crois qu’aujourd’hui la population se tourne plus vers le développement - qu’est-ce qu’on fait pour réduire la pauvreté ? - et n’a pas envie de perdre son temps dans la politique. Je le prends davantage comme une victoire de l’action du gouvernement pendant quatre mois que comme étant une crise de citoyenneté.

Est-ce qu’avec une participation aussi faible (30% environ), ne craignez-vous pas que les députés soient mal élus ?

C’est la démocratie. Vous avez le droit et le devoir de voter. Dès lors que vous ne vous exprimez pas… C’est dans les urnes qu’il faut s’exprimer, ce n’est pas dans la rue. Le résultat sera alors celui qu’on admettra et on sera parti pour une législature.

Par Jeanne Richard ©RFI

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