Ali Mmadi, ancien journaliste et membre du collectif qui organise les manifestations en France contre le gouvernement, a répondu aux ques...
Ali Mmadi, ancien journaliste et membre du collectif qui organise les manifestations en France contre le gouvernement, a répondu aux questions du quotidien d’Alfadjr dans l’édition de ce jeudi 16 mai 2019.
En tant que journaliste, quel jugement portez-vous par rapport à la nomination du d'Ahmed Ali Amir au service de communication de Beit-Salam?
J'ai appris cette nomination lundi après midi, et comme beaucoup de mes amis qui connaissent Ahmed, son engagement et son parcours, j'étais à la fois déçu et choqué. Et ce n'est pas parce qu'il est nommé dans un cabinet gouvernemental, moi-même j'ai travaillé à deux reprises à Mrodjou, mais parce qu'il va tenter de donner une image positive à une dictature qu'il a déjà dénoncée. Pour beaucoup de comoriens, Ahmed est un grand journaliste, portant de fortes convictions depuis toujours. Le voir ainsi prendre fonctions au sein d'un régime dictatorial et désormais illégal, c'est une grande déception
Vous manifestez en France depuis plusieurs semaines. Cela a-t-il un impact selon vous?
Nous manifestations effectivement depuis deux mois, et nous allons continuer à le faire, car la dictature est toujours là en train de détruire notre pays et notre peuple. Si nous ne le faisions pas, nos compatriotes bâillonnés et muselés dans désespéreraient à jamais. On peut estimer que notre action n'a pas d'impact puisque la dictature est toujours là. Mais en réalité, elle déstabilise M. Azali et son gouvernement. Et nous ne lâcherons pas.
Comment expliquez-vous la réaction molle de communauté internationale par rapport depuis cette crise ?
La communauté internationale, notamment l'UA et l'Union européenne ont affirmé clairement que le 24 mars dernier, il n'y a pas eu d'élections crédibles aux Comores. Elle observe attentivement le climat délétère créé dans le pays par cette mascarade. Et bien nous n'allons pas lui dicter de décision à prendre. Mais on attend toujours qu'elle agisse en faveur de la démocratie et le droit en Union des Comores.
Et par rapport au CNT, pensez qu'il joue son rôle dans cette situation ?
Le Cnt a subi un choc depuis l'arrestation arbitraire de M. Campagnard, le gouverneur Mouigni Baraka et les autres candidats ont pris le relais avec tous les risques devant une dictature qui n'hésite pas à tirer à balles réelles sur la population. En France, ses représentants agissent du côté de la diplomatie et ça va dans le bon sens. Je crois que chacun fait ce qu'il peut, mais devant un régime dictatorial comme celui-ci, la situation est difficile pour tout le monde.
L'investiture est prévue le 26 mai, que pense la diaspora sur ce sujet ?
Pour nous Azali n'est plus un président légitime pour notre pays. L'investiture qu'il veut organiser n'a aucun sens pour nous. Ce jour-là, nous serons un peu partout dans le monde pour le dénoncer fortement. En même temps, nous appelons à tous ceux qui, comme nous, s'opposent à ce régime d'un autre temps, de rester chez eux. Pour ceux qui peuvent manifester dans les rues, ce serait une option intéressante.
Êtes-vous conscients que le président Azali ne tient pas compte de votre mobilisation ?
C'est la réaction normale de toutes les dictatures. Elles se croient toujours plus fortes. Mais lorsque le vent tourne en leur défaveur, elles n'ont d'autres choix que de se retirer. Les exemples sont légion dans le monde, notamment durant ces dernières années.
L'Arabie Saoudite va délivrer directement des visas aux pèlerins maorais à partir de cette année. N'est-ce pas un acte inamical envers les Comores ?
Le gouvernement ne voudra jamais le reconnaître, mais il s'agit d'un camouflet diplomatique. Mais il y a des interrogations légitimes sur ce sujet : comment se fait-il que c'est toujours sous Azali que des situations comme cela se présentent au sujet de Mayotte. Est-ce que la diplomatie comorienne n'est pas complice? Il faut creuser là-dessus, car tout cela ne me paraît pas anodin.
Kamalidine Bacar ©Alfadjr
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