Lorsque le 24 mars 2019, Pomoni Anjouan Comores, s’est embrasée pour les urnes bourrées suivie des tirs de l’armée, la première idée qui ...
Lorsque le 24 mars 2019, Pomoni Anjouan Comores, s’est embrasée pour les urnes bourrées suivie des tirs de l’armée, la première idée qui m'est venue en tête : comment le brillant Azali que j’ai connu est-il devenu si stupide pour défier ainsi l'opinion nationale et internationale ? Il m'a fallu attendre l’arrestation et la libération de Campagnard, et de l’interview de Salah, pour comprendre l’astuce de Djaza et ses intentions.
Le président de la CENI est loin d’être bête. Pris entre le marteau (la pression et les menaces du pouvoir) et l'enclume (la détermination populaire de l'opposition), le Dr Djaza a choisi de sauver sa tête en livrant les deux protagonistes à un combat sans commune mesure.
Il a bel et bien bourré les urnes transparentes et mouillé des documents d’autres bureaux de vote afin d'alerter l'opinion nationale et internationale que le scrutin en cours, est une mascarade, dont il ne peut être tenu responsable. Une manière de se dédouaner du résultat qui allait suivre. Il a donc, comme ses amis de la CENI, choisi de sauver sa tête, et faire endosser la responsabilité totale à l’armée qui, non seulement n'a pas hésité à tirer sur les innocents, mais s’est aussi arrogée le droit de fermer les bureaux de vote 2 heures avant l’heure normale, faisant monter d'un cran une tension qui était à son apogée.
Loin de mesurer les conséquences négatives de l’issue de cette crise et prendre les mesures adéquates d’apaisement qui passeraient par le sacrifice de la CENI, en faisant usage de la cour suprême pour annuler le scrutin, le pouvoir berné par la passivité historique des Comoriens, et les garanties de certains petits fonctionnaires français, a poursuivi son chemin droit au mur.
Le pouvoir avec son arrogance inégalée, n'a pas compris le message, et s’est engouffré dans le piège tendu. Les Comoriens de l’extérieur dont personne n’attendait de réaction, se sont accaparés du dossier, à l'image des révolutions en cours dans le monde.
Aujourd’hui, malgré les recommandations des organisations internationales d’ouvrir une négociation franche, le pouvoir a persisté à défier l'opinion.
A défaut de négociations sereines, sur la reprise du scrutin, le pays se livre à l’incertitude. Une situation qui va permettre aux Comores de parachever l'acte historique du 6 juillet 1975, par l’élimination de tous ceux qui se servent de l’état pour le détruire.
Une révolution est en marche, l’immaturité politique de nos dirigeants fait qu'en ce 21e siècle, le changement aux Comores sera celui qui fera couler le plus de sang. Certes le pays a connu des coups de force sans trop d’effusion de sang en raison de ses préparatifs à l’extérieur et les exécutions avec les complicités intérieures. Ce ne sera pas le cas aujourd’hui, les forces patriotes comoriennes vont libérer leur pays à partir des moyens internes et sans débarquement.
Le message de Djaza étant pas épargné, les deux parties profinent leurs stratégies, avant de laisser parler les armes.
Le grand perdant de cette crise n'est autre que l’armée qui dans cette crise, a choisi son camp. Elle ne pourra pas dans l’avenir justifier son utilité, le pays ayant la vocation d’état démocratique dont le choix du peuple sera la référence. Il ne peut désormais tolérer un club de nostalgiques de dictatures vécues par nos ancêtres,régir la société comorienne moderne d’aujourd’hui.
Demain, l'AND fera probablement sa dernière parade et quittera la scène nationale dans le déshonneur. Ainsi a voulu la vie.
Par Mohamed Chanfiou Ben Charafa (photo)
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