Un juge d’instruction de Mayotte mis en examen pour « viol » depuis près de 5 ans crie au complot. Son accusatrice maintient sa version. ...
Un juge d’instruction de Mayotte mis en examen pour « viol » depuis près de 5 ans crie au complot. Son accusatrice maintient sa version.
Le sort du juge Hakim Karki est entre les mains de ses pairs. Depuis le 7 juillet 2014, ce juge d’instruction du tribunal de grande instance de Mamoudzou (Mayotte) est mis en examen pour viols. Très brièvement incarcéré, il a été depuis placé sous contrôle judiciaire et suspendu de ses fonctions. L’enquête, désormais close, révèle des positions totalement opposées entre les deux protagonistes.
Le magistrat, qui reconnaît une relation mais nie catégoriquement toute contrainte ou violence, se dit victime d’un complot ourdi par une multinationale. Son accusatrice a, elle, toujours maintenu sa version des faits. Le dossier est désormais sur le bureau du parquet de Paris -où l’affaire a été délocalisée avant que la juge d’instruction ne décide de renvoyer ou non son collègue devant la cour d’assises.
Une figure à Mayotte
Le 3 juillet 2014, Marie* se présente au commissariat de Mamoudzou. Cette enseignante raconte que, deux jours plus tôt, elle a été violée par le juge Karki dont elle avait fait la rencontre dans un restaurant. Elle explique avoir hésité avant de porter plainte compte tenu de la personnalité de son agresseur présumé : « Cela me fait peur parce que ce n’est pas un citoyen lambda et je n’ai pas envie d’être broyée », relate-t-elle. Hakim Karki est une figure sur l’île où il jouit d’une image de chevalier blanc. Il s’est notamment rendu célèbre en poursuivant des gendarmes impliqués dans une affaire de drogue.
Selon l’enseignante, la première agression se serait déroulée dans la voiture où le juge, qui s’était proposé de la ramener, lui aurait imposé une relation sexuelle extrêmement violente. « Alors que nous roulions, elle a commencé à devenir de plus en plus entreprenante », rétorque le magistrat en garde à vue, imputant à Marie l’initiative de cet acte sexuel.
À l’issue de cet épisode, Marie suit le juge à son domicile. Le juge d’instruction s’en étonne. « J’étais sidérée », se justifie-t-elle. Là encore, le juge Karki livre une version radicalement opposée, expliquant qu’après avoir discuté tranquillement dans la voiture, le couple décide de se rendre à son domicile où une nouvelle relation sexuelle a lieu. Sous la contrainte, selon la plaignante. À la demande de sa partenaire, selon le juge.
Les déclarations de la victime «circonstanciées»
De retour chez elle après avoir été raccompagnée par le magistrat, Marie envoie trois messages à son ex : « G été violée », « par un juge », « suis morte ». Elle s’épanche également auprès d’un ami policier par téléphone.
Lors de la confrontation organisée en novembre 2015, le juge Karki et Marie ont campé sur leurs positions. « À aucun moment je n’ai eu de doute sur son consentement », a insisté le magistrat en dénonçant les propos « délirants » de son accusatrice. La jeune femme, qui confesse avoir du mal à se remettre de cette affaire, a maintenu sa version des faits. « Les déclarations de ma cliente sont constantes et circonstanciées, souligne son avocate Me Laurence Tartour. Elle est totalement crédible dans ses propos. »
COMMENTAIRES