Les derniers développements très inquiétants du contexte socio-politique du pays seraient-ils le signe précurseur d’une fin proche du rég...
Les derniers développements très inquiétants du contexte socio-politique du pays seraient-ils le signe précurseur d’une fin proche du régime et de l’avènement d’une nouvelle ère de réconciliation ?
Jusqu’où la bêtise humaine irait-elle ? L’histoire contemporaine nous a hélas appris qu’elle peut conduire à la tragédie. Dans le climat de confusion et de terreur qui prévaut en ce moment, je m’interroge comme beaucoup de mes compatriotes sur le devenir de la Nation comorienne.
Il semblerait que le système de répression et d’oppression en cours serait mis en branle au service de la légalité, faisant allusion aux propos du Procureur de Moroni. Rappelons que la légalité du régime en place a bien été remise en cause depuis le référendum sur la nouvelle constitution. Des actes commis le 24 mars denier, jour de l’élection, ont notoirement mis à mal les lois en vigueur et poussé le collectif de l’opposition à hausser le ton.
La décision d’appeler à l’arrêt du processus serait un cri de désespoir, non pas que l’opposition avait peur des urnes mais parce qu’elle savait pertinemment que la loi n’œuvre malheureusement qu’en faveur d’un seul camp. Le jeux démocratique aurait déjà été faussé en amont ? En tous les cas, le pouvoir, dont la légitimité commençait à s’effriter depuis les assises, avait là une occasion inespérée pour se refaire une bonne virginité légale. D’autant que l’opposition a accepté de se joindre au Président sortant pour solliciter le suffrage du peuple. Un processus électoral sécurisé et transparent aurait été le gage d’un climat post-électoral apaisé et le ciment d’une union sacrée autour du candidat que l’expression de la souveraineté du peuple aurait choisi pour occuper la plus haute fonction de l’Etat.
Quel gâchis ! Car l’occasion est sans nul doute ratée. Pire, l’enchaînement des événements et le pourrissement de l’atmosphère ne rassurent personne sur l’avenir de la Nation. À se demander même, si ceux qui se réclament aujourd’hui du camp de la Mouvance se rendent compte de la gravité de la situation. Une chose est sûre, quand on est vraiment certain d’être au service de la légalité, on n’harcelle point n’opprime ni muselle ceux qui essaient d’élever la voix. Et si cette même légalité n’arrive guère à instaurer la paix sociale, la stabilité et un climat de sérénité au sein des gouvernés, ça pourrait être le signe que les gouvernants sensés incarner les institutions de la République n’inspirent plus confiance et souffrent de légitimité et de crédibilité. Autrement dit, dans un tel imbroglio c’est hélas autant l’Homme que le Droit qui en pâtît car l’un ayant perdu sa dimension societale et l’autre sa finalité normative.
Et c’est peut être ce qui explique le recours à la force pour tenter de faire maintenir un semblant de paix sociale, d’ailleurs nécessaire au bon fonctionnement des institutions. Or, recourir à la violence, comme seul moyen de dialogue, est bien la marque de faiblesse de tout régime illégitime. En droit, légalité et légitimité sont deux notions distinctes mais dont la jonction est un préalable à un bon exercice du pouvoir selon la science politique. En même temps, une remise en cause généralisée de l’un de ces deux paradigmes peut conduire au déclenchement de luttes sociales. Et tout régime dont la légitimité est uniquement basée sur la force et non sur l’adhésion se sait éphémère.
L’histoire politique nous a, en somme, montré que ces types de régime finissent par être emportés par un vent de mouvements sociaux, seul moyen de résistance qu’un peuple étouffé peut utiliser face à la peur et la terreur. Est-ce le cas dans notre pays ? À la veille d’une décision de la plus haute importance que tous attendent de nos <sages>, je formule le vœu que mon pays très rapidement renoue avec sa tradition de paix, de concorde et d’unité afin qu’ensemble la main dans la main nous redressions et élevions ce beau pays que nous chérissons au rang des Nations dignes, fières et prospères.
Par Ahamed MOHAMED, (Takou)
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