Comment peut-on rester silencieux face à ce qui se passe aux Comores depuis l’assassinat organisé de la souveraineté du peuple comorien l...
Comment peut-on rester silencieux face à ce qui se passe aux Comores depuis l’assassinat organisé de la souveraineté du peuple comorien le 24 mars 2019 et cette propension qu’ont les usurpateurs de nier le pouvoir dictatorial qu’ils tentent d’imposer au peuple au mépris du droit et de la moral ? C’est la réponse à cette interrogation qui est développée dans ces quelques lignes.
La souveraineté populaire assassinée
Après le hold up électoral du 24 mars, la cabale judiciaire de la Cour suprême n’étonne personne. Si nombre de Comoriens croyaient à l’existence d’un juge qui pour la première fois rendrait la justice au nom du peuple comorien, rien n’a pu plier ces hommes et ces femmes au service d’un régime dictatorial. Comment le pourraient-ils ? Ils sont nommés et soumis aux diktats de ce régime. De surcroît ils sont corrompus d’où cette subjugation à celui-ci. Ceux d’entre nous qui avions suivi le lent glissement mais sûrement du régime vers la dictature ne pouvions espérer meilleur dénouement. Ce ne sont pas ceux-là qui iraient dans le sens de l’histoire et du peuple.
La suppression de la Cour constitutionnelle fut l’acte un de ce que vit les Comores en ce moment. L’acte deux fut marqué par les assises dites nationales, mais qui n’avaient rien de nationale. Non seulement elles n’étaient pas inclusives, mais plutôt partisanes et surtout le peuple n’y était pas représenté. Pire, les conclusions furent celles d’un régime qui s’en est accaparées. De surcroît, les vrais problèmes des quarante trois ans d’indépendance n’ont pas été à l’ordre des discussions. Ainsi le fameux comité vérité réconciliation tant voulu fut écarté pour ne pas aborder un des dangereux virus qui tuent le développement du pays : la corruption érigée en système de gouvernance.
Le référendum boudé par les Comorien marquera le troisième acte en permettant au pouvoir de s’offrir une Constitution ayant pour principal objectif la prolongation pour l’éternité du mandat du président en exercice. Le coup d’Etat électoral que les Comoriens et la Communauté internationale ont vécu en direct est venu parachever le processus. Les Comoriens n’ont pas voté, mais la CNI a décidé du vainqueur et la Cour suprême a validé.
Le déni d’un pouvoir autocratique au mépris du peuple
Les autorités autoproclamées essaient par tous les moyens à leur disposition de nier une évidence : leur pouvoir est illégitime. Car il ne repose pas sur le suffrage universel du peuple comorien, mais sur lavolonté d’un groupe qui veut s’approprier la souveraineté. Or celle-ci appartient exclusivement au peuple qui l’exerce indirectement par ses représentants légitimés par le vote ou directement par le référendum.Ayant compris cette évidence, le régime a sombré dans l’ignominie.
Du coup, les intimidations, les emprisonnements de tous ceux qui osent le défier sont devenus monnaie courante. Les choses se sont mêmes accélérées à un rythme soutenu. Il faut agir vite pour mâter au besoin par le sang toute rébellion. La gestapo du régime massacre la population et sème la terreur dans les villages. Les manifestations sont réprimées dans le sang et les morts sont légions.
Opposants, journalistes, simples gens… tout y passe. D’autres sont kidnappés par les milices et leurs familles sans nouvelles. Peut-être qu’ils sont enterrés vivants comme le journaliste saoudien Kashoggi. N’est-ce pas l’Arabie Saoudite la source d’inspiration de ce régime ? Mais comment pouvez-vous marteler représenter un peuple que vous martyrisez ? Comment pouvez-vous être sourds des gémissements du peuple qui gronde de jour en jour ? Mais c’est le cadet de vos soucis, me direz-vous. Que le peuple vous haïsse vous importe peu. Car ce qui vous préoccupe c’est le pouvoir et rien que l’ivresse du pouvoir. Pourtant, en pareille hypothèse le peuple finit toujours par triompher. Inspirez-vous de ce qui vient de se passer en Algérie, même le tyran était obligé de demander pardon à son peuple. Quelle classe !
Vous ne pouvez pas continuer à nier que vous avez volé les suffrages des Comoriens. C’est avéré et prouvé. Vous ne pouvez pas continuer à marteler que le pays n’est pas sous dictature. On y est. Vous bafouez tous les droits et libertés de l’homme comorien… En usant de la force de manière disproportionnée et systématique contre votre propre population constitue un aveu de faiblesse. La peur a-t-ilchangé de camp ?
Vous ne pouvez pas légitimer le vol par des messages de félicitation surtout de la Chine et de la Russie et peu importe le pays. C’est uniquement le peuple qui peut légitimer votre pouvoir.
Vous ne pouvez pas non plus essayer d’accabler les victimes de ce hold up à savoir la majorité du peuple à la tête duquel se trouvent les onze candidats à la présidentielle en les traitant de criminels. Quel crime ont-ils commis ? Aucun. Ce ne sont pas eux qui déstabilisent le pays mais plutôt le régime que vous incarnez. Vous avez sciemment organisé ce rapt dans le but de vous arroger le pouvoir constant votre impopularité. Tout le monde avait compris que vous ne pouviez pas gagner à la loyal ce scrutin. Alors vous avez choisi la manière forte. Vous êtes les responsables de ce fiasco électoral et de cette plongée dans un abîme sans fond de cette nation comorienne, tant humiliée que meurtrie. Vous êtes les fossoyeurs de l’unité nationale et le jour viendra où vous répondrez de vos actes devant le tribunal populaire.
Peuple comorien, ne te laisse abattre, relève ta tête. Car toutes les dictatures tombent un jour ou l’autre !
ALI ABDALLAH Ahmed
Docteur en Droit public
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