Ancien ministre des Affaires étrangères et actuel bâtonnier de l'Ordre des avocats, Ibrahim Ali Mzimba est l'un des douze candida...
Ancien ministre des Affaires étrangères et actuel bâtonnier de l'Ordre des avocats, Ibrahim Ali Mzimba est l'un des douze candidats d'opposition qui affronteront le président comorien, Azali Assoumani, lors du scrutin du 24 mars prochain. Interview.
Déjà tenté par l’idée de se présenter à la présidentielle en 2016,Ibrahim Ali Mzimba a franchi le pas cette année, à l’occasion de l’élection présidentielle anticipée du 24 mars prochain. À bientôt 56 ans, l’ancien ministre des Affaires étrangères – de 1997 à 1998 – et actuel bâtonnier de l’Ordre des avocats depuis janvier 2017, compte revenir sur la réforme constitutionnelle controversée adoptée en juillet, pour replacer les accords de Fomboni, auxquels il a activement participé en 2001, au cœur de la politique comorienne. Dans cette course, Ibrahim Ali Mzimba, qui se présente comme candidat indépendant, compte bien battre Azali Assoumani.
Jeune Afrique : Vous signez votre retour sur la scène politique en participant à cette élection présidentielle anticipée. Pourquoi cette candidature ?
Ibrahim Ali Mzimba : Parce que l’État de droit est trop souvent bafoué dans ce pays ces derniers mois. Depuis la disparition de la Cour constitutionnelle, décidée par le président Azali, sans aucune concertation, les textes fondamentaux qui régissent le pays sont malmenés par le pouvoir. Arrestations arbitraires, népotisme… nous assistons à une véritable dérive du régime, à laquelle il est urgent de mettre un terme. Je me présente donc pour rétablir l’État de droit aux Comores.
JE ME SUIS DÉSENGAGÉ DU CHEF DE L’ÉTAT LORSQUE J’AI COMPRIS L’UTILISATION QU’IL COMPTAIT TIRER DES ASSISES NATIONALES POUR SON PROPRE PROFIT
Vous étiez pourtant un proche du président Azali Assoumani...
J’ai cru en lui lorsqu’il a été élu en 2016, mais moins d’un an après son élection, le réformateur annoncé s’est transformé en conservateur du pouvoir, pour lui-même et son camp. Je me suis désengagé du chef de l’État lorsque j’ai compris l’utilisation qu’il comptait tirer des assises nationales pour son propre profit.
Étiez-vous opposé à la réforme constitutionnelle qui en a découlé ?
Le président Azali Assoumani n’avait pas le mandat pour une telle réforme. Je reste persuadé que la présidence tournante sur cinq ans, telle que prévue par les accords de Fomboni [la nouvelle Constitution accorde un mandat de cinq ans renouvelable une fois, contre un seul quinquennat autorisé auparavant, ndlr], reste pour l’instant la meilleure garantie d’équilibre entre les trois îles [Grande Comore, Anjouan et Mohéli, ndlr]. Et contrairement à ce qu’affirme le chef de l’État, cette Constitution divise davantage le pays qu’elle ne l’unifie.
AZALI ASSOUMANI NE JOUIT PAS D’UNE POPULARITÉ SUFFISANTE POUR SE FAIRE ÉLIRE LE SOIR DU PREMIER TOUR
Avec douze candidats, l’opposition ne prend-elle pas le risque de disparaître dès le premier tour ?
Azali Assoumani ne jouit pas d’une popularité suffisante pour se faire élire le soir du premier tour, même sur la Grande Comore où il n’était arrivé que second en 2016, derrière Mouigni Baraka Saïd Soilihi, qui se représente cette année. Et si nous partons en ordre dispersé au premier tour, nous sommes déjà d’accord pour nous réunir au second derrière le mieux placé d’entre nous.
C’est justement l’objet de la plateforme lancée par l’opposition la veille du lancement officiel de la campagne ?
Entre autres, mais notre principale préoccupation reste de garantir la sécurisation et la transparence des scrutins. Nous avons fait des demandes officielles auprès de l’UA, de l’OIF et de l’ONU pour que la communauté internationale envoie des observateurs. C’est le seul moyen de garantir la validité des opérations et d’empêcher l’armée de faire pression sur les électeurs, comme cela a pu être constaté lors du référendum de juillet.
Par Olivier Caslin ©Jeune Afrique
Par Olivier Caslin ©Jeune Afrique
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