Les élections anticipées sur les présidentielles ont suscité beaucoup d’intérêt dans l’ensemble des catégories socioprofessionnelles y co...
Les élections anticipées sur les présidentielles ont suscité beaucoup d’intérêt dans l’ensemble des catégories socioprofessionnelles y compris la diaspora. Cette appétence des candidats de l’opposition pour le fauteuil présidentiel s’est exprimée en ordre dispersé créant un malaise au sein des grands partis d’opposition notamment le parti Juwa et l’UPDC dont les cadres n’ont pas su se plier au choix des militants. Dans telles conditions, la candidature du Président Azali Assoumani semble confortable.
Les élections présidentielles anticipées aiguisent autant des désirs. Parmi les vingt candidats qui ont déposé leur dossier de candidature à la Commission Electorale Nationale Indépendante, Seize seulement ont été retenus par la Cour Suprême. Ils sont tous des hommes de valeur qui prétendent conduire la destinée des Comores. Ils viennent des milieux différents.
On compte quatre avocats, deux parlementaires, deux anciens gouverneurs, un universitaire, un entrepreneur, un ancien Vice-Président et leader politique, un consultant, un ancien chef d’état-major, un ancien Ambassadeur, un juriste et un ancien Président. Le plus âgé d’entre eux vient de la société civile, Djaffar El Maceli, le plus jeune, Achmet Saïd, du milieu académique.
La cartographie socioprofessionnelle dénote d’une représentation de grandes institutions du pays telles que le pouvoir parlementaire, le pouvoir judiciaire, le pouvoir exécutif, le pouvoir économique et le pouvoir politique. La société civile ainsi que la diaspora se greffent dans cette épopée électorale. Tous saisissent l’occasion que leur offre la Constitution de 30 juillet 2018 pour participer à la bataille électorale, une Constitution laquelle la plupart d’entre eux ont tenté de boycotter.
Les hauts cadres de ce parti Juwa ne croient plus aux règles du jeu démocratiques.
Trop plein de candidats indépendants
La course pour le fauteuil présidentiel est marquée par la surreprésentation des candidats indépendants. En effet, on observe que sur les 16 candidats retenus, trois seulement portent l’affiliation d’un parti politique tandis que les autres se présentent sans étiquette. Il n’empêche que l’on ne constate des doublons.
À l’UPDC, d’abord, l’ancien Vice-Président est supplanté par un sniper. Au parti Juwa, le député de Moroni, Ibrahim Mohamed Soulé voit sa marge des manœuvres très réduite et sa légitimité contestée. Sa candidature est mise à mal par l’ambition de trois dissidents : Maitre Mahamoud Ahamada qui lâche son client le temps de la campagne, Maitre Fahmi Saïd Ibrahim qui dénonce le jeu des primaires du parti Juwa et enfin, Saïd Djaffar El Maceli qui conteste les résultats. En outre, l’ancien chef d’État major, Mohamed Soilihi que l’on présente comme le candidat atypique, part sans perspectives sérieuses si l’on se réfère aux dernières élections législatives 2015.
L’Union d’opposition vole en éclat.
Quant aux autres indépendants, ils ne représentent que des candidatures de notoriété qui profitent de cette occasion unique pour se faire entendre.
Logiques gagnantes ou choix des losers ?
Le trop-plein des candidats indépendants sans machine mobilisatrice, sans bases électorales solides et sans fiefs historiques amenuise leurs chances de se trouver en position de challenger. L’on se pose des questions sur la logique en ordre dispersé et les stratégies du parti Juwa et de l’UPDC.
Le fait même que ces prétendants sont pour la plupart inconnus à l’échelle nationale place deux ou trois candidats en position très confortable.
Quelles analyses sur ces candidatures ?
La bataille électorale qui engage des candidats à dimension régionale et en ordre dispersé créée les conditions favorables au candidat de la mouvance.
Les premiers constats que l’on peut faire, ce que la présence des grands ténors rivalisant Mohamed Soulé rend compte d’une crise de leadership au sein du Parti Juwa. Cela donne l’impression que les hauts cadres de ce parti ne croient plus aux règles du jeu démocratiques. Ils ne se souscrivent pas aux choix des militants. Et sur ce faire, ils foulent au pied la démocratie de la majorité.
Deuxième constat, l’Union d’opposition vole en éclat. Les positions apparemment communes n’étaient en réalité que des prises de position de façade sans réelle conviction du jeu collectif.
La surreprésentation des candidats sans couleur politique préfigure le signe d’une crise de la représentativité politique. Le déclin du parti politique semble irréversible et l’on tend vers l’individualisation des causes et des batailles électorales. Ce qui signerait malheureusement la fin de la démocratie représentative.
La pléthore des candidats issus des milieux de pouvoir et bien éduqués renforce la légitimité tant décriée de la nouvelle Constitution. Celle-ci ouvre désormais des voies de participation politique à des univers naguère empêchés par des dispositions constitutionnelles. La diaspora manifeste sa volonté de montrer sa voix au chapitre.
En somme, la bataille électorale qui engage des candidats à dimension régionale et en ordre dispersé créée les conditions favorables, possibles, et plausibles d’une victoire de la mouvance.
Msa Ali Djamal
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