Quid du Capitaine Salami dans le procès du gendarme mutilé ? Pourtant son nom est revenu sans cesse. Certains prévenus l’ont identifié. L...
Quid du Capitaine Salami dans le procès du gendarme mutilé ? Pourtant son nom est revenu sans cesse. Certains prévenus l’ont identifié. Le président de la cour de sûreté a fait la sourde oreille. L’absence du Capitaine Salami à la barre installe un doute raisonnable sur l’objectivité du procès.
Un verdict et des interrogations! Le procès dit du gendarme mutilé des 16 et 17 décembre derniers suscite quelques interrogations et non des moindres. Il nous apparaît crucial de les soulever.
Et ce malgré le fait que le verdict soit rendu et «les coupables» en prison sans possibilité de recours. Crucial parce qu’il se pourrait qu’un agresseur soit libre. Lundi dans la journée, lors de la dernière audience, un dénommé Soular a témoigné à la barre avoir identifié celui qui aurait mutilé le sergent Radjabou, le 30 juillet, jour du référendum de changement constitutionnel.
Nous avons décidé de retranscrire ses propos. « J’ai identifié Capitaine Salami mercredi (le 1er août) ». Le président de la Cour de sûreté, alors, lui demande si cet individu se trouvait avec lui dans la salle d’audience. Réponse du dénommé Soular : « alors que nous devions venir au tribunal ensemble (on suppose que c’est pour les besoins de l’instruction de l’enquête), des gendarmes l’ont empêché de nous suivre.
Arrivés au tribunal, nous étions 7, deux ont été embarqués pour aller ailleurs. La procédure a suivi son cours. Le juge m’a demandé si je reconnaissais les faits qui m’ont été reprochés. A peine commencé à livrer mon témoignage, le juge m’a signifié que je parlerai plus tard. J’ai été placé en mandat de dépôt dans la foulée et depuis ce jour, nous n’avons plus jamais revu Capitaine Salami, alors que nous nous attendions à ce qu’il nous rejoigne en prison ».
Et de poursuivre, « le jour où je l’ai identifié, vers minuit, j’ai tellement été battu que si j’avais des choses à cacher, je les aurais livrées sous la torture ». Il a explicité son propos en affirmant que son bourreau « lui a même arraché des dents au moyen d’une pince, pour que je livre un nom autre que celui de Salami, alias Capitaine ».
Le président de Cour de sûreté ne l’a pas laissé achever son récit. Le juge a alors passé la parole à Ismaila Mahamoud alias Dj. Il lui a demandé s’il connaissait le fameux Capitaine. Il n’a pas eu le temps de répondre. Il a fait venir à la barre un autre prévenu et a voulu savoir s’il connaissait Ismaila. Le prévenu lui a alors répondu que, « dans la cellule de l’immigration, j’ai aussi identifié l’agresseur. Les autres interpellés, notamment un certain Mzungu ont fait savoir qu’Ismaila l’avait aussi identifié et c’est à partir de là que j’ai fait sa connaissance ».
Ismaila Mahamoud alias Dj, considéré par le président comme étant détenteur de plus amples informations concernant l’agression est rappelé à la barre : « j’ai entendu des gens scander ‘ Allah Akbar’, avec un drapeau et des brassards rouges et ils se trouvaient au Rond point Salimamoud. De tous ceux qui étaient là, j’ai retenu le visage de celui que j’allais finir par identifier comme étant Capitaine». A ce niveau, alors qu’il expliquait qu’il était ligoté sur une chaise, le président de la Cour l’a de nouveau interrompu.
Il a tenté de terminer son récit, en vain, face à un président qui visiblement ne voulait rien entendre des sévices subis et des aveux qui auraient pu en découler. Il a par contre voulu s’assurer si Dj était bien sûr que Capitaine « était bien celui qui avait mutilé le malheureux gendarme». Les témoignages de ceux qui se sont succédé à la barre corroborent avec les affirmations tenues par Ismaila Mahamoud et Soular.
Alors que le verdict est rendu, et malgré ces affirmations-là, le dénommé Capitaine Salami n’a pas été appelé à la barre, ni cité parmi les prévenus. Evidemment, il n’a pas été condamné alors que l’ancien-vice-président Djaffar et le député Tocha Djohar l’ont été par contumace. Ce doute laissé entier est susceptible de remettre en cause l’objectivité du procès. Surtout que, alors qu’ils étaient des prévenus, certains ont fait savoir que Capitaine Salami était le protégé de certaines autorités.
A ce propos, l’un d’entre eux a demandé au président de la Cour de faire venir un certain Paul travaillant « à l’immigration », parce que selon lui, il détient des informations capitales sur la personne de Capitaine. Evidemment, le juge n’a pas accédé à sa requête…
Un article signé par La rédaction de La Gazette des Comores et de Masiwa
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