Les deux candidats à l'élection présidentielle malgache, Andry Rajoelina (droite) et Marc Ravalomanana (gauche) le 9 décembre 2018. © ...
Les deux candidats à l'élection présidentielle malgache, Andry Rajoelina (droite) et Marc Ravalomanana (gauche) le 9 décembre 2018. © Mamyrael / AFP |
A Madagascar, les réseaux sociaux s’invitent dans la campagne présidentielle. Certains groupes Facebook de réflexion lancent régulièrement des discussions qui génèrent souvent des débats enflammés.
Pendant l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2013, Rivo Rakotondrasanjy, entrepreneur tananarivien, s’inquiète de l’absence de débat autour des aspects économiques. Il crée alors « Débattons de la relance économique », un groupe de réflexion sur le réseau social Facebook. Aujourd’hui, 16 000 membres répartis dans le monde entier alimentent cette plateforme devenue influente sur la toile malgache grâce à des échanges argumentés autour de sujets économiques atypiques.
Cinq ans après, pour le fondateur, le constat semble être le même qu’en 2013. « J’ai remarqué depuis le lancement de la campagne des discours trop populistes qui n’entraient pas dans le fond du problème du développement de Madagascar, note-t-il. D’où vient et comment se structure le financement du programme de chaque candidat ? Parce qu’il y a beaucoup d’annonces, sans dire exactement d’où viennent les fonds ».
« Est-ce qu’il va y avoir augmentation des taxes et des impôts ? demande-t-il encore. Est-ce qu’on va solliciter encore l’appui et le financement des bailleurs de fonds traditionnels, sachant que ces bailleurs-là ont posé une condition : le vote sur le recouvrement des avoirs illicites et le blanchiment de capitaux, lois qui ont été présentées plusieurs fois à l’Assemblée nationale mais qui n’ont jamais été votées ? Et puisqu’ils ont déjà dit qu’ils comptent recourir à des financements non-conventionnels, nous, Malgaches on aimerait vraiment savoir et de la manière la plus claire possible, quelles sont les contreparties de ces financements-là ! »
« Règlement de comptes trivial »
Rivo Rakotondrasanjy a posté ces questions sur le groupe. Il exhorte les journalistes qui animeront le second débat ce dimanche 16 décembre à les poser aux candidats. « Ce qui est inquiétant, c’est qu’il y a quand même une partie importante des électeurs qui est très facile à séduire grâce à ce type de promesses électorales, sans se préoccuper vraiment des engagements que le pays doit prendre en sollicitant ces prêts-là, poursuit-il. Et ce qui me fait peur et autant qu’on le sache tout de suite : d’où vient l’argent et à quoi nous nous sommes engagés ? Certes, ces questions-là, ce n’est qu’une certaine couche de la population qui se les pose. Mais les réponses concernent tout le monde ».
En moins de trois heures, la publication a été partagée 90 fois et entraîné plus de 300 réactions. Dans les commentaires, les internautes sont d’accord sur l'idée d’imposer ces questions aux candidats, mais sceptiques sur le fait que les journalistes osent les poser et fatalistes quant à la forte possibilité que les candidats les évitent finalement par une habile pirouette.
Un thème a par ailleurs été fortement abordé dans ces groupes ces jours-ci : le débat télévisé de dimanche dernier. Entre les commentaires partisans de l’un ou l’autre candidat, beaucoup d’internautes ont aussi fait part de leur déception voire de leur dégoût concernant la tournure qu’a pris le débat : un « règlement de comptes trivial » entre deux vieux ennemis de la politique.
Par RFI
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