Avis aux futurs candidats! L'absence de justice, l'impunité, l'éducation, la santé, l'hygiène et l'assainissement...
Avis aux futurs candidats!
L'absence de justice, l'impunité, l'éducation, la santé, l'hygiène et l'assainissement, l'accès à l'eau et à l'énergie, les transports, les télécommunications, l'enclavement de nos îles et de beaucoup de villages, le manque de professionnalisme et d'expertise dans tous les domaines, l'instrumentalisation de la religion, les conflits communautaires, la désagrégation des mœurs, la corruption, l'imposture, le manque de vision économique et donc de financement et d'accompagnement de l'activité productive, le chômage des jeunes, la délinquance et l'insécurité grandissante, la place des femmes dans la société, la protection des enfants, l'urbanisation et l'aménagement du territoire... Voilà en vrac toutes les préoccupations qui attendent les futurs gouvernants de ce pays.
Plus les gros dossiers, Mayotte, le pétrole et le gaz, notre diplomatie, la gestion de notre espace maritime et aérien, la citoyenneté, le vivre-ensemble sur notre archipel.
Des candidats commencent à émerger par ci par là mais en aucun moment on n'entend parler de projet, de vision, d'objectifs et encore moins de résultats attendus. Ah si, certains vous diront qu'ils ne feront pas pire que Kiki, comme si le but était de faire mieux que Kiki.
Non messieurs, le but, c'est de gouverner ce pays comme il n'a jamais été gouverné, avec des institutions qui répondent à la fois aux besoins de la population et à la nécessité de s'inscrire dans le progrès, et ce, de manière durable.
Pour cela, il nous faut à sa tête un leader qui dispose d'une vision cohérente et pragmatique de ce qu'il veut faire du pays et un entourage de professionnels à la tête de chaque ministère pour insuffler la dose de compétence et de rigueur nécessaires pour remettre sur pied une administration complètement sclérosée.
Nous avons besoin d'économistes pour déterminer les leviers de croissance susceptibles d'engranger les ressources nécessaires au développement tout en générant de l'emploi. Nous avons besoin de professionnels de l'éducation pour redresser ce secteur, offrir des formations qualifiantes aux générations sacrifiées ces dernières années et relever la qualité de l'éducation fournie par nos écoles en lien avec les débouchés que peut offrir notre économie.
Nous avons besoin de spécialistes en santé, hygiène et assainissement pour réhabiliter une offre de santé de qualité et accessible au plus grand nombre ainsi que pour éliminer l'insalubrité dans nos localités.
Nous avons besoin de financiers pour nous aider à mobiliser les ressources tant internes qu'externes pour couvrir les besoins de financement de l'Etat. Nous avons besoin de revaloriser nos grilles salariales pour rendre le travail décent et lutter contre la corruption.
Nous avons besoin de juristes pour nous élaborer une Constitution juste et équilibrée, pour rétablir la primauté du droit et pour sauvegarder l'indépendance et l'intégrité de la justice.
Nous avons besoin de diplomates pour penser intégration régionale, avantages comparatifs, partenariats stratégiques. Nous avons besoin d'architectes, d'ingénieurs, de techniciens pour nous redessiner nos villes, nos routes, nos marchés. Nous avons besoin d'environnementalistes, d'agronomes, tout autant d'artistes capables de nous faire imaginer d'autres Comores possibles.
Alors par pitié, épargnez nous des émergentistes du dimanche, des candidats qui ne parlent que de leurs stratégies de conquêtes de voix sans parler de l'après, de ceux qui prétendent avoir mis le train en marche et qui attendent que l'on pousse la locomotive (sans y monter bien sûr), des brillants esprits qui pensent qu'être nouveau est forcément synonyme d'efficacité.
Futurs candidats, emmenez nous dans les étoiles mais gardez les pieds sur terre. Et n'oubliez pas qu'avant le grand saut, il y a deux difficultés majeures à cerner, elles s'appellent CENI et Cour Suprême. Bon vent et vive la République!".
Par Nadia Tourqui, experte en gouvernance démocratique
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