LA ROUTE HAHAYA-MITSAMIHOULI OU LE TRONÇON DE TOUTES LES INCERTITUDES ? La fin des travaux de construction de la route Hahaya-Mit...
LA ROUTE HAHAYA-MITSAMIHOULI OU LE TRONÇON DE TOUTES LES INCERTITUDES ?
La fin des travaux de construction de la route Hahaya-Mitsamihouli a sonné. Presque deux ans après le lancement de la construction par une entreprise privée chinoise du tronçon de route qui reliait l'aéroport de Hahaya et la ville de Mitsamihouli en passant par Ntsaoueni les travaux ont pris fin.
Les usagers sont aux anges ; les riverains enchantés et les partisans revigorés. Toutefois, derrière cette foule en liesse , ne se cachent-elles pas d'autres inquiétudes voire incertitudes ?
La question que nous nous posons aujourd'hui est simple : à quel prix nous revient ce confort ?
Pour vu que notre route est là, peu importe pour nous la gène occasionnée par les travaux;
Peu importe pour nous les épidémies qui ont touché les riverains ; Peu importe pour nous les violences subies par les victimes d'agressions verbales,physiques liées aux travaux; Comme peu importe pour nous ,les blessures psychologiques des victimes de spoliation ou autre.
Selon Frédéric Bastiat, "La spoliation est l'action de dépouiller autrui de sa propriété par la violence ou par la ruse. C'est en général le fait de l'État, en temps de guerre comme en temps de paix".
C'est ce qui a permis, peut-être à l'Eat Comorien de signer un arrêté autorisant CGC, la compagnie chinoise à s'installer gratuitement à Domoni yamboini entre la ville de Ntsaoueni et l'aéroport Said Ibrahim de Hahaya sans aucune contrepartie. Parti de 18 mois, on parle aujourd'hui d'un contrat ou dis-je d'une autorisation de 10ans je ne sais pas.
Je rappelle que ces installations ont été prévues pour faciliter la construction du tronçon de route pour une durée de 18 mois.
Dans nos villages, il suffit qu'un groupe de personnes, jeunes comme vieux se décident au nom de, je ne sais quelle lois, pour arracher un terrain privé et le destiner à une réalisation d'intérêt général disent ils. Et cela, sans aucune compensation ou indemnisation.
Certaines victimes se soumettent soit parce qu'elles n'ont pas la force de se battre contre le pouvoir traditionnel qui se définit comme un gouvernement (Mdji yiyo sirkali), soit parce qu'elles ne veulent pas être indexées comme contre le développement (Ntsi wonehe nayi bure). Certains plus forts ou plus rusés arrivent à s'opposer contre ces vols déguisé, surtout quand ils sont dans une bonne position dans la ville ou au gouvernement central.
Dans un cas comme dans l'autre, les blessures psychologiques pour n'avoir pas su défendre son bien ou celui de la famille restent très profondes malgré l'appartenance au groupe. Ntsaoueni par exemple, ville pourtant jouissant d'un capital culturel très énorme n'a pas échappé à la règle.
Au cours de la construction de la route Hahaya Mitsamihouli, une parcelle du feue Abou Soilihi (paix à son âme) a été remise aux chinois pour la construction d'un parking pour la collectivité sans le consentement des héritiers et aucune voix ne s'est levée, en tout cas officiellement. D'autres riverains auraient perdu des morceaux de terrain pour l'élargissement de la route sans aucune indemnisation comme cela était prévu au tout début des travaux.
Mais le plus rigolo de ce système c'est l'exploitation ou la destruction des Montagnes historiques de Bokongo par cette entreprise privée sans aucun pouvoir de contrôle ni des villageois ni de l'état ni des héritiers. Et le silence de ces derniers, gardiens du temple, nous interroge.
Il est vrai que dans un passé proche, nous avons détruit le palais de Daramboini pour la mise place de la grande mosquée de vendredi alors même que nous avions d'autres espaces.
Nous avons ensuite détruit la mosquée de Darimbamba pour construire la place des Madjilisi en bas de l'estrade de la mosquée de vendredi. Sauf que cette fois-ci, nous avons laissé faire des étrangers sans bouger, ne serait-ce que, notre doigt.
Au passage, je salue, néanmoins, le courage de sandi MOINDJIÉ et sandia Karima Mbechezi, qui ont été les premiers à tirer la sonnette d'alarme sur l'opacité qui a entouré le dossier montagnes de Bokongo et la société CGC. Mais pourrons nous, un jour , nous relever des promesses incertaines qui nous ont aveuglés et des blessures qui en sont suivies ?
Abacathir ABDILLAH
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