En direct du palais de justice de Makadara, Nairobi (Kenya) J'ai du annuler mon retour à Moroni, initialement prévu hier, pour as...
En direct du palais de justice de Makadara, Nairobi (Kenya)
J'ai du annuler mon retour à Moroni, initialement prévu hier, pour assister et défendre trois autres jeunes femmes comoriennes qui devaient comparaître devant le tribunal de Makadara de Nairobi le 28 novembre 2018 pour séjour irrégulier, faux et usage des faux et tentative de se rendre irrégulièrement en Europe.
Leur dossier a finalement été jugé ce matin.
À l'audience de ce jour, elles ont plaidé coupable. Elles ont été condamnées chacune à payer 500€ d'amende et qu'une peine d'emprisonnement à été prononcée à leur encontre.
Après négociation et paiement de l'intégralité des amendes, soit1500€, le tribunal a ordonné leur liberté et la reconduite aux frontières de nos soeurs.
Leur retour à Moroni interviendra après présentation des titres de transport et pièces d'identité.
Une autre audience se tiendra dans un quart d'heure, pour se rassurer si nos compatriotes (5 femmes et 6 hommes), déjà jugés lundi dernier, remplissent les conditions exigées par le tribunal (titre de transport et pièces d'identité) préalablement à leur libération, qui, je l'espère, sera ordonnée cet après midi.
Nous aurons ainsi terminé ce marathon judiciaire engagé avec succès par certains de nos compatriotes ( 4 bénévoles ) établis à Nairobi avant mon arrivée au Keyna dimanche dernier.
Opportunément, je profite de mon séjour à Nairobi pour dénoncer et appeler les autorités africaines à prendre la mesure des conséquences dramatiques pour nos populations, notamment la jeunesse africaine, du fléau de l'immigration irrégulière vers l'Europe, qui est sans doute un défi certes mondial mais avant tout africain.
La responsabilité des dirigeants africains à ce drame est entière. Ils leur incombe de trouver une solution durable et pérenne à cette crise humanitaire du siècle.
C'est pourquoi, dans ma plaidoirie de ce matin et cet après, j'ai tenu à exprimer mon indignation et ma révolte contre le traitement réservé aux africains par des autorités africaines.
L'image des femmes africaines qui comparaissent détenues pour séjour irrégulier dans un pays africain et menottées comme s'il s'agit des grandes criminelles est humainement insupportable.
La réponse à ce drame n'est pas pénale ni dans la répression de ceux et celles qui en sont les premières victimes. L'Afrique envoie au monde un message dégradant de la femme africaine.
En ma qualité d'avocat, je le ferai savoir demain dans le cadre d'une conférence de presse que je tiendrai à Nairobi et dans mes correspondances aux organisations de la société civile panafricaines et aux instances du Continent.
Said LARIFOU, Avocat
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