«Azali veut se positionner comme le meilleur allié de la France pour l'exploitation du pétrole comorien»
Entrevue avec le Vice-Président de Badili Comores, Ahmadou MZE SOILIHI, au sujet de déclaration conjointe entre l’Etat comorien et l’Etat français.
Cette déclaration conjointe est une pièce à conviction de la France pour justifier auprès des nations unies et la communauté internationale qu’elle a trouvé un accord avec les Comores. Le reste ne représente que diversion pour tromper les comoriens.
HabarizaComores : Monsieur le VP, une déclaration conjointe est rendue publique le 6 novembre entre l’Etat comorien et l’Etat français, mettant fin à la crise diplomatique entre les deux Etats. Quelle est votre réaction ?
VP Badili : D’abord, je fais observer que la déclaration est tripartite et non bipartite, puisque Mayotte participera aux discussions au sein du COPIL. C’est à mon avis le grand changement, par rapport aux précédents accords ou déclarations faits par les précédents régimes. Pour la première fois dans l’histoire, l’Etat comorien accepte que Mayotte participe au dialogue et je me demande avec quel statut ?
Si c’est pour offrir à Mansour Kamardine une tribune pour insulter la nation comorienne l’issue risque d’être fatale pour une résolution du conflit, car les comoriens ne l’accepterons pas. En revanche, s’il s’agit d’initier un dialogue sincère qui posera la problématique de l’intangibilité des frontières comoriennes telles qu’internationalement reconnue et essayer d’en dégager des propositions qui s’inscriront dans la durée comme en Nouvelle Calédonie ou Hong Kong… c’est acceptable avec grincements de dents.
HabarizaComores : Finalement, les 7 mois de crise diplomatique ont servi à quoi ?
VP : Notre ami Amine SOUEF, chef de la diplomatie comorienne est mieux placé que moi pour répondre à cette question. Je peux simplement dire, qu’il nous a émerveillé par son discours et ses prises de positions courageuses notamment quand il disait que « la France doit nous remettre les clés » ou à propos de la suspension du visa que les « comoriens iront se soigner et étudier ailleurs »...
Sauf que curieusement le Président Azali était resté muet pendant cette crise, comme s’il était en désaccord avec son MIREX, chose qui est impossible. Amine SOEUF aurait-il servi de fusible ?…En tant qu’observateur politique extérieur, je me demande finalement si le Président Azali ASSOUMANI ne serait pas servi de ce « contentieux désagréable » sur Mayotte pour monter les enchères afin de ramener la France à soutenir son action politique, sachant que cette dernière est en désaccord avec lui et ne lui fait pas confiance.
Sauf que curieusement le Président Azali était resté muet pendant cette crise, comme s’il était en désaccord avec son MIREX, chose qui est impossible. Amine SOEUF aurait-il servi de fusible ?…En tant qu’observateur politique extérieur, je me demande finalement si le Président Azali ASSOUMANI ne serait pas servi de ce « contentieux désagréable » sur Mayotte pour monter les enchères afin de ramener la France à soutenir son action politique, sachant que cette dernière est en désaccord avec lui et ne lui fait pas confiance.
HabarizaComores : La déclaration conjointe affiche une volonté des deux parties à aider économiquement les autres îles à se développer pour éviter les migrations économiques et sanitaires vers Mayotte. Ne pensez-vous pas que c’est un début de résolution du conflit ?
VP : Résolution de quel conflit ? Développer les autres îles c’est une bonne chose pour le pays, lutter contre les trafics humains pour arrêter les morts en mer c’est formidable, offrir des soins de qualité et des emplois aux comoriens c’est excellent, mais tout ceux-là relèvent des prérogatives minimales et des missions d’un gouvernement qui se respecte. Je ne pense pas que nous ayons besoin de faire une déclaration conjointe avec la France pour dire au monde entier et aux comoriens que nous allions faire notre devoir.
C’est ridicule, car cela me semble évident et logique qu’un gouvernement maîtrise les déplacements de sa population, s’occupe des soins, de l’emploi des jeunes et de leurs formations, surveille ses garde-côtes...Mais surtout un gouvernement doit assurer l’intangibilité des frontières de son pays et c’est sur ce dernier point que l’opinion attend juger le MIREX et le gouvernement conduit par Azali ASSOUMANI, car le vrai conflit se situe à ce niveau.
Cette déclaration est une pièce à conviction de la France pour justifier auprès des nations unies et la communauté internationale qu’elle a trouvé un accord avec les Comores. Le reste ne représente diversion pour tromper les comoriens.
Cette déclaration est une pièce à conviction de la France pour justifier auprès des nations unies et la communauté internationale qu’elle a trouvé un accord avec les Comores. Le reste ne représente diversion pour tromper les comoriens.
HabarizaComores : Certaines personnes de l’opposition parlent de capitulation de l’Etat comorien. Vous diriez quoi en tant que VP du mouvement Badili Comores ?
VP Badili : Pour rappel, entre 2002 et 2016, sous Azali II, le pseudo-révolutionnaire Abdou SOEUFOU alors MIREX a demandé aux nations unies de suspendre la question de Mayotte à l’ordre du jour des assemblées annuelles. Et ce pour satisfaire une demande très ancienne de la France qui a toujours été refusée par les hauts dignitaires qui ont précédés Abdou SOUEF au MIREX. Ce fut un premier succès de la France, qui a pu par la suite continuer son chemin jusqu’au référendum de 2009, lequel a consacré illégalement l’autodétermination des mahorais à devenir la 101éme départements Français.
Rappelons aussi que la diplomatie comorienne, sous Ahmed Abdallah Sambi n’a pas fait mieux, lorsqu’elle s’est contentée d’un communiqué pour qualifier de « nul et non avenu » le référendum organisé par la France, au lieu de mobiliser l’opinion internationale à l’époque pour bloquer ce putsch référendaire, politico-juridique français, contre l’unité de l’Etat comorien. Ces deux hommes politiques, Azali et Sambi, qui s’affrontent depuis 15 ans, ont chacun capitulé à des degrés différents. De mon point de vue, cette déclaration conjointe n’est rien d’autre qu’une nième capitulation de Azali ASSOUMANI et les comoriens doivent le refuser en le sanctionnant sévèrement lors des prochaines échéances si elles ont lieu.
HabarizaComores : Quelle solution envisagez-vous en tant que mouvement politique en naissance ?
VP Badili : D’abord, il était de notre devoir d’informer au peuple comorien les vrais enjeux en exergue en ce moment : La France veut contrôler l’exploitation du pétrole et se maintenir à Mayotte en même temps. Le Président Azali ASSOUMANI ayant compris cela, veut se positionner comme le meilleur allié pour assurer ces intérêts à la France et en profiter pour négocier le soutien de celle-ci à se maintenir au pouvoir aussi longtemps que c’est nécessaire pour lancer le projet d’exploitation du pétrole.
Car, la proximité de Sambi à l’Iran, le Quatar, la Libye n’a pas rassuré la France et les Etats unis qui veulent en même temps contrôler les Comores, pays jugé vulnérable au terrorisme à cause de la loi sur la citoyenneté économique qui a permis la vente des passeports à des personnes jugés sensibles ou dangereux. La seule solution qui s’impose c’est de tourner la page avec ces deux hommes (Sambi et Azali) pour faire émerger une nouvelle génération politique, expérimentée et patriote pour constituer une vraie alternative à ces oligarchies incarnées par Azali et Sambi depuis 15 ans.
Il faut une équipe à l’image des « cœlacanthe » à la tête du pays. C’est-à-dire une équipe qui sera composée par les meilleurs éléments de notre pays qui se trouvent au pays et à l’étranger. Notre mouvement Badili Comores est prêt à tenter l’expérience si les comoriens lui donne confiance aux prochaines échéances électorales.
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