France. Rapt d’un enfant à Rennes: le procès d’un accusé «insaisissable» «Insaisissable» et «immature»: la cour d’assises d’Ille-et-V...
France. Rapt d’un enfant à Rennes: le procès d’un accusé «insaisissable»
«Insaisissable» et «immature»: la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine a cherché mercredi à cerner la personnalité d’Ahamed Ansuifoudine, 27 ans, ravisseur d’un garçon de 4 ans enlevé en août 2015 à Rennes, jugé pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle.
L’enfant avait disparu dans l’après-midi du 15 août après avoir échappé à la vigilance de sa mère, à Rennes. Il était parti «acheter des boissons» avec un homme que sa mère et son oncle ne connaissaient que depuis quelques jours et qu’ils hébergeaient.
Ahamed Ansuifoudine est-il «un affabulateur» ou enfant a-t-il «vécu l’insoutenable» comme il l’affirme ? Visage figé, regard vide: au premier jour du procès, l’accusé jugé pour «enlèvement», «séquestration» et «agression sexuelle» sur mineur de 15 ans a partiellement reconnu les faits.
«Je reconnais certaines accusations, sauf les attouchements», a déclaré d’une voix grave le jeune homme aux cheveux crépus et à la petite barbe noire. Interrogé sur les faits d’enlèvement, il a répondu: «je ne le conteste pas».
En présence de la famille du garçon, la cour a longuement cherché à éclaircir le parcours et les déclarations - confuses et contradictoires - de l’accusé aux enquêteurs. Deuxième d’une fratrie de neuf enfants, Ahamed Ansuifoudine, né à Mayotte, est revenu sur l’enfance «difficile» qu’il dit avoir vécue à la Réunion, affirmant avoir été «maltraité» et «rejeté» par sa mère.
«On nous donnait des coups, on ne nous donnait pas à manger, on nous laissait seuls pendant quatre jours à la maison», a déclaré l’accusé, voûté, la voix lancinante, affecté par un traitement médicamenteux antipsychotique. Le président de la cour lui fait remarquer que ces faits de maltraitance ne se seraient produits qu’une fois, comme l’attestent des brûlures sur ses bras, selon sa mère.
Il consomme très jeune alcool et cannabis, multiplie les fugues. Placé en foyer par sa mère à 14 ans, il allègue y avoir été victime à 16 ans d’attouchements de la part d’un éducateur. Il aurait cherché à porter plainte, sans succès. Il peine à convaincre le président qui, citant la mère de l’accusé, absente au procès, a indiqué avoir placé son enfant au motif qu’il «mettait le foyer en péril».
A son propos, sa mère évoque une personne «insaisissable» et un «affabulateur», souligne le magistrat. A la barre, une enquêtrice sociale a décrit un accusé qui peine à «reconstituer son parcours», pointant une «personnalité immature».
Récidiviste
La cour s’est intéressée aussi à ses antécédents judiciaires. Ansuifoudine a été condamné à 6 mois d’emprisonnement à Saint-Denis-de-la-Réunion pour soustraction d’un enfant de 9 ans, en décembre 2014, à la garde d’une femme avec laquelle il affirme avoir eu une relation.
«Si j’étais parti avec cet enfant-là, c’était pour voir mes parents (...) J’avais trop fumé», déclare Ansuifoudine. Le président lui demande: «Vous ne savez pas pourquoi vous avez agi comme ça ? -Non.» Pas plus que des faits plus tard d’agression sexuelle sur mineur, commis sous l’influence de l’alcool. Arrivé en métropole le 3 juin 2015, Ansuifoudine est hébergé quelques jours en août dans une famille d’origine comorienne à Rennes.
Très vite, il attire la sympathie de l’enfant et de sa soeur. Durant le séjour, il a dit aux enquêteurs avoir une fois placé son pouce sur le ventre du garçon entre le nombril et le sexe de l’enfant quelques secondes, que sa main était «partie dedans», mais affirme avoir «menti» aux enquêteurs.
Sur ses motivations d’enlever l’enfant, il reste vague: «Je voulais rester avec lui, pour passer un bon temps ensemble, lui faire profiter de choses.» Le déclenchement d’une alerte enlèvement avait permis de retrouver l’enfant sain et sauf le 16 août 2015, le lendemain de sa disparition, dans un TGV à Libourne (Gironde) en compagnie de son kidnappeur.
Ahamed Ansuifoudine encourt jusqu’à 30 ans de réclusion. Le verdict est attendu vendredi.
Avec AFP
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