«Punis parce qu’ils sont pauvres. Le recours injustifié, excessif et prolongé à la détention préventive à Madagascar». Un rapport d'Am...
«Punis parce qu’ils sont pauvres. Le recours injustifié, excessif et prolongé à la détention préventive à Madagascar». Un rapport d'Amnesty International. © Amnesty International |
En 2017 à Madagascar, 52 personnes sont mortes en détention préventive, dénonce l’ONG Amnesty international dans un rapport rendu public mardi 23 octobre 2018. La conséquence d’un recours abusif à une mesure d’exception dans des conditions déplorables. Le rapport se fonde sur des visites effectuées dans les établissements pénitentiaires du pays, à travers 11 000 personnes. Le bureau régional d’Afrique australe d’Amnesty a donné une conférence de presse à Antananarivo.
« Punis parce qu’ils sont pauvres », c’est le titre du rapport rendu public par l'organisation non gouvernementale Amnesty International. L’abus du recours à la détention préventive touche en priorité les hommes, les femmes et les enfants pauvres, qui ne peuvent pas se payer d’avocat.
Tamara Léger, membre du bureau de l'ONG et conseillère spéciale sur Madagascar, a sillonné neuf prisons du pays pendant un mois. La situation des mineurs l’a particulièrement choquée.
« 14-15 ans... ils dorment presque les uns sur les autres, complètement collés. Ils doivent attendre leur tour parfois pour s'allonger et toutes les heures, le chef de chambre tape dans ses mains pour qu'ils se retournent, parce que ça fait trop mal de dormir sur le même côté toute la nuit », confie-t-elle.
« Souvent de petits délits »
En octobre 2017, 80% des mineurs qui composent la population carcérale était en attente de jugement. Amnesty qualifie leurs conditions de détention comme inhumaines et dégradantes, sans distinction avec les condamnés : un peu manioc tous les jours, parfois véreux ; absence de soins de santé…
Deprose Muchena est le directeur du bureau d’Amnesty pour l’Afrique australe. Pour lui, la détention provisoire ne résout en rien le problème de la criminalité. « Il faut arrêter, nous explique t-il, de voir la détention provisoire comme un instrument de justice pénale, parce que ça ne fonctionne pas et ce n’est pas le cas. »
« Les crimes dont sont accusées les personnes en détention provisoire sont souvent de petits délits, ajoute-t-il. Cela doit cesser à la fois dans la pratique et être interdit par la loi. » A noter que le droit international et la Constitution malgache disent la même chose : la détention préventive est une mesure exceptionnelle. Par RFI
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