Dans une intervention récente à un colloque à Antananarivo, j’affirmais que la distance n’est pas uniquement une notion physique, elle es...
Dans une intervention récente à un colloque à Antananarivo, j’affirmais que la distance n’est pas uniquement une notion physique, elle est surtout politique.
Qu’il était plus facile depuis Moroni, de se rendre dans n’importe quelle pays d’Europe que de rejoindre Madagascar qui se trouve à 2 heures de vol d’avion des Comores. C’est la même impression que j’ai depuis Mutsamudu où il est plus facile d'acheminer des soldats et des armes que des hommes et du matériel pour prendre en charge des militaires et des civils blessés dans ces affrontements qui ont pris en otage la population.
Dans n’importe quel conflit où est engagée l’armée nationale, c’est-à-dire l’Etat, l’offensive militaire est accompagnée de dispositifs, c’est aussi le rôle de l’Etat pour soigner les blessés, prendre en charge les morts, assurer à la population les besoins vitaux (nourriture, eau, électricité, médicaments), le fonctionnement des services de base minimum (hôpitaux, pharmacie, les déplacements essentiels des nécessiteux, la circulation de l’information). En quatre jours d’une guérilla urbaine où les deux camps recourent à toutes les formes d’armes, je n’ai pas croisé une ambulance, un insigne du Croissant Rouge.
Et les politiques dans tout ça? Pensent-ils ramener le calme par des déclarations? Par des discours plus belliqueux que la situation qui les provoquent ? Aucune tentative de parler aux insurgés, ni de leur offrir une porte de sortie. Même chez Assad, les djihadistes syriens ont droit à une trêve et à des couloirs humanitaires pour créer les conditions d’une accalmie. Au contraire de tout cela, tout se passe comme si seule l’option de la mort doit faire taire les armes.
Par Eddine Mlivoidro
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