Les enjeux de l'élection présidentielle sont considérables pour Madagascar, un des pays les plus pauvres du monde. © RIJASOLO / AFP ...
Les enjeux de l'élection présidentielle sont considérables pour Madagascar, un des pays les plus pauvres du monde. © RIJASOLO / AFP |
Alors que la campagne électorale pour la présidentielle du 7 novembre est lancée, il s'agit pour les candidats de proposer des programmes réalistes et d'éviter tout ce qui peut entraver la sincérité du scrutin.
Peu de chances que le futur dirigeant de Madagascar soit un inconnu. La campagne présidentielle, officiellement lancée 7 octobre dernier, a en effet levé le voile sur les candidats à la fonction suprême. Et parmi les 36 candidats, on compte pas moins de quatre anciens chefs d'État et trois ex-Premiers ministres. Andry Rajoelina (2009-2014), Marc Ravalomanana (2002-2009), Didier Ratsiraka (1975-1993), et Hery Rajaonarimampianina, président depuis 2013, sont donc lancés dans la course, et ont délivré leurs programmes respectifs dans des meetings.
Le président sortant, 59 ans, a réuni ses militants à Itaosy, dans la province d'Antananarivo. Andry Rajoelina, 44 ans, s'est, lui, exprimé devant ses supporteurs aux couleurs de son parti, l'orange, à Antsiranana dans le nord de la Grande Île. Quant à Marc Ravalomanana, 68 ans, il a lancé sa campagne sur la place du 13-Mai, au cœur de la capitale.
Le défi : poser un cadre équitable accepté par tous
L'endroit n'est pas choisi au hasard. En effet, il y a six mois, la place a été le théâtre d'une forte contestation de l'opposition, qui réclamait la démission du président Hery Rajaonarimampianina. En cause, l'adoption le 3 avril de nouvelles lois électorales très contestées qui favorisaient, à l'approche des élections donc, le pouvoir en place.
Un des articles les plus critiqués concernait l'obligation, pour les candidats à la présidentielle, de fournir un extrait de casier judiciaire mentionnant toutes leurs condamnations. Une approche jugée inéquitable par la Haute Cour constitutionnelle malgache (HCC), qui a retoqué les textes et exigé la nomination d'un nouveau Premier ministre de « consensus ». Cela a été chose faite avec le choix de Christian Ntsay, officiellement sans étiquette.
Le contexte dans lequel se présente le scrutin reste donc fragile. D'autant plus que sa crédibilité est déjà remise en cause par 22 candidats. « Les conditions [d'une élection transparente] ne sont pas réunies », fait savoir pour sa part Fanirisoa Ernaivo, ex-présidente du syndicat de la magistrature et candidate, lors d'un entretien sur la chaîne francophone TV5 Monde. Elle y dénonce de plus une « loi électorale bancale ».
Pour tenter d'endiguer le phénomène, une coalition d'institutions publiques et d'organisations de la société civile ont une « charte de bonne conduite et d'intégrité des candidats pour une élection présidentielle apaisée ». La Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le Bureau indépendant de lutte anticorruption ainsi que Transparency International font partie du mouvement. Le but : faire respecter les fondements d'une élection démocratique et, surtout, éviter une crise postélectorale. En soutien, un premier groupe de 40 observateurs de l'Union européenne (UE) a été dépêché sur place pour surveiller le scrutin.
Éviter de casser définitivement l'économie du pays
En effet, les nombreuses crises politiques [next] qu'a connues Madagascar ont mis à mal son économie. Une de plus serait très préjudiciable pour le pays, qui compte parmi les plus pauvres du monde : huit personnes sur dix vivent dans des conditions d'extrême pauvreté et un enfant sur deux souffre de malnutrition, dans un pays où l'agriculture fait vivre quatre habitants sur cinq. L'île est même le seul pays dans le monde où le niveau de vie a reculé depuis 1960. Et pourtant, le potentiel est là. Paysages paradisiaques – qui pourraient donner un sérieux coup de pouce au tourisme – mais aussi réserves de nickel, de cobalt et d'or… Des atouts qui ont de quoi attirer les investisseurs.
Madagascar connaît tout de même des épisodes de croissance encourageants qui dépassent 4 % depuis 2016. Depuis 2014, « l'économie malgache s'est progressivement relevée », confirme d'ailleurs la Banque mondiale. Malgré les aléas climatiques et sanitaires auxquels l'île reste vulnérable, « ses perspectives économiques à moyen terme sont globalement positives, avec une croissance du PIB qui devrait dépasser 5 % ». Reste à savoir si le futur chef de l'État saura conduire le pays sur les sentiers d'une prospérité que Madagascar et sa population méritent.
©Le Point Afrique
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