L'espoir de retrouver des rescapés est désormais quasiment nul, même si l'ingénieur du ferry a été extrait vivant de l'épave ...
L'espoir de retrouver des rescapés est désormais quasiment nul, même si l'ingénieur du ferry a été extrait vivant de l'épave ce samedi.
Le bilan ne cesse de s'alourdir. Plus de 200 personnes ont péri dans le naufrage du ferry MV Nyerere dans le sud du lac Victoria, en Tanzanie, selon un bilan encore provisoire communiqué samedi 22 septembre par les autorités. Seule raison de se réjouir : un survivant a été extrait de l'épave à la surprise générale. Après s'être interrompues vendredi soir, les opérations de recherches ont repris tôt samedi matin autour de la coque qui affleurait encore à quelques dizaines de mètres à peine de l'île d'Ukara, la destination finale du ferry.
« Le nombre de personnes qui ont perdu la vie est de 207 », a par la suite indiqué la radio publique TBC Taifa en milieu d'après-midi, citant le ministre tanzanien des Transports Isack Kamwelwe. Vendredi soir, le bilan était encore de 131 morts et beaucoup se demandaient en Tanzanie où ce funeste décompte allait s'arrêter. Le chef de l'armée tanzanienne, le général Venance Mabeyo, a déclaré sur TBC Taifa espérer que « les opérations [de recherches] se terminent aujourd'hui ».
La surcharge du navire à l'origine du drame ?
Le MV Nyerere a chaviré jeudi 20 septembre à quelques dizaines de mètres à peine d'Ukara, le bilan élevé étant attribué au fait que peu de gens savent nager dans cette région du monde. Les témoins et les survivants ont donné deux versions de la catastrophe, mais la surcharge du navire semble d'ores et déjà en cause : le nombre de victimes additionné au nombre de rescapés – 41 – surpasse largement la capacité du bateau, établie à 101 passagers, alors que le nombre exact de personnes se trouvant à bord du bateau au moment du drame reste pour l'heure inconnu.
Selon certains, des passagers se sont déplacés vers l'avant du navire à l'approche du débarcadère, un mouvement qui pourrait avoir déséquilibré le bateau. Selon d'autres, la personne se trouvant à la barre, distraite par son téléphone portable, a raté la manœuvre d'approche et, souhaitant se rattraper, a effectué une manœuvre brutale qui a fait chavirer le ferry. Le président tanzanien John Magufuli avait par ailleurs indiqué vendredi soir que les premiers éléments de l'enquête indiquaient que le capitaine du bateau ne se trouvait pas à bord, mais avait délégué ses fonctions à un subordonné sans expérience.
« Les responsables seront absolument punis »
L'espoir de voir évoluer le nombre de rescapés est désormais quasiment nul, même si, contre toute attente, l'ingénieur du ferry a été extrait vivant de l'épave à la mi-journée, après avoir survécu pendant près de deux jours dans un compartiment du navire encore rempli d'air, a indiqué un député local. Évoquant une « négligence », le président tanzanien John Magufuli a ordonné vendredi soir que « toutes les personnes impliquées dans la gestion du ferry » soient arrêtées. « Les responsables seront absolument punis », a-t-il assuré.
Le ferry MV Nyerere, du nom du premier président tanzanien Julius Nyerere, assurait la liaison entre l'île d'Ukara et celle, située juste en face, d'Ukerewe, qui abrite la localité de Bugolora, où les habitants d'Ukara viennent régulièrement s'approvisionner. À travers la Tanzanie, les drapeaux étaient en berne samedi, le président John Magufuli ayant décrété vendredi un deuil national de quatre jours. Après le pape François vendredi, le secrétaire général de l'ONU António Guterres a présenté ses condoléances « aux familles des victimes, au gouvernement et au peuple de la République unie de Tanzanie ».
Au sein de la population tanzanienne, la tristesse faisait progressivement place à la colère et à l'indignation, que les promesses de mesures du président Magufuli ne pouvaient calmer. Car si la navigation peut être difficile sur le plus grand lac d'Afrique, où elle se fait souvent sur des navires vétustes et trop chargés, les autorités sont souvent peu regardantes sur la sécurité. « Au premier jour, alors qu'il y avait encore l'espoir de retrouver des survivants, les opérations de sauvetage ont été suspendues pendant la soirée, à cause de l'obscurité [car les] secours maritimes ne sont pas équipés pour travailler de nuit », s'est par ailleurs indigné Felician Tarimo, jeune étudiant de Moshi (Nord).
En 1996, quelque 800 personnes, selon la Croix-Rouge, avaient trouvé la mort dans le naufrage du ferry Bukoba, surchargé de passagers, à quelques milles marins au large de Mwanza. AFP
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