Déclaration des Organisations de la société civile comorienne sur la situation politique en Union des Comores Depuis le référendum co...
Déclaration des Organisations de la société civile comorienne sur la situation politique en Union des Comores
Depuis le référendum contesté sur la révision constitutionnelle du 30 juillet dernier, les Comores traversent une période de répression politique et de confiscation des acquis démocratiques qui se traduit par:
- le développement d'un discours haineux et menaçant de la part des autorités civiles et militaires ;
- les intimidations et les pressions sur les journalistes et les médias dans une volonté d'orienter l'information et d'étouffer l'expression du pluralisme des opinions ;
- la multiplication des arrestations de toutes voix discordantes et l'élargissement du champ de la répression à tous les milieux politiques, civils et même militaires ;
- l'instauration d'un climat de peur et d'intimidation par l'arrestation de proches et de conjoints des personnes inculpées, sans lien avéré avec les dossiers d'accusation;
- les atteintes aux libertés de conscience ;
- la neutralisation des institutions, (l'Assemblée de l'Union n'a jamais pu siéger en session ordinaire alors qu'elle constituait le seul contre-pouvoir effectif, contre-pouvoir qui a été supprimé dans la nouvelle constitution); la Cour constitutionnelle est vidée de ses prérogatives qui sont transférés à la Cour Suprême sans aucune garantie d'indépendance ;
- la création en violation des textes en vigueur, d’une Cour de sûreté pour juger les auteurs présumés du soi-disant complot et tentative d’atteinte à la sûreté de l’état ;
- l'incitation à la délation et la filature de tout rassemblement de citoyens par des hommes de main, en vue d'étouffer toute forme de protestation.
Cette dégradation du climat politique est la désastreuse conséquence de la confiscation des assises nationales inclusives en vue de dresser le bilan des quatre décennies d'indépendance. Initiative soutenue par la grande majorité des Comoriens qui espéraient dresser le bilan du cadre institutionnel instauré en 2001. Une opportunité historique pour affirmer l'unité nationale, améliorer la gouvernance politique et institutionnelle et créer les conditions d'un meilleur développement de l'archipel.
Cet espoir a été malheureusement anéanti par le pouvoir qui a détourné ces rencontres de leurs objectifs pour qu'elles servent ses propres ambitions.
Tous ces éléments sont de nature à entretenir un climat violent et répressif en rupture du consensus politique à l'œuvre depuis les Accords de 2001.
Les organisations de la société civile, signataires de cette déclaration, expriment leur vive préoccupation sur la détérioration du climat politique et social et par conséquent :
- dénoncent la dérive dictatoriale du pouvoir et exigent des autorités le respect des principes et des valeurs démocratiques ;
- exigent la suspension de la mise en œuvre de la Constitution révisée en 2018 (qui est en réalité une nouvelle constitution) et le respect des institutions des îles et de l'Union ;
- demandent la mise en place d'un cadre de concertation inclusif sous l'égide de l'Union africaine pour convenir des modalités de sortie de crise tout en préservant les acquis de l'Accord de Fomboni (2001) ayant permis le maintien de la paix et de la stabilité pendant plus de 15 ans ;
- et appellent l’ensemble des forces vives de la nation à se ressaisir et à ne ménager aucun effort pour préserver l’unité, la paix et la stabilité nationales.
Fait à Moroni, le 12 septembre 2018
Liste des organisations signataires
- Collectif de la Troisième Voie (C3V)
- Confédération des Travailleurs Comoriens (CTC)
- Fédération Comorienne des Droits de l'Homme (FCDH)
- Ngo'Shawo
- Mouvement Démocratique Alternatif (MDA)
- Mouvement des Jeunes Activistes (MOJA)
- Réseau Amani
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