Ali Mmadi, ancien directeur de Karibu Hebdou, aujourd’hui porte parole du parti A-Qamar répond à nos questions sur la situation du pays a...
Ali Mmadi, ancien directeur de Karibu Hebdou, aujourd’hui porte parole du parti A-Qamar répond à nos questions sur la situation du pays après le référendum du 30 juillet. Il rejette les résultats et appelle à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, « seul moyen de maintenir la paix et promouvoir le développement ».
Le président Azali veut lancer la mise en œuvre de la nouvelle constitution, alors que l'opposition continue de dénoncer un référendum illégal et non reconnu par la communauté internationale. Que pensez-vous?
Je crois que nous avons un président qui fait montre d’un entêtement irresponsable qui risque de lui coûter trop cher. Il méprise les citoyens de son pays, ne respecte pas ses opposants et ne donne aucune considération aux recommandations de la communauté internationale et des pays amis des Comores. C’est une première dans notre histoire, et il ne faut croire que cela va être sans conséquences néfastes sur l’avenir politique de notre pays. Il est impossible de gouverner avec les armes pour longtemps, ni d’avoir comme seul allié l’Arabie Saoudite. Azali et ses supporters sont dans une illusion totale. C’est dommage qu’un homme comme Amine Souef qui maitrise parfaitement la diplomatie soutienne cette politique désastreuse. Bref, Azali peut prétendre mettre en œuvre sa réforme, mais il sait au fond qu’il est sur un nuage tourbillonnant. Moi je me reconnais dans la position de l’opposition et je salue aussi celle de la communauté internationale.
Vous aviez approuvé le boycott prôné par l'opposition, croyiez-vous que c'était la bonne stratégie?
Il n’y avait pas mieux que le boycott. 21% de taux de participation réelle, c’est un échec total pour un gouvernement qui dit avoir la majorité des Comoriens avec lui. Ceux qui ont appelé à voter non se sont ridiculisés. Non seulement, ils ont joué les cautions du gouvernement, mais surtout, ont échoué dans leur stratégie de vouloir s’ériger en seuls opposants au régime. Le gouvernement les a utilisés, point et c’est tout.
Que faire maintenant dans cette nouvelle configuration qui va nous conduire vers des élections anticipées ?
Nous continuons à espérer qu’il n’y aura plus d’élections anticipées, que le chef de l’Etat finira par comprendre la réalité de la situation du pays. Sinon, il aura en face de lui des candidats qui vont s’engager justement à rétablir l’ordre constitutionnel une fois élus, et par conséquent la paix et la cohésion nationale. Car je ne vois pas comment l’opposition va s’engager dans cette éventuelle élection anticipée avec un autre dessein. Cela n’aura pas de sens. C’est en tout cas la ligne que je défends et que le soutiendrai le cas échéant. Que l’on ne se voile plus la face, sans paix il n’y aura jamais de développement dans notre archipel. D’abord la paix, ensuite l’émergence.
Tout le monde parie sur un éclatement de l'opposition dès l'annonce de ces élections. Quel serait votre souhait en tant que porte-parole du parti al-Qamar?
Le parti Al-Qamar est bien sûr préoccupé par cette [next] situation. Notre président, mon ami Salim Saadi, est actuellement en tournée de consultation dans le pays, car nous nous préparons à toutes les éventualités. Si l’opposition parvient à opérer un rassemblement cohérent par rapport à ce que je viens d’indiquer avec une volonté de changement et de renouvellement de génération nous allons nous y inscrire bien évidemment. Encore une fois, ce qui nous intéresse, c’est la sortie de crise pour notre pays et le maintien de la cohésion dans notre société. Et pour y parvenir, nous avons besoin d’une noria de colibris pour éteindre le grand incendie qui menace notre peuple.
C’est quoi une noria de colibris ?
En fait, je souscris à l’idée développée par Pierre Rabhi, philosophe, écrivain, poète, écologiste…, selon laquelle, s’il n’y a pas un pompier capable d’éteindre le feu, il faut que chacun apporte son concours pour éteindre l’incendie qui risque de ravager notre bien commun. Cela veut dire que nous avons tous l’obligation de participer, à la hauteur de nos moyens, au projet qui doit remettre notre pays dans le chemin du salut. Par là, je veux dire que même les petites forces qui peuvent paraitre insignifiantes, elles doivent s’associer à la dynamique.
Le gouvernement dit avoir déjoué une tentative de coup d’Etat, et actuellement plusieurs personnes sont arrêtées dont l’écrivain Sast. Quelle est votre réaction ?
J’espère que les autorités se trompent, sinon ce serait très embêtant pour notre ami Sast. La problématique dans ce genre d’histoire dans des périodes tendues comme aujourd’hui, c’est l’absence de justice indépendante. C’est la seule qui permettrait de démêler le vrai du faux. Or dans notre pays et surtout en ce moment, on n’a pas l’impression d’avoir une justice qui exerce son travail de façon incontestable.
Par Kamal Edine Bacar(Alfadjr)
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