"L'étau se resserre autour du président de la République. La pression croissante et étouffante vient de l'Union Africaine, d...
"L'étau se resserre autour du président de la République. La pression croissante et étouffante vient de l'Union Africaine, de la société civile, des oulémas, de l'opposition et du peuple.
Le président se trouve dans une situation des plus délicates. Il prend conscience du danger qui guette notre pays en raison de son projet controversé de révision constitutionnelle mais en sa qualité d'homme le plus fort des Comores il ne veut pas lacher du lest.
Je reconnais évidemment les pouvoirs qui sont ceux d'un président même dans un pays appauvri comme le nôtre. Mais l'usage de ces pouvoirs risque dêtre contre-productif vu notre histoire commune et les tensions recurrentes entre nos îles.
Le Chef de l'Etat n'a pas caché son jeu. Et je l'en félicite. Il entend en effet mener une révolution pour conduire les Comores à une prétendue émergence à l'horizon 2030. Nous comprenons donc que le premier magistrat de notre pays compte rester au pouvoir au-delà des 5 ans autorisés par la loi. Ceci n'étonne personne puisque nos dirigeants ont souvent cette propension à vouloir rester plus longtemps à Beit-salam sans rien faire.
Notre président semble oublier cependant - alors que c'est bien lui qui était aux commandes à l'époque - que le pays se trouvait plongé dans une crise politique aiguë et que celle-ci a été réglée grâce à des accords signés à Fomboni en 2001.
Ces accords ne peuvent être modifiés sans une concertation des comoriens, qui réponde aux exigences d'inclusivité, de transparence et de démocratie tout en respectant au moins le même format qui celui qui avait prévalu au moment des négociations à Mohéli.
L'Union Africaine, en tant que garante de ces accords, ne peut rester indifférente à tout acte susceptible de menacer l'unité, la paix et la stabilité des Comores. Pour preuve, elle était déjà intervenue avant les élections de 2016 pour empêcher un [next] citoyen d'une île de se porter candidat aux primaires d'une autre île.
Il n'est donc pas surprenant si elle intervient encore aujourd'hui puisqu'elle estime qu'il y a péril en la demeure. Nous devons admettre qu'elle en a toute la légitimité requise et qu'il ne s'agit pas du tout d'une ingérence dans les affaires intérieures du pays.
Il convient de regretter, de dénoncer voire même de condamner le référendum unilatéral de 2009 qui n'a hélas pas suivi les procédures idoines. Toutefois, celui-là ne menaçait pas vraiment notre vivre-ensemble puisqu'il se limitait essentiellement à des changements d'appellations, à une harmonisation des élections et à la clarification des prérogatives de l'Union et des îles.
A l'opposé, les changements que souhaite opérer l'actuel président de la République, eux, touchent le coeur même des accords de Fomboni. Et il est évident que ces modifications visent à satisfaire des intérêts personnels et non ceux du peuple.
J'en appelle donc au sens de responsabilité du président, à son humilité et à sa compréhension. Ce pays peut s'embraser à tout moment si nous en créons les conditions. Et il est du devoir du président de toujours chercher à préserver l'intérêt général. Il doit être bien compris que nous n'avons pas besoin d'individus qui s'éternisent au pouvoir. En revanche, nous avons besoin d'institutions fortes et efficaces.
Mr le président, ce pays a la potentialité d'être très prospère dans les années à venir. Ne le détruisons pas. Au contraire, aidons le à aller de l'avant en respectant les lois et les accords qui le régissent. Ne nous obstinons pas. Restons toujours à l'écoute du peuple qui nous élit et qui attend beaucoup de ses dirigeants pour l'amélioration de ses conditions de vie."
Babayou Houmadi
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