Aux Comores, l'espace public est colonisé par la politique. D'abord, les thématiques qui l'envahissent varient de l'...
Aux Comores, l'espace public est colonisé par la politique.
D'abord, les thématiques qui l'envahissent varient de l'action des gouvernants à la couleur de la cravate du chef de l'Etat. C'est un espace où la parole se résout au commentaire. Ce sont des hommes et des femmes qui commentent les événements. Des événements que font les gouvernants. Plus de quarante ans que ça dure.
Plus de quarante ans que les mêmes font les événements que les mêmes commentent. Dans ce jeu, les mêmes réussissent et les mêmes faillissent. Remarquez: quand surgit un événement dans notre société, à qui les journalistes courent-ils tendre leurs micros ? Aux hommes politiques. Perpétuant, malgré eux peut-être, cette "tradition".
Plus de quarante ans que les mêmes font les événements que les mêmes commentent. Dans ce jeu, les mêmes réussissent et les mêmes faillissent. Remarquez: quand surgit un événement dans notre société, à qui les journalistes courent-ils tendre leurs micros ? Aux hommes politiques. Perpétuant, malgré eux peut-être, cette "tradition".
On entend rarement, presque jamais, le point de vue du sociologue, du philosophe, du juriste (un peu plus ces derniers temps quand même), de l'historien, de l'anthropologue, de l'homme de lettres ou du scientifique. Ces profils n'ont pas leur place dans la structure de l'espace public. Ce n'est pas un hasard si au moment des grandes décisions (vote, référendum...) la population manque des informations nécessaires; l'intellectuel est neutralisé. Il n'éclaire rien à personne.
Son poste d'éclaireur a toujours été vacant. Les livres qu'il écrit ne sont lus que par d'autres intellectuels, autrement dit, d'autres lui-même. Les masses populaires savent donc peu de choses des enjeux et cela profite aux politiciens qui les veulent non averties [next] pour se maintenir. Ils vivent de l'immaturité politique de leur peuple. Rien ne représente un danger pour eux qu'une prise de conscience populaire. Mais notre société n'a jamais voulu mettre en place les infrastructures nécessaires pour l'activité intellectuelle. Elle a toujours refusé un statut social à l'intellectuel et lui reproche en même temps d’être ineffectif.
Politisé, l'espace public façonne la parole publique.
L'espace public étant fondamentalement politique, toute parole qui se veut "scientifique" doit tout de suite renoncer à l'espoir de s'y déployer. Les statuts des acteurs autre que politiques n'y sont pas admis. Ce n'est pas un hasard que dans la crise actuelle, le discours dominant ne soit que politique et la parole qui se veut alternative (intellectuelle) soit portée par des hommes et des femmes en situation d'exil (en France et dans les différents pays ou se trouvent des diasporas estudiantines).
Il est moins scabreux d’être un intellectuel comorien quand on vit à l'étranger. Le défi qui s'impose à notre génération, à mon humble avis, est comment rendre audible le discours intellectuel aux Comores ? Comment, pour l'intellectuel, parler à la population, aux jeunes, aux plus âgés, à ceux qui n'ont pas été à l'école, aux dockers, aux cultivateurs, aux pêcheurs, aux chauffeurs de taxi, aux maçons, aux épiciers...... Comment un intellectuel comorien aux Comores peut atteindre l'esprit des Comoriens autrement que par le seul livre et espérer à travers leur esprit agir sur les événements ?
Cette question mérite à elle seule des assises nationales. Par Awax V.
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