Dans quelques jours les Comores sont appelées à choisir par référendum une nouvelle constitution. Elle reflète selon le chef de l’état, les...
Dans quelques jours les Comores sont appelées à choisir par référendum une nouvelle constitution. Elle reflète selon le chef de l’état, les conclusions des assises nationales tenues en début d’année. A l’issue des résultats, une présidentielle anticipée pourrait suivre en 2019.
La cadence des événements, ne laisse personne indifférente, car une révision constitutionnelle était prévisible, les élections présidentielles anticipées avec représentation du président sortant, déjoue tous les pronostics. Je suis de ceux qui, au-delà de la tenue du référendum se trouve avec un horizon bouché.
Le pays est sur plusieurs fronts : la lutte contre le sous-développement, la crise mahoraise, la lutte contre la corruption, etc. Autant dire les défis sont nombreux au regard de ces 2 années de pouvoir. Le chef de l’état a certes, tiré les leçons de son premier mandat. Le référendum de 2009 a ouvert les yeux sur les conférences d’Addis-Abeba, d’Antananarivo et les Accords de Fomboni. Tout cela n’était qu’un leurre tendu par des gens, qui ont su exploiter le malheur d'une population en quête du minimum vital, pour des intérêts individuels à l’exemple des banques offshores russes et la citoyenneté économique.
Comprendre la situation présente, revient à se remémorer la fin du 2è mandat d’Azali. Où était l’homme fort Boléro ? Qu’est devenu le maitre à penser de l’époque Abdou Soefo ? Azali a très bien compris le piège dans lequel ils lui ont engouffré. Le texte de 2002 dont ses proches lui ont menti et dont il s’est aperçu tard du contenu réel, il s’est défendu de le mettre en application car il a su que l’autonomie préconisé par l’article 9, a été annulée ou aggravée par les dispositions de l’article 13.
Désormais, la place est à la recherche de solutions pour sortir le pays du gouffre et que les petits arrangements entre initiés, sont derrières nous. Les menaces sont sans incidences sur les grandes orientations. Pour tout cela, le ressenti veut que le président est un homme isolé, qui n’a plus confiance en personne. Il avance droit dans ses bottes faisant fi à tous ceux qui se dressent sur son chemin.
La suppression du Conseil Constitutionnel continue à agiter la classe politique et les juristes, or, le chef de l’état n'a pas jugé bon de s’expliquer que nous sommes en période exceptionnelle au lieu d’un état d’exception, que la jurisprudence de 1989, de 1992, de 1996 et de 2001, suspend temporairement la constitution pour laisser place soit à un mémorandum consensuel, soit comme c’est le cas par les conclusions des assises. Mouzaoir Abdallah a qualifié cela en 1990 en ces termes : « dans la vie il y a 2 légitimités : une légitimité légale régie par la loi et une légitimité consensuelle régie par le consens ; la finalité du droit étant la paix sociale ». Il a préféré laisser les gens à leurs commentaires.
A premier abord, j’étais de ceux qui croyaient qu’après le référendum, le président aller se retirer soit à la fin de son mandat soit après sa démission. Mais ce choix de démission-représentation, me laisse patois. Et ce d'autant, que des informations concordantes font état qu’à l'heure où j’écris ces lignes plusieurs propositions de gros investissements sont sur sa table :
- - une grande institution financière européenne se propose de financer les grosses infrastructures du pays pour une enveloppe de plus de 10 milliards d’euros
- - Un consortium formé d'émiratis, de qataris et de koweïtiens compte mettre 5 milliards d'euros pour les infrastructures liées au tourisme.
- - Un autre consortium formé de saoudiens, émiratis et koweitiens met 3 milliards d’euros sans compter le gouvernement saoudien qui compte faire depuis quelques années des Comores son troisième pôle d’investissements à l’étranger après les Maldives et le Bahreïn.
Au regard de cela, il y a de quoi transformer les Comores d'un seul coup, en moins de 3 ans, et repartir éventuellement avec tous les honneurs.
La stratégie de l’Imam dépasse donc tous ceux qui croient le connaître. Même Paris, avec l’épreuve de la crise mahoraise ne sait avec quel Azali a-t-elle en ce moment ! Elle découvre sans brancher que l'Azali de Léonard est de retour alors qu’elle était persuadée que l’Affaire de l'Ambassade et l'Azali de Jolo l’avaient définitivement enterré.
Elle a, au début du mandat Macron, sur la question des kwassas-kwassas, tiré la première sonnette d’alarme avec la sortie fracassante, où il a traité le chef de l’état français de jeune sans expérience. Cela fait plus de 2 mois, il tient tête sur le front diplomatique sur l’affaire de Mayotte. Sans nul doute, l'Azali nouveau reprend les habits de 1992, remonté d'une dose d'arrogance.
Le traitement de l’opposition trouve sa logique dans les oppositions par le passé où jamais elles n'ont jamais su transcender les querelles politiciennes lorsque l’intérêt national est en jeu. Les crises de 1992 et 1997 ont prouvé qu’elles jouent dans les camps adverses au-delà de l’intérêt national.
Mohamed Chanfiou