Notre pays connaissait, sur le plan politique tout au moins, une situation apaisée il y a encore un an. En l’espace ces quelques mois, su...
Notre pays connaissait, sur le plan politique tout au moins, une situation apaisée il y a encore un an. En l’espace ces quelques mois, suite à la volonté dictatoriale d’Azali et du petit clan familial qui l’entoure, de se maintenir au pouvoir coute que coute après 2021, le pays a basculé dans l’aventurisme politique, la violence, la négation des droits de l’Homme et le refus de démocratie.
Quelles ont été les actions de la Communauté internationale pour éviter cette escalade ? Rien, si ce n’est cautionner encore plus le pouvoir dans sa dérive dictatoriale croissante et en faisant semblant de croire à une émergence possible en 2030 ou en envoyant de pseudo-émissaires dont les visites se sont conclues par des communiqués encourageants les autorités à aller de l’avant dans un processus référendaire contesté dès le départ.
Préserver la stabilité politique de ce pays est pourtant le mandat premier de ces institutions ! En particulier celle ayant un mandat politique ou technique :
- L’ONU, en particulier au plan local avec son Coordonnateur dont on ne connait même pas le son de la voix et qui s’affiche matin et soir avec les responsables du régime et ne rencontre l’opposition que pour faire semblant. L’ONU est pourtant la première des institutions en charge du respect des Droits de l’Homme et de la stabilité politique.
- L’Union européenne donneuse de leçons de par le Monde en matière de droits de l’Homme et de démocratie et qui reste muette aux Comores alors que le torchon brule. Le dernier communiqué du dialogue politique entre l’UE et les Comores évoque timidement la question des droits de l’Homme sans faire aucune référence à la grave crise politique que notre pays traverse.
- La France, seul pays occidental à être présent aux Comores et qui est dans une complaisance humiliante pour elle avec des autorités qui la méprisent. La nouvelle ambassadrice de France, qui ne comprend strictement rien aux problèmes comoriens au point de ne pas mesurer l’insulte qui nous a été faite en rentrant dans une mosquée, qui plus est, le jour de l’Aïd, se montre plus que jamais complice d’Azali. Cette nouvelle humiliation de la France ajoute aux forfaitures de l’ancien Ambassadeur Luc Hellade et sa proximité avec Boléro ou encore le discours indigne de Douste Blazy venu soi-disant à titre personnel lors de la clôture des assises qui a osé qualifier les assises nationales de processus démocratique exemplaire se présentant comme SGA des Nations unies et ami d’Azali.
- Le FMI, censé être une institution rigoureuse, s’est compromis lui aussi en dressant un bilan outrageusement positif alors que la situation économique ne cesse d’empirer. L’inconséquence des chiffres du FMI parle d’elle-même : quelle ménagère comorienne peut croire que l’inflation est quasi nulle comme le prétend le FMI quand elle constate que les prix flambent tous les jours. Sur quelle base le FMI a-t-il estimé la croissance à 2.7 en 2017 ?
- La Banque mondiale se compromet elle aussi, si son Représentant a courageusement tenu tête aux autorités ces derniers mois en quittant brutalement la cérémonie des assises manifestant ainsi sa mauvaise humeur et son refus de cautionner le processus, son institution continue d’afficher sa volonté de doubler son enveloppe alors que la situation politique est de plus en plus délétère. La Banque mondiale réalise-t-elle la gravité de la situation ?
Nous espérons que les partenaires vont se ressaisir et comprendre que le vent de l’Histoire a tourné. Ce n’est pas parce que nous sommes un petit pays qu’il faut nier nos idéaux et nos aspirations démocratiques. Tous les hommes politiques qui comptent dans ce pays sont tous unis contre Azali, c’est qu’il y a une raison, il est grand temps pour la communauté internationale de le comprendre. Azali est politiquement mort, le soutenir n’a aucun avenir. Il va peut-être se maintenir quelques temps au pouvoir par la force et dans la violence mais les partenaires doivent comprendre que tout ce qu’ils feront pour le soutenir se retournera contre eux le moment venu. Une page de l’histoire se tourne, la signature de nouveaux projets et programme n’a plus sa place.
Misbahou Boina