Inlassable défenseur de la mémoire de ce jeune Marseillais tué en 1995 par des colleurs...Marseille : De la Savine à la Friche, hommages à Ibrahim Ali
Inlassable défenseur de la mémoire de ce jeune Marseillais tué en 1995 par des colleurs d’affiches du FN, Mbaé Tahamida Mohamed, alias « Soly », lui rend hommage ce jeudi à la Savine, puis dimanche à la Friche Belle de Mai dans le cadre du festival « Massilia Afropéa ».
En contrebas de la Savine, cité perchée sur les hauteurs du 15e arrondissement de Marseille, un rond-point. Un vulgaire rond-point, tout ce qu’il y a de plus banal. « Il y a une dizaine d’années, je prends le bus pour aller dans le centre-ville. Un jeune du quartier me dit : "bien, ils ont mis une plaque Ibrahim Ali" », se remémore Mbaé Tahamida Mohamed, plus connu sous le blaze de Soly, qui s’empresse alors d’aller voir le fameux écriteau. « Un truc fait en catimini, on ne sait par qui ni quand.
Personne n’était au courant. Ni la famille d’Ibrahim Ali, ni nous », regrette celui qui écrit dans la foulée une lettre à la mairie. Dans laquelle il explique : « Ce qu’on demande, ce n’est pas un rond-point, mais une rue qui porte le nom d’Ibrahim Ali. Là où des gens qui y habitent peuvent recevoir leur courrier et se demander : pourquoi ma rue s’appelle-t-elle Ibrahim Ali ? », souligne ce dernier dans son bureau du studio B Vice, « centre culturel à usage de la rue », comme aime à le préciser cette force tranquille.
Une force tranquille pourtant « hantée » à jamais par l’assassinat du jeune Marseillais d’origine comorienne de 17 ans, tombé sous les balles de colleurs d’affiches du FN en 1995, chemin des Aygalades. Une morne adresse où se tient tous les ans, le 21 février, un rassemblement pour se souvenir. Mais aussi demander à ce que le nom d’une rue porte celui d’Ibrahim Ali.
« Cela devrait être le combat de tous les Marseillais »
Voilà « un combat politique » qui ne devrait pourtant plus être à mener, surtout quand on repense aux promesses, après le drame, de Jean-Claude Gaudin, alors en pleine campagne électorale pour accéder à la mairie de Marseille, sur laquelle il règne depuis maintenant 23 ans. Une éternité qui lui aurait pourtant laissé le temps de tenir ses engagements. Mais autant de dédain municipal pour cet adolescent marseillais qui a « toujours été ramené à ses origines comoriennes », regrette Soly, qui a imaginé un concert-hommage autour de la figure d’Ibrahim Ali, et qui se tiendra à la Savine ce jeudi, puis dimanche, à la Friche Belle de Mai.
« Une sorte de thérapie de groupe » au cours de laquelle il déclamera certains de ses textes et poèmes derrière un pupitre, avec « une configuration qui permettra de faire comme si l’on se trouvait au 4, chemin des Aygalades », précise celui qui a bien connu Ibrahim Ali à B Vice. Les textes seront aussi déclamés par des chanteurs et rappeurs sur certaines compositions du membre d’IAM, Imhotep. Mais également par l’un des neveux d’Ibrahim Ali, tous accompagnés par Boras, « chorale de femmes comoriennes qui chantent des berceuses ».
De belles mélopées qui renvoient aussi, hélas, à celles plus moroses et hypocrites, dispensées par la Ville qui n’a jamais rien fait pour reconnaître officiellement la mémoire d’Ibrahim Ali. Lorsque l’on demande à Soly, ce qu’il penserait dire au maire de Marseille s’il le rencontrait un jour, il répond : « Alors cette rue Ibrahim Ali, quand verra-t-elle le jour ? On en...Lire la suite sur La Marseillaise
Photo : Devant le studio B Vice, Mbaé Tahamida Mohamed alias « Soly » rappelle le combat restant à mener pour honorer la mémoire d’Ibrahim Ali. photo P.A. L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise