Le député Mansour Kamardine a publié ce vendredi 11 mai 2018 un communiqué dans lequel il demande au gouvernement français d’être « ferme »...
Le député Mansour Kamardine a publié ce vendredi 11 mai 2018 un communiqué dans lequel il demande au gouvernement français d’être « ferme » et « persévérant » face aux autorités comoriennes qui, jusqu’ici tiennent bon quant à une cohérence de son discours diplomatique sur la situation à Mayotte.
Dans son communiqué du 11 mai 2018, M. Kamardine prône « la fermeté et la persévérance de la diplomatie française » et avoue, peut-être même sans s’en rendre compte que cette « fermeté et persévérance » sont vaines en l’absence d’ « une véritable refondation des relations franco-comoriennes ».
Monsieur le député, Il y a 43 ans, les discours ne peuvent, en aucun moment être les mêmes après toutes ces années-là. Oui, ça ne peut, en aucun moment être comme hier Monsieur Kamardine.
Les évènements de ces derniers temps, à Mayotte ont titillé avec bouillonnement la conscience collective citoyenne comorienne, mais aussi celle de l’opinion publique de tous horizons ; parce que l’écho médiatique a été si intensif mais aussi parce qu’il y a eu une volonté démesurée d’humilier les Comores, que la balle s’est retournée dans l’autre camp.
Non, Monsieur le député, à Moroni, il n’y a pas de diversion sur cette question. L’Histoire évolue hélas ainsi avec des évènements, divers qu’ils soient et de natures différentes qu’ils peuvent se présenter en nous.
Non! Il arrive que l’actualité politique en Union des Comores soit animée par une période post-assise nationales, et avec laquelle coïncident étrangement les révoltes des Mahorais de mars 2018. C’est dire, Monsieur le député qu’il n’y a pas de diversion entre ces séquences sociales respectives historiques et politiques de Dzaoudzi et Moroni. Moroni qui a longtemps été la victime historique des manipulations des uns et des autres ne peut plus, cette fois venir au secours de la théorie connue du bouc.
N’est-ce pas ce Moroni-là qui, enfoui au centre-ouest de Ngazidja a vu le Sultan Said Ali céder l’île à Léon Humblot abord du Boursaint en novembre 1885 ? N’est-ce pas ce Moroni-là qui s’est vu balancer dans les bras un chef-lieu arraché curieusement de Dzaoudzi le 14 mai 1968 ? L’on comprend bien que cela vous étonne Monsieur Kamardine hein ! Que ce Moroni, longtemps méprisé, assez malmené, trop manipulé dans l’Histoire, mais vu aujourd’hui d’un « bras de fer » avec Paris vous surprend, que cela vous abasourdit, on comprend.
L’Histoire mérite quand-même son respect. En général, la date du 8 mai en est une parmi tant d’autres, dans l’Histoire du monde en général et entre les pays ayant, un jour partagé en commun la séquence tragique historique de la seconde guerre mondiale dans la libération de la France en 1945. En cette date du 8 mai 2018, les tirailleurs comoriens, comme l’ensemble des citoyens péris dans les aux entre Mayotte et Anjouan depuis 1995 ont été tous réveillés par la curieuse gerbe qui, sans visas a prêté le chemin du cerf-volant pour leur mémoire.
Les Comoriens d’aujourd’hui, de générations en générations d’il y a 43 ans et plus, ont appris à être nécessaires aujourd’hui pour assoir les bases de leur propres prises en main. Ça, personne ne peut ni nous le refuser, encore moins nous en dire le contraire. Avec son indépendance inachevée, les Comores ont su, malgré les troubles postcoloniales (mercenariat, assassinats et déportations des chefs d’Etat, séparatisme inspiré, élaboré et suivi de Mayotte…) toujours se faire un chemin vers l’avant.
Les embûches ont été et seront toujours là, à la croisée de ce chemin long. Elles se présenteront en nous, sous diverses configurations. Mais puisque nous en serons avertis, nous saurons comment les contourner davantage.
Aux compatriotes de l’archipel qui, par distraction se laisseraient tenter par le discours populiste de Monsieur Kamardine, je vous demanderais ceci : aucune loi ou autorité comorienne, encore moins du monde empêche à un tiers sa revendication d’être Français, Allemand, Américain, Russe, Japonais, Indien…Vous l’avez déjà vécu, je ne vous apprendrais rien, dans l’Histoire très récente des Comores avec la « citoyenneté ».
Si tout le monde peut avoir ce droit à la nationalité ou y concourir, rien ne permet en revanche à quiconque d’y associer le sol que se partage l’ensemble du groupement social de ce monde-là.
Ainsi, cher député, comme ce monde-là, vous avez le plein droit à réclamer et à mourir citoyen français. En revanche, faire de cette appartenance une association conditionnée à la terre mahoraise, cela n'est ni acceptable ni négociable. Vous voyez, ce n'est ni du populisme ni de la diversion mais plutôt l'expression d'une revendication noble pour l'intégrité territoriale que matérialise le sol mahorais en tant que partie intégrante de notre patrie.
Par Abdoulatuf Bacar