Mayotte traverse une série de séismes. Quelque 700 secousses, dont une vingtaine au-delà d’une magnitude de 4, ont été enregistrées depuis ...
Mayotte traverse une série de séismes. Quelque 700 secousses, dont une vingtaine au-delà d’une magnitude de 4, ont été enregistrées depuis le 10 mai. Entre prévention et rumeurs, chacun se prépare au pire.
Des verres qui se brisent, des toits en tôle qui craquent, des fissures qui lézardent les murs, des nuits agitées par le bruit sourd de la terre qui tremble… Depuis plus d’une semaine, les Mahorais vivent entre stupeur et tremblements.
Chaque jour, l’épisode dit « d’essaim de séismes » occupe les conversations, préoccupe les autorités et alimente les rumeurs. La plus forte secousse, d’une magnitude de 5,8, a été enregistrée le 15 mai.
« Cette activité sismique est continue et quotidienne depuis le 10 mai, explique Frédéric Tronel, directeur du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de Mayotte. L’épicentre est situé en mer entre 45 et 60 km au large. Cela ne se rapproche pas. Et, bien qu’en mer, ces séismes sont trop faibles pour produire un tsunami. »
L’ile, située dans une zone à l’activité sismique modérée, dont l’origine serait tectonique et volcanique, est peu habitué à ces épisodes. Le dernier remonte à 1993 avec une magnitude de 5,2. « La rareté du phénomène est donc vécue de manière anxiogène, souligne l’ingénieur. Et comme une partie de l’urbanisme est précaire, le bruit est d’autant plus amplifié. »
Dieu gronde
Raphaëlle Vimbert, professeure de lettres installée à Petite-Terre, avoue que « ce boucan est très inquiétant. Il nous réveille la nuit, notre fils aussi. Comme si les entrailles de la terre s’ouvraient… » À son lycée, les élèves ne parlent que de ça. D’ailleurs, partout sont affichées les mesures de prévention… au cas où.
Dans la ville et sur les réseaux sociaux, on en cause aussi beaucoup et interprète énormément. En ce mois de ramadan, dans un département à 95 % musulman, certains avancent que Dieu et les mauvais esprits grondent car mécontents d’un peu de tout : la crise sociale de mars qui a paralysé l’archipel, la crise migratoire en cours…
Face aux rumeurs et crises de panique, les services de l’État ont ouvert une cellule d’information à la préfecture. « Nous communiquons sur les bons réflexes à avoir et mettons des faits en face de certaines croyances, précise Étienne Guillet, directeur de cabinet. Nos informations sont quotidiennes et nous avons mis les services de santé et de secours en préalerte, en métropole et à La Réunion, afin de réagir au plus vite. » Au BRGM, le discours est clair : « Ue secousse de magnitude supérieure ne peut être exclue. » Par Valérie PARLAN. ©Ouest France